Pianiste de jazz, écrivain, pédagogue, sa chaîne YouTube fait le buzz ! Et il y a de quoi : Qualité du contenu et clarté du discours sont au rendez-vous !
Son site « Piano jazz concept » et sa chaîne YouTube sont des mines de renseignements !
Tout ce que vous voulez savoir sur le jazz …
Le jazz en France, son histoire, ses acteurs…
Pianiste de jazz, écrivain, pédagogue, sa chaîne YouTube fait le buzz ! Et il y a de quoi : Qualité du contenu et clarté du discours sont au rendez-vous !
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DJ : Je vais me permettre de parler pour François (avant de lui céder la parole), ayant travaillé de nombreuses années à ses côtés…
On parle souvent (trop souvent ?) des musiciens à la mode, de ceux qui font « avancer la musique » en s’aventurant dans les méandres de la création, mais beaucoup plus rarement de ceux qui développent leur personnalité et leur jeu dans un style donné, en suivant la ligne tracée par leurs pairs ou par les grands musiciens qui les ont influencés, et dieu sait qu’il y en a. François est de ceux-là. Pour autant son style, son jeu de batterie sont reconnaissables à la première mesure. Il est indéniablement le plus grand de tous les batteurs Français de big band « classique ». Imaginez que ce Monsieur a tout de même été engagé dans les années 90 sur plusieurs tournées Européennes, pour accompagner le Count Basie Orchestra, ce qui le place de facto, au même rang que certaines de ses idoles, comme Sonny Payne, Butch Miles, ou Louie Bellson…
Jazz à Vienne 1997 (Featuring Benny Carter)
J’ai rencontré François au tout début des années 80, je jouais alors principalement du piano et débutais tout juste la batterie. J’ai énormément appris à son contact, tout (ou presque tout) ce que je sais faire à la batterie, je le lui dois. Merci François !
Ne manquez pas son disque Live au Méridien qui vient de sortir !
DJ : Bonjour François, peux-tu te présenter ?
FL : François Jacques Gustave Laudet, né le 11 novembre 1958 à Nanterre (92) Batteur de jazz.
Père ingénieur et pianiste de jazz. Mère institutrice et mélomane.
Un frère cadet Philippe Laudet, trompettiste, arrangeur, compositeur et créateur d’Ornicar Big Band.
DJ : Quelles sont tes principales influences ?
FL : Grâce à mon père, pianiste de jazz amateur, j’ai découvert Count Basie, Duke Ellington, Louis Armstrong, Lionel Hampton, Benny Goodman et Fats Waller.
J’ai été influencé par les batteurs Sonny Payne, Sam Woodyard, Jo Jones, Sidney Catlett, Gene Krupa, Buddy Rich et Louie Bellson.
Mes autres centres d’intérêt : aviation, exploration spatiale, science-fiction, histoire, géopolitique, sociologie, cinéma, littérature, bande dessinée, rugby…
DJ : Quels sont : ton pire et ton meilleur souvenir de musicien ?
FL : Tous mes souvenirs sont bons et si c’était à refaire, je referais exactement la même chose. Mon pire souvenir ? Jouer avec une rage de dent.
DJ : Un mot ou une phrase pour définir le jazz ?
FL : Je ne sais pas définir le jazz, mais je peux citer Duke Ellington : « Le jazz, c’est la liberté », ou Roger Guérin : « Le jazz, c’est n’importe quoi, mais pas n’importe comment ».
DJ : Si tu étais un standard ?
FL : Si j’étais un standard, ce serait « On the Alamo », en hommage à John Wayne. J’adore les westerns.
DJ : Quels sont tes projets ?
FL : Mes projets ? Musicalement, je viens de sortir mon dernier album en big band. C’est la fin d’un cycle dont je suis très fier et la boucle est bouclée.
Sinon, ma femme et moi quitterons bientôt la région parisienne pour nous installer à la campagne et (peut-être) ouvrir un refuge pour animaux…
François Laudet a enregistré plus de cinquante albums de jazz, dont six avec son propre big band, le François Laudet Big Band (FLBB). François Laudet a également été animateur du « Jazzlive », chaque soir, sur la radio parisienne TSF 89.9, de 2002 à 2006.
Contactez François Laudet via Facebook pour vous procurer son dernier CD.
« Le démon de mon cœur s’appelle à quoi bon » disait Bernanos. En cette fin des années quarante, le même mal insidieux ronge le guitariste. A quoi bon la musique ! A quoi bon accepter la proposition de Benny Goodman qui l’invite à le suivre en Amérique dans sa formation ! A quoi bon s’engager dans la lutte intestine qui oppose le Anciens et les Modernes, la querelle des « figues moisies » et des « raisins aigres » ! « To bop or not to bop », telle n’est pas la question. Django est déjà ailleurs, c’est-à-dire nulle part, dans son monde intérieur aux contours aussi flous et précis que les… nuages. Même s’il demeure pour beaucoup toujours une légende, il n’est plus à la mode, plus un éclaireur, plus la « vedette » des nuits parisiennes qu’il était pendant l’Occupation. Le ténébreux Manouche le sait et il s’en fout.
« Ne me parlez plus de musique » dit-il à tous ceux qui l’encouragent à jouer. Obstiné, taiseux et désenchanté, Django préfère la solitude de la pêche à la mouche et le refuge dans la peinture. Il en avait découvert les joies et les couleurs en 1946 dans des chambres d’hôtel new-yorkaises pour tromper son ennui et adoucir son amertume pendant son séjour américain dont le « ratage » avait blessé au plus vif son orgueil. Pourquoi la peinture ? « J’avais beaucoup d’amis qui peignaient, dira-t-il en 1952 au micro de Dolly Steiner. Cela m’a donné envie de les voir peigner (sic) et j’ai peigné (sic) » C’est aussi simple !
En 1949, Django décide de vendre son appartement de la Place Pigalle et s’achète dans la foulée une Lincoln et une caravane pour reprendre la route et retrouver sa liberté. Il n’ira pas loin. La belle Américaine tombe en panne aux environs du Bourget dans une zone où stationnent d’autres Manouches. Il y établit son campement et s’installe dans un hangar voisin. D’atroces douleurs dentaires le mettent au supplice et le rendent de plus en plus ombrageux et taciturne. Mais il se refuse à se faire soigner par peur des dentistes, « ce gens insensibles qui font si mal ». A force de patience, son vieux copain André Ekyan arrivera finalement à le persuader à consulter et à se faire poser un appareil dentaire. Tous les visiteurs du bougon du Bourget sont consternés de le voir alors « disparaître avec tous ses trésors dans la pénombre de la vie manouche » (Patrick Williams) et de constater qu’il a raccroché sa guitare au fond de sa roulotte. « Elle était couverte de poussière, se souvient le clarinettiste Gérard Lévêque, les cordes étaient à moitié moisies et rouillées. »
Rien ne semble en 1950 pouvoir sortir Django Reinhardt de son aquoibonisme existentiel et de son fatalisme tzigane. Au retour d’une tournée à Rome, il dissout la toute dernière mouture du Quintette du Hot Club de France. Quand on vient dans sa roulotte lui proposer un concert au cachet très élevé, Django soulève son matelas et montre un lit de billets. « De l’argent, en voilà, réplique-t-il avec colère. Je n’en ai pas besoin, ça ne m’intéresse pas. » Autre exemple de sa mauvaise humeur : le promoteur anglais Peter Morris propose un jour à Stéphane Grappelli de retrouver Django pour faire ensemble une tournée aux Etats-Unis. Stéphane quitte immédiatement Londres pour Paris et se lance à la recherche du guitariste. « Impossible de le retrouver. Finalement, je le rencontre près du Bourget. Il était plutôt silencieux, me répondant à peine. Il paraissait aigri, méfiant. Quelque chose semblait cassé chez lui, comme une blessure dont on ne guérit pas. Je lui propose la tournée. Il refuse tout net et m’envoie promener d’un air à la fois furieux et stupéfait. « Cela ne me dit rien » sera sa seule réponse. C’est la dernière image que j’ai de Django Reinhardt. »
Et pourtant, au tout début de1951, le miracle arrive : Django retrouve l’envie et le bonheur de jouer. Comment expliquer une telle embellie finale ? Un chant du cygne à quarante ans semble très improbable. Serait-ce plutôt une mystérieuse prémonition de sa mort prochaine qui lui font pousser de nouvelles ailes du désir ? Qu’est-ce qui pousse donc le farouche Manouche à briser son isolement et à se mettre en danger en s’inventant un autre avenir. Première réponse : d’abord il y a la découverte décisive de la guitare électrique. On le sait, Django jouait sur une guitare Selmer Maccaferi très difficile à maîtriser. Les cordes de sa guitare n’étaient pas dures, mais très hautes. « Ce n’étaient pas des doigts qu’il fallait pour appuyer, mais des pinces d’acier », dira en connaisseur Sacha Distel. Grâce au nouveau micro Stimer, Django découvre tout à coup de nouveaux horizons.
Même si au début Django abuse de la saturation de l’amplificateur qu’il aime faire cracher au point de couvrir sans vergogne tous les autres instruments, très vite il comprend les possibilités que lui offre l’électrification. Surtout au niveau de l’attaque et de la résonnance. Du coup, ses phrases deviennent plus libres, déroutantes, tourbillonnantes. Lors de la séance du 10 mars 1953, il transforme même sa guitare en « solid body » (c’est-à-dire sans caisse, comme une Les Paul), en pratiquant à l’arrière d’une ses plus belles guitares une ouverture circulaire qu’il va plaquer sur sa cage thoracique. Résultat : « une sonorité demeurée sans égale par sa profondeur, sa rondeur, sa richesse et son raffinement. » (Alain Gerber).
Problème : « Django est trop en avance avec un matériel trop daté. » (Romane). Il n’empêche, ce qui change pour Django avec la guitare électrique, c’est la tenue et la durée de la note qu’elle autorise. Du coup, Django peut dépouiller son phrasé pour tendre vers l’essentiel. Plus contraint à l’obligation de « remplissage », il est libre de jouer avec le silence et d’inventer une nouvelle abstraction sonore. Le « style Django » d’avant-guerre, avec tout son cortège d’arpèges et de tremolos syncopés, s’efface tout à coup pour privilégier la pureté des lignes sinueuses. Évidence : Django apparaît aujourd’hui comme le précurseur de toute la guitare de jazz dans les années suivantes, jusqu’à …Jimi Hendrix.
L’autre raison de cette soudaine renaissance est que le fier Manouche a enfin trouvé en ce début des années cinquante des accompagnateurs enfin capables de le comprendre, d’aiguillonner son inspiration et de l’aider à libérer son jeu pour mieux apprivoiser le feu neuf du bop. Ces jeunes loups, tous âgés d’une vingtaine d’années, Charles Delaunay les a baptisés les « Be-Bop Minstrels ». A savoir, Hubert Fol (saxophone), Bernard Hulin ou Roger Guérin (trompette), Raymond Fol ou Maurice Vander (piano), Pierre Michelot (contrebasse), Pierre Lemarchand ou Jean-Louis Viale (batterie). Avec eux Django est heureux parce que stimulé. Avec ces jeunes turcs insolents, il peut remettre les pendules à l’heure et réaffirmer la modernité flamboyante de son génie. Au début, « Ils m’ont fait souffrir ces petits gars qui croient que c’est arrivé et que nous ne sommes plus bons à rien, qu’on est finis, confia-t-il à son ami Pierre Fouad. Eh bien un jour, je me suis fâché. J’ai commencé à jouer si vite qu’ils n’ont pas pu me suivre ! Je leur ai servi des morceaux nouveaux sur des harmonies difficiles et là non plus ils n’ont pas pu me suivre ! Maintenant, ils me respectent »
Le 20 février 51, avec sa jeune garde bop, Django fête en fanfare son retour sur le devant de l’actualité lors de la soirée de réouverture après travaux du Club Saint-Germain où il accueillera les jours suivants, pour sa plus grande joie des musiciens de passage comme James Moody, Don Byas ou Bobby Jaspar. Du coup, Django abandonne le campement du Bourget, s’installe avec sa famille rue Saint-Benoît à l’hôtel Crystal, tout en face du club. Il est devenu ponctuel, jovial, transfiguré par le plaisir de jouer. Bientôt Il loue une maisonnette au bord de l’eau, à Samois-sur-Seine, près de Fontainebleau, où il peut dès qu’il le veut se livrer aux plaisirs de la pêche et du billard.
Le 10 mai, après 38 mois de silence et d’abstinence phonographiques, Django franchit enfin les portes du studio Decca pour enregistrer avec ses jeunes amis quatre plages dont un « Double Whisky » très tonique. Il récidivera le 30 janvier 52 avec Roger Guérin avec un « Flèche d’or » fouetté au bebop le plus vif. Un an plus tard, jour pour jour, il participera à nouvelle séance Decca et signera avec Maurice Vander au piano un chef-d’œuvre intemporel : « Anouma », sensuelle ballade énigmatique dédiée à une déesse hindoue. Dans son solo, tout n’est que sérénité, majesté et beauté. Le 1er mars 53 profitant de sa présence la veille à Bruxelles pour animer un bal, Django, flanqué de Hubert Fol, s’invite impromptu sur la scène du Théâtre Royal des Galeries pour enfin dialoguer en direct avec Dizzy Gillespie et son quintette.
Miracle ! Norman Granz arrive à convaincre le méfiant Django d’accepter de participer à une tournée mondiale JATP (Etats-Unis, Japon, bonne partie de l’Europe) qui devait lui offrir enfin la consécration internationale. En guise de carte de visite, l’impresario de Bird, Ella et les autres, demande à Eddie Barclay d’enregistrer le 10 mars pour son label Clef un microsillon 25cm composé de quatre titres. Au programme, bien sûr « Nuages », sans aucun doute sa plus bouleversante version. Pierre Michelot se souvient : « C’est une récapitulation de tout ce qu’il avait fait et de tout ce qu’il commençait à faire. Il y délivre un solo qui m’a toujours produit une émotion inexplicable. Comme s’il savait qu’il allait mourir. »
Le 8 avril, au studio Decca, c’est la dernière séance. Mystérieusement, celle de la décantation et de la gravité. A ses côtés, le vibraphoniste belge Sadi Lallemand et un jeune pianiste pied-noir qui participe à son tout premier disque. Il s’appelle Martial Solal. Comment ne pas voir là une passation de pouvoir symbolique entre celui qui va partir et celui qui arrive ? Lors cet enregistrement ultime, comme l’a écrit dans Jazzman Franck Bergerot, « Django y a dépassé les aspects les plus dogmatiques du bebop. Par sa façon de dérouler les harmonies, par son sens de l’espace et de la distribution rythmique, par son utilisation des motifs au profit du développement dramatique. » A preuve, en guise de testament, une composition originale « Deccaphonie ». Selon la forte formule de François Billard et Alain Antonietto, « c’est un tombeau ouvert sur l ‘avenir. L’extrême nudité des motifs, le dépouillement presque total confinent à l’épure, sans que soit entravé l’élan de la phrase. » Et Alain Gerber d’ajouter : « On jurerait que la force du destin pèse sur le climat qui s’en dégage ».
Le 15 mai, en revenant d’une partie de pêche, victime d’une congestion cérébrale, Django s’écroule dans la petite auberge de Samois. Il avait à peine 43 ans.
Pascal Anquetil
Le blog est heureux et fier de pouvoir publier les merveilleux textes d’une des plus belles plumes du jazz : Pascal Anquetil
Ces 8 premiers textes sont extraits de la publication » Portraits légendaires du jazz » (éditions Tana).
Django Reinhardt : 23 janvier 1910 à Liberchies (Belgique) – 16 mai 1953 à Samois/Seine
À une femme naïve qui s’étonnait qu’il ne sache pas lire la musique, Django répondit pince-sans-rire : « Pourquoi ? Cela s’entend ? » Et d’ajouter avec superbe : « Je ne connais peut-être pas la musique, mais la musique, elle, me connaît. ». Toute sa vie, toute sa musique le prouve avec éclat.Au commencement, il y a Django. Dans la langue des Manouches, ce prénom rare signifie : « je réveille ». Explorateur d’un monde nouveau et inventeur d’un langage devenu l’expression identitaire de toute une communauté, Django Reinhardt, c’est d’abord cet « accident génial » (selon les mots de Franck Ténot) dû à la collision improbable de deux trajectoires : une histoire et un destin, une musique jeune venue d’outre-Atlantique et un artiste neuf issu d’un peuple nomade. De cette rencontre naîtra au début des années 30 ce que l’on a d’abord appelé « l’école tsigane du jazz » avant de devenir aujourd’hui le jazz manouche.
Manouche par le sang et Français par le cœur, fantasque, extravagant et imprévisible, célèbre par ses foucades, absences et retards, joueur et grand seigneur, Django fut d’emblée ce génie lumineux, le premier « guitar hero » de tous les temps et sur tous les temps. Un géant dans le siècle. Génial, parce qu’inexplicable. Magique par sa manière unique de marier avec désinvolture les contraires : le charme et la violence, la volubilité et l’économie, la rigueur rythmique et la fantaisie mélodique. Il y a un « son Django », immédiatement reconnaissable, que Cocteau appela « cette guitare à voix humaine ».Une voix si forte, si présente qu’elle reste toujours un mystère.
La musique de Django fut tout de suite nouvelle et sera jusqu’à sa mort toujours renouvelée. Fruit d’une patiente évolution, d’une perpétuelle remise en question du guitariste par lui-même, elle semble naître du plus souverain dédain pour tout ce qui a pu la précéder. Elle invente dans l’instant sa propre légitimité en refusant tous les pièges de la réminiscence. Toujours se surprendre, jamais se répéter, telle fut sa règle d’airain.
L’ironie de l’histoire a voulu que ce grand libérateur soit trop souvent célébré par des partisans de la servilité. Dans la famille des « héritiers », on trouve tous les cas de figure : les épigones plagiaires, les revivalistes intégristes, les « copycats » (comme disait Lester Young ) chez qui le culte de la répétition va toujours de pair avec la répétition du culte. Heureusement, aujourd’hui le risque de « folklorisation ethnique » du jazz gitan semble enfin évité par tous ces guitaristes (principalement Biréli Lagrene) qui préfèrent la référence à la révérence, l’évolution à la dévotion. Tous ces « disciples » indisciplinés sont pour beaucoup dans le retour de flamme du jazz manouche. Comme l’a écrit Cioran : « Peuple authentiquement élu, les Tsiganes ne portent la responsabilité d’aucun événement ni d’aucune institution ; ils ont triomphé de la terre par leur seul souci de n’y rien fonder. » À l’exception de cette « invention » imprévisible, le seul apport vraiment original que la vielle Europe ait offert au jazz : la musique de Django.
Nicolas Folmer est un trompettiste, compositeur, arrangeur et pédagogue de premier plan. Il irradie de ses multiples talents la scène jazz de l’hexagone, et plus particulièrement du Sud-Est où il réside. Docteur Jazz l’invite à animer un stage de rythmique jazz en octobre 2023, et lui a posé quelques questions sur son parcours…
DJ : Bonjour Nicolas, peux-tu nous parler un peu de ton parcours.
NF : J’ai grandi dans une petite ville de Savoie où j’ai commencé la musique à 7 ans.
Mon premier professeur à l’école de musique m’a donné confiance, envie de jouer et pendant l’été, c’est le facteur du village de ma mère (Guillaumes 06) qui m’a appris à jouer à l’oreille et transmis la passion de la musique, du partage. Nous jouions dans les « festins » d’été dans le sud et les fêtes patronales.
La bienveillance de ces personnes et les valeurs qu’elles m’ont transmises ont beaucoup compté dans ma construction.
Vers l’âge de 10 ans, je suis entré dans un big band junior dirigé par un musicien très charismatique et multi-instrumentiste (Thierry Cazenave). Nous avons travaillé avec François Jeanneau alors directeur de l’ONJ pendant une semaine. Je pourrais élaborer un « story telling » séducteur en vous disant que ça avait été une révélation. Honnêtement, mon oreille de l’époque n’a pas compris grand-chose à la musique de François et son ONJ, mais une graine était semée…
Je me souviens encore aujourd’hui de la musique que nous avions travaillée : Jazzopithèque, Cilaos, Boucan Canot…
Par la suite, ma véritable « star » de la trompette a été Pierre Drevet, arrangeur également et habitant proche de chez mes parents, j’en suis devenu très rapidement fan. J’ai réussi après un parcours du combattant à m’inscrire à son cours pendant 2 ans. J’y buvais littéralement ses moindres paroles.
J’ai également travaillé avec Michel Rigot et Michel Ricquier qui enseignaient la trompette classique au conservatoire de Chambéry.
En 1993, j’ai fini ma scolarité au conservatoire de Chambéry et je suis rentré au conservatoire de Paris sur conseil de François Jeanneau qui y avait monté le département l’année d’avant.
A 17 ans, passer de ma petite ville de province, chez mes parents, à la capitale et son mythique conservatoire fut un choc mémorable.
J’ai commencé alors à faire « le métier ». Au début surtout dans des groupes de salsa. Dans les années 1995-2000, cette mode battait son plein. J’avais étudié un peu cette musique à Chambéry, je lisais bien la musique, ce qui a déclenché mes premières opportunités en tant que remplaçant au pied levé.
Puis, j’ai commencé à jouer dans presque tous les big bands, d’abord comme remplaçant puis pour certains, comme titulaire.
J’ai notamment joué dans le big band de Serge Adam « quoi de neuf docteur ».
Nous avons enregistré un disque de sa musique « 51 below », très original, complexe mais accessible, et de haut niveau. J’avais un solo sur une démarcation de « Eyes of the Hurricane » d’Herbie Handcock , rebaptisé « Jungle hurricane » par Serge, un tempo très rapide.
J’ai ainsi pu me faire connaître et être recruté par Didier Levallet sur conseil de François Jeanneau pour son Orchestre National de Jazz, j’y ai joué de 1997 à 2000.
Didier Levallet est un homme très bienveillant, avec beaucoup de sagesse et qui laissait ses musiciens s’exprimer librement musicalement. J’étais encore un ado lorsqu’il m’a recruté. Son regard m’a porté et donné confiance en moi et sa vision a ouvert mon esprit également. Je vous avoue l’avoir réalisé quelques années après.
J’ai ensuite créé en 1998 « Le Paris Jazz Big Band » avec Pierre Bertrand, un camarade du conservatoire, que les arrangeurs connaissent bien. C’est un passionné comme moi par ce format.
L’orchestre a duré 13 ans, c’était un laboratoire incroyable. Nous y jouions notre musique sans concession. Le casting conférait également à l’orchestre une personnalité unique par la forte personnalité des solistes qui le composaient. Je dirai qu’il y avait un côté « village d’Astérix et Obélix » avec pour potion magique le plaisir de se retrouver.
J’ai commencé également à travailler avec « Kosinus » comme illustrateur sonore, je continue à ce jour. C’est une excellente école de l’écriture, et son éditeur Eric Mallet m’a énormément apporté et aidé à construire différentes façons d’écrire, de répondre à un cahier des charges établi, à fixer une cible bien précise quant à la direction artistique.
J’ai commencé à enregistrer également mes projets en 2004, en parallèle du big band et de mes activités de sideman (notamment le groupe de Dee Dee Bridgewater, Lucky Peterson, Richard Galliano, Kyle Eastwood…). J’ai enregistré 11 albums comme soliste à ce jour.
La même année, j’ai été recruté également pour monter le cursus de la classe de jazz de l’actuel CRR de Toulon qui n’était alors pas labélisé comme tel et se structurait pour le devenir. Transmettre est induit une nécessité d’évolution personnelle et de remise en question perpétuelle. J’adore le sud de la France et particulièrement le Var et le haut pays niçois.
En 2010, j’ai créé un premier festival avec la SPEDIDAM. Ce festival est devenu « pilote « du réseau SPEDIDAM. J’ai créé 4 festivals en tout dans ce cadre. Contribuer à la diffusion de cette musique et à la mise en relation des artistes et de leur public dans de bonnes conditions me tient à cœur, c’est un véritable acte militant pour soutenir notre profession et contribuer à la diversité et la richesse culturelle de notre pays.
En 2022, j’ai rencontré François Veillon et un lieu magnifique à Toulon ou j’habite : « Le télégraphe ». Il m’a proposé d’y créer un lieu qu’il a baptisé « le Folmer Club »
Initialement, « Folmer Show », mais connaissant l’esprit taquin du métier, j’ai préféré son option « Folmer club ». L’idée est de proposer une programmation de créations, de rencontre d’un haut niveau artistique, d’y créer un « orchestre maison ». Depuis octobre, le démarrage s’est fait en trombe, affichant complet tous les concerts. Cette nouvelle aventure me passionne.
DJ : Quelle sont tes principales influences ?
NF : J’ai commencé à écouter du jazz par le jazz rock, les frères Brecker. Je garde un lien affectif très fort avec leurs albums, puis le big band lumière de Laurent Cugny dont j’ai fait partie un temps, puis Wynton Marsalis.
Voici l’explication : lors de mes jeunes années, il n’y avait pas d’internet, les CD étaient chers et étaient la seule possiblité d’accès. Dans ma petite ville, on trouvait plutôt les albums de Michel Sardou que ceux de Coltrane ou de Miles.
J’ai eu la chance d’avoir comme ami le saxophoniste Hervé Francony qui me copiait des cassettes. Nous avons 8 ans d’écart et J’étais encore collégien lorsque lui avait déjà les moyens de s’acheter des disques.
Thierry Cazenave (chef du big band junior) me faisait découvrir « les singers unlimitted », « Manhattan transfer » ou Supertramp.
Je connais dans les moindres détails la vingtaine d’albums auxquels j’ai eu accès avant de monter à Paris.
De ce socle, je dirais avoir eu comme influence principale (comme trompettiste) : Pierre Drevet puis Wynton Marsalis, puis seulement après Miles Davis, Freddie Hubard et les autres. Je ne me suis jamais limité à imiter seulement des trompettistes, j’ai relevé aussi Michael Brecker, Kenny Garret, Kenny Kirkland, Cannonball Adderley, John Coltrane, Stefano D. J’allais dire, en principe « comme tout le monde » …
J’ai donc eu une période très classique et très jazz rock /funk/électro (j’ai joué dans un des premiers groupes électro Français « NOJAZZ », ou Paco Sery groupe).
Puis j’ai rencontré Daniel Humair (2009), Michel Portal et Dave Liebman, et avec Emil Spanyi et Laurent Vernerey nous avons formé un ensemble que j’ai adoré, ouvert, mais avec de l’écriture, à la fois le côté libre et « free », mais avec tout le background de l’histoire du jazz.
Niveau écriture, j’ai toujours adoré le format big band. Le lien affectif est évident, jeune adolescent j’attendais comme le Messie la répétition du samedi, je n’en ai raté aucune en 7 ans. Au-delà de la musique c’est aussi l’aventure humaine qui m’a toujours également plu.
J’adore aussi les orchestres à cordes, les orchestres symphoniques en particulier et la musique française du vingtième.
DJ : Comment es-tu venu à l’écriture et à l’arrangement ?
NF : Dans le big band junior dont je vous parlais, j’ai eu assez vite envie de composer. De façon très instinctive au départ, et honnêtement pas très réussie. J’écrivais mon arrangement la première semaine, je recopiais les partitions la seconde, le tout entre deux cours au collège. A la répétition, le chef, Thierry Cazenave m’accordait gentiment 20 minutes pour essayer ce que j’apportais, et je voyais qu’il respectait mon travail et il prenait toujours le temps nécessaire pour lire mes conducteurs et me faire des commentaires toujours très constructifs. Il était très doué, chanteur, chef d’orchestre, arrangeur, pianiste, batteur.
Il n’était pas obligé du tout je le précise !
Les copains pour certains jouaient le jeu, mais certains tiraient franchement la gueule. C’était donc assez stressant mais cette urgence et cette hostilité partielle m’ont forcé à tirer toute la sève de la moindre expérience que je proposais.
J’ai ensuite étudié avec Pierre Drevet l’arrangement pendant un an et je suis entré au CNSM et j’ai étudié avec François Théberge.
DJ : Quel est l’arrangement le projet d’écriture dont tu es le plus fier ?
NF : J’hésite entre la « Buleria » que j’ai écrite en 2001 pour le disque du Paris Jazz big band « Mediterranéo » et « Huyana » que j’ai écrite en 2012 pour le disque du Paris Jazz big band « Source(s)».
La Buleria est écrite avec toutes les »clés » traditionnelles du flamenco avec Louis Winsberg en soliste à la guitare.
« Huyana » est basé sur une clave en 15 temps traditionnelle de Bolivie que m’a montrée Minino Garay. Il y joue des « bata cajon ». J’ai écrit le thème dans l’esprit d’une mélodie traditionnelle avec développement.
DJ : Quel est l’arrangement qui n’est pas de toi mais dont tu aurais aimé être l’auteur ?
NF : « La valse des lilas » de Michel Legrand arrangée par Gil Evans dans le disque « Quiet Nights ». Lorsque j’ai rencontré Michel ça a d’ailleurs été notre premier sujet de conversation.
Une véritable magie s’opère dans cette version, beaucoup de points de montage si on y prête attention.
DJ : Comment en es-tu venu à la pédagogie et quels sont tes concepts en la matière ?
NF : Effectivement, je suis entré en 1993 au CNSM dans la classe de François Janneau. François Théberge a été recruté peu après et j’ai surtout travaillé avec lui. Ses cours sont très structurés avec des objectifs précis et clairs.
Il était exigeant et très attachant à la fois, je garde un excellent souvenir de ces années.
J’ai organisé le cursus d’écriture à Toulon sous la forme de 3 niveaux d’harmonie avec le trompettiste José Caparros au conservatoire de Toulon lorsque j’ai recruté pour créer le département jazz en 2004.
Une fois l’UE-UV d’harmonie obtenu, les élèves ont accès au cours d’arrangement qui se déroule sur 2 années.
L’examen d’harmonie valide l’autonomie des élèves dans leur pratique du jazz, ils savent « se débrouiller », analyser une grille de façon fonctionnelle, déterminer les modes associés aux accords (issus des gamme majeures et mineures et modes à transposition limitée), réaliser à 4 voix + la basse une grille d’accords avec conduite des voix, écrire une mélodie sur une suite d’accords donnée, harmoniser une mélodie donnée. Le tout avec une exécution « fluide » et assez rapide qui garantit leur autonomie, leur mise en application effective et la possibilité de suivre un cours d’arrangement pour ceux qui le souhaitent.
Je ne sépare pas l’harmonie tonale et modale sous forme de cycle annuel compte tenu de l’objectif final et des profils des élèves.
L’arrangement en première année se concentre sur l’études de différentes formes classiques existantes, et à la rédaction d’un sketche de leur arrangement.
Nous abordons également l’organologie des instruments que nous allons utiliser dans nos travaux. (Saxophones, trompettes, trombone, piano, contrebasse, basse, batterie).
J’utilise la méthode de Bill Dobbins « jazz arranging and composing linear approach » pour étudier l’harmonisation de mélodie à 2, 3 et 4 voix.
Je commence souvent par 4 voix, en prolongation de ce qu’ils ont abordé en harmonie.
Je demande aux élèves d’écrire un maximum pour les ateliers, ce qui dépend de la motivation en fonction des années. Je constate une baisse de passion depuis 2010, même s’il reste toujours une poignée d’élèves très investis qui attrapent le « virus ».
Certains ne réalisent pas la chance qu’ils ont d’être joués.
Je leur demande un projet à rendre par trimestre que nous enregistrons de sorte qu’il y ait une application concrète des éléments abordés.
La deuxième année est consacrée à l’harmonisation à 5 voix et à l’étude du big band.
Là aussi, je leur demande l’écriture d’un projet par trimestre pour big band, les années où il n’y a pas eu de big band complet, je leur demandais l’écriture de projet pour la plus grande formation existante. C’est parfois moins évident à faire sonner et mon travail consiste à les assister lors de la réalisation de ces projets.
Ma pédagogie se résume à la transmission d’informations mise en application dans la réalisation immédiate de projets artistiques dans lesquels j’assiste mes élèves.
DJ : Quels sont tes projets ?
NF : J’ai enregistré plusieurs compositions pour big band à vocation pédagogique avec 2 rythmiques différentes : batterie, Stéphane Huchard, André Ceccarelli, basse : Philippe, contrebasse : Jérémy Bruyère, piano: Emil Spany, Laurent Coulondre.
Nous enregistrons les parties de soufflants avec Lucas Saint Cricq (alto/baryton), Stéphane Guillaumes (sax ténor) et Robinson Khoury (trombone, trombone basse).
Je souhaite sortir une collection d’œuvres classées par niveau. Il y a peu de matériel de musique actuelle classé par niveau, pour grand ensemble. Je travaille sur une application qui permet de travailler ces œuvres de façon ludique et pédagogique.
Par ailleurs, je prépare un projet avec l’orchestre de l’opéra de Toulon et une section rythmique mais c’est pour un peu plus tard. J’ai aussi été sollicité pour m’occuper d’un club à Toulon dans lequel il y a un concert tous les samedis. C’est aussi intense que passionnant.
DJ : Merci Nicolas ! Bonne chance pour tous ces projets, et nous avons hâte de t’accueillir en octobre pour ce stage/atelier de 2 jours à Angers !
Alexis Lambert, accordéoniste de grand talent et jazzman, sort son premier album en compagnie de la clarinettiste Aurélie Tropez. Docteur Jazz a voulu en savoir un peu plus !… (L’interview a été enregistrée avant le Covid, car le disque aurait dû sortir il y a deux ans…)
Le lien pour vous procurer l’album !
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 10:44 — 12.3MB)
Ellinoa, chanteuse compositrice et arrangeuse, révélée notamment par sa participation à l’ONJ, sort le deuxième album de son orchestre « Wanderlust ». Elle répond aux questions de Docteur Jazz.
DJ : Bonjour Camille, peux-tu te présenter ?
E : Ah ! ça commence bien, mon identité secrète est dévoilée ! Je préfère utiliser mon nom d’artiste Ellinoa. Quoi qu’il en soit, j’ai 34 ans, je suis chanteuse et compositrice. A vrai dire je ne me définis même pas vraiment comme arrangeuse car ce n’est pas une activité que j’exerce beaucoup pour les autres, seulement occasionnellement. Mais je suppose que composer pour des grandes formations fait de moi automatiquement une arrangeuse, quelque part !
DJ : Tu as une maman musicienne, mais comment as-tu décidé de faire ce métier, et quel est ton parcours ?
Read moreLe saxophoniste Cyril Dumeaux, leader de « Saxtape », ensemble de saxophones de la région Bordelaise, nous parle de la sortie de son premier album, et de son parcours…
DJ : Bonjour Cyril, peux-tu te présenter :
CD : Bonjour Stan, j’ai 44 ans, je suis originaire du Lot et Garonne, je suis saxophoniste à la musique de l’Air de Paris, professeur de sax a l’EMMD de Talence à côté de Bordeaux.
Je collabore en tant que musicien avec plusieurs formations comme Electro Deluxe Big band, Big One, Nico Wayne Toussaint, Monk …
DJ : Quelles sont tes principales influences et ton parcours ? :
CD : Mon parcours est assez traditionnel, j’ai débuté le saxophone à l’âge de 7 ans à l’école de musique de Tonneins (47) puis après un passage au Conservatoire de Bordeaux je suis rentré dans la classe de jazz de Jacky Berrecochea dans les Landes ( Dax et Mont de Marsan), après l’obtention de mon Dem de jazz, je suis rentré en 1998 à la musique de la 3ème région aérienne atlantique à Merignac puis en 2003 à la musique de l’Air de Paris pour intégrer l’orchestre de Jazz que tu as dirigé pendant 15 ans 😉
Mes influences sont assez éclectiques, mon premier « choc « musical à 13 où 14 ans a été Led Zeppelin et particulièrement Jimmy Page le guitariste pour ses solos légendaires. Puis est venu Jimmy Hendrix, Stevie ray Vaughan.
La terre s’est véritablement ouverte sous mes pieds lorsqu’à 17 ans, un ami m’a passé une K7 audio des Brecker’s Brothers et de l’album Heavy métal Be bop. Quoi ? Mais quoi ? On peut faire ça avec un saxophone ?
Read moreMAINE BIG ONE JAZZ ORCHESTRA
Chers amis du Grand Ouest et de sa proche banlieue !
Dans la suite logique des activités musicales qui depuis une quinzaine d’années déjà, occupent la majeure partie de mon temps, à savoir : la direction d’orchestre, l’écriture et la pédagogie, il est temps pour moi de tenter de mettre en œuvre le projet qui germe depuis que je suis installé dans la belle ville d’Angers.
L’idée générale est de créer une dynamique en constituant un workshop, « orchestre école régional » de jazz de haut niveau, à géométrie variable, mais qui prendra principalement la forme d’un Big Band traditionnel (selon les projets, il pourra être additionné d’une petite harmonie, ou prendre des formes plus légères, Octet, Tentet, Onztet… )
Le but, est de faire profiter les musiciens régionaux, élèves de 3ème cycle motivés, amateurs de bon niveau, et professionnels, de mon expérience dans le domaine du jazz en grand orchestre, pour constituer un workshop homogène permanent, qui devra atteindre in fine, un niveau que je souhaite professionnel de classe nationale/internationale. Il s’agit en quelque sorte, d’une déclinaison régionale sous forme de workshop, du collectif BIG ONE.
Pour cette fête Nationale, le blog publie une adaptation pour Onztet de jazz, de notre hymne National ! « Hymn Spirit »
Les illustrations sont de Solène Laferrière
Les partitions de cet arrangement de Stan Laferrière sont disponibles ICI
Incontournable vocaliste et pédagogue de la scène Française, Déborah Tanguy se livre à Docteur Jazz !
Elle anime régulièrement avec Stan Laferrière des stages pour aborder le scat à Angers. Venez profiter de son expérience !
DJ : Bonjour Déborah, peux-tu te présenter ?
DT : Bonjour Stan, je suis née en Normandie à Caen. J’ai commencé la musique par le violon à l’âge de 5 ans 1/2 (après une vague trop courte période de violoncelle, c’est dommage c’est beau le violoncelle) j’ai fait des études au conservatoire qui m’ont donné de solides bases musicales. Un peu plus tard, vers 12 ans, j’ai aussi commencé le saxophone sans aborder le jazz à cet instrument car on m’avait trouvé un cours de sax classique. Un peu de déception mais beaucoup de travail technique qui font qu’après presque 30 ans d’arrêt je reprends le sax avec plaisir, même si j’ai des progrès à faire pour les impros.
A l’âge de 17 ans, alors que je faisais des voyages « comédies musicales », humanitaires et coopération entre jeunes, un musicien m’entend jouer du sax puis chanter et me dit : « Deborah c’est du jazz que tu dois chanter » et je réponds « d’accord mais je dois prendre des cours » et l’histoire a commencé comme cela.
Read moreSaxophoniste, flûtiste et pédagogue, David Sauzay est une figure du jazz Français. Docteur Jazz a voulu en savoir un peu plus avant de l’inviter pour le stage de Rythmique organisé à Angers en octobre prochain.
DJ : Bonjour David, peux-tu te présenter ?
DS : Né en 1972, je débute le saxophone à l’âge de 8 ans dans la classe de Roger Michel-Frederic à Villefranche sur Saône. En 1988, lors d’un échange avec l’école de musique de Doncaster en Angleterre dirigé par John Ellis je décide de devenir musicien de jazz. J’étudie alors au conservatoire de Lyon, à l’EMN de Villeurbanne avec Gilbert Dojat et à l’AIMRA avec Jacques Helmus.
J’ai eu la chance de rencontrer et de travailler avec Mulgrew Miller, Tete Montoliu, John Abercrombie, Tim Ries, les big bands d’Albert Mangelsdorf et Carla Bley. En 1994, je suis membre actif du Collectif MU (créé la même année). Ce collectif de musiciens se rassemble pour jouer toutes les nuits dans une cave à Macon qui deviendra le Crescent Jazz Club composé de Francois Gallix, Eric Prost, Philippe Garcia, Gael Horellou, Laurent Sarrien, Laurent Courthaliac, Jean-louis Bonneton, Emmanuel Borghi, Fabien Marcoz et moi-même. Ce Collectif remporte le 1er prix du concours international de Jazz à Vienne en 1995 et le 1er prix du concours de la Défense en 1996. En parallèle , je joue dans l’ORJ de Grenoble dirigé par Gilles Lachenal et le Quintet de Simon Goubert avec Michel Grallier.
Read moreStreaming, réseaux sociaux, YouTube, concerts, CDs, radio : de quelle manière consommez-vous la musique ? Et comment vos enfants y ont-ils accès ?
La technologie des appareils, les modes de diffusion, la façon de consommer la musique (et l’art en général), ont considérablement évolué en 10 ans.
Docteur Jazz voulait faire le point, avec ce petit article, qui vous invite à réagir sur les avantages et inconvénients de ces évolutions, ainsi que leur impact sur la culture générale et la transmission aux jeunes générations dans ce domaine.
LE DISQUE
Ce n’est un secret pour personne ; l’industrie du disque est en crise depuis une dizaine d’années. Les modes de consommation de la musique ont totalement muté dans la dernière décennie. L’explosion du numérique, des réseaux sociaux, mais aussi la récente pandémie et les contraintes qu’elle a imposées, ont fortement modifié notre rapport à la culture.
La crise du disque a certainement des causes multiples, parmi lesquelles :
Oui, il est très pratique d’écouter de la musique sur des supports numériques. Voici quelques aspects positifs de ce mode de consommation :
Le revers de la médaille :
LES RESEAUX SOCIAUX
Ils sont désormais totalement incontournables ! Avec, là aussi, des aspects positifs et négatifs.
Le fait est, que YouTube ou Facebook m’ont donné à plusieurs reprises l’opportunité de découvrir des artistes ou des enregistrements qui m’étaient jusqu’alors inconnus (et je ne suis certainement pas le seul). Le flot permanent de vidéos et publications sur les réseaux sociaux, réserve parfois de très belles surprises !
Mais pour une très grande part (il en est de même sur les ondes radio ou TV, et ce n’est pas récent), la tendance est à l’uniformisation et au nivellement par le bas. La bonne excuse des diffuseurs étant de prétendre que c’est ce que le public demande… Mais comment le public peut-il aimer ou découvrir autre chose, lorsqu’on ne lui passe en boucle que les 10 mêmes chansons ?… C’est un grand débat, qui peut rejoindre celui de l’accès à la culture pour tous !…
Mes collègues et amis musiciens ont tous entendu ça à la fin d’un concert : « Ah mais j’adore cette musique, je ne connaissais pas… » Ou alors : « C’est ça le jazz ? mais pourquoi on en entend jamais à la radio ? »
Sous-entendu, les radios grand public et pas les radios spécialisées bien entendu…
Autre problème des réseaux sociaux, et là aussi mes collègues savent de quoi je parle : la publication sauvage et sans autorisation, d’une jam, d’une répétition, voire d’un extrait de concert, souvent d’une qualité audio pitoyable, qui forcément, dessert la musique…
LES CONCERTS
Nous le constatons tous : la pandémie de COVID qui dure depuis deux ans et qui n’en finit pas, a engendré un changement de comportement du public. Beaucoup (contraints par la fermeture prolongée des salles), ont pris l’habitude de consommer de la culture chez eux, sur leurs écrans… Il faut rester optimiste, et espérer une sortie rapide de cette « torpeur généralisée » induite par la privation de salles, mais le public reviendra -t-il en masse dans les théâtres et salles de concerts ? On le souhaite bien sûr, car mieux que tout support, écouter la musique en direct, en osmose avec les artistes, reste une expérience tout à fait unique et irremplaçable.
ET LES JEUNES GENERATIONS ?
De mon point de vue, le problème principal engendré par la disparition annoncée des appareils dévolus exclusivement à l’écoute de la musique (et donc des supports physiques comme les CDs), réside dans le fait que la musique est à présent majoritairement consommée sur des appareils généralistes (Smartphones, tablettes, ordinateurs). Cela « gâche » un peu la magie, annihile l’envie, banalise la démarche… On zappe, on écoute un demi-morceau, puis on passe une vidéo, puis on répond à un mail… C’est évidemment très dommageable pour la jeune génération, qui fait rarement l’effort de se renseigner sur ce qu’il écoute, sur l’artiste etc… C’est un phénomène que je vois s’intensifier au fil des ans, y compris chez les étudiants en musique. C’est finalement » l’accès trop facile » en quelques clics, qui tue la curiosité et finit par nuire à la culture générale… Le zapping n’a pour moi rien à voir avec la curiosité (celle qui pousse les gens à s’intéresser à un sujet, un artiste etc), mais il s’apparente plus à une sorte de voyeurisme.
On fait de plus en plus rarement la démarche d’écouter vraiment et spécifiquement de la musique.
En cela, et surtout pour les plus petits, l’attitude des parents est primordiale, tout comme leur propre rapport à la musique (et à la culture en général). Un appareil dévolu spécialement à l’écoute de la musique à la maison, permet à l’enfant d’identifier clairement un objet, et de l’associer à une action qui déclenche un plaisir ! Il pourra alors facilement vous manifester son désir et sa curiosité. C’est une chose que je constate tous les jours avec mes jumeaux de 2 ans, qui pointent du doigt la chaine hifi lorsqu’ils veulent écouter de la musique. Un smartphone ne remplacera jamais un concert, un disque, un livre, ou un tableau de maître, et c’est tant mieux !
Stan Laferrière
Guitariste et compositeur de la jeune génération, Robin Nitram sort ces jours-ci un album avec le Motto Trio : « Vroum Vroum ». Il répond aux questions de Docteur Jazz.
DJ : Bonjour Robin, peux-tu te présenter ?
RN : Je m’appelle Robin Nitram et je suis guitariste et compositeur. J’ai étudié le jazz ainsi que l’arrangement et la composition à l’International Music Educators of Paris (IMEP) durant cinq années (de 2011 à 2016) avec notamment Rick Margitza, Chris Culpo et Peter Giron puis deux autres années au CRR de Paris (de 2016 à 2018) pour me perfectionner aux côtés de Manu Codjia, Pierre Bertrand, Emil Spanyi…
DJ : Quelles sont tes principales influences ?
RN : Musicalement je suis très influencé par l’esthétique du label allemand ECM et aussi par le jazz qui est joué à Chicago notamment avec la AACM et le label International Anthem. Je suis aussi beaucoup influencé par mes voyages au Vietnam, en Europe et aux États-Unis, j’ai rencontré pleins de gens et vécu des expériences incroyables. Et enfin, mes collègues musiciens, ma famille et mes amis. J’ai vraiment l’impression d’être entouré de belles personnes et c’est une chance inouïe.
DJ : Un mot ou une phrase pour définir le jazz ?
RN : Controlled Freedom. Que je traduirai par liberté réfléchie. C’est à dire qu’on est libre de faire ce qu’on veut mais on a pleinement conscience que c’est un équilibre constant vis à vis de la conception de la liberté qu’ont les autres aussi. Il y a beaucoup de bienveillance dans cette phrase (qui est d’Herbie Hancock).
Read moreReconstitution fictive d’après des témoignages et des écrits biographiques
27 Décembre 1930, Brasserie « le Bœuf sur le Toit », Paris
Vous voulez en savoir plus sur l’arrivée du jazz en France ? Je vous en prie mon ami, asseyez-vous.
Vous êtes ici au « Boeuf sur le Toit », un des cafés mythiques de la capitale dont je suis l’heureux propriétaire depuis 1921. Point de chute des plus brillants artistes de la capitale des années 20, ses habitués s’appellent Picasso, Radiguet, Cocteau, Stravinsky, Poulenc… Excusez-moi d’interrompre cette présentation mais je vois une tête familière s’installer au piano. Vous voyez ce petit gars à la veste rouge là-bas ? C’est mon pianiste, Jean Wiener. Il travaille ici depuis des années et attire de nombreux curieux !… Figurez-vous qu’il fait venir d’Amérique les partitions les plus récentes comme celles de Fletcher Henderson ou de George Gershwin. Souvent, il est accompagné au saxophone par son ami Vance Lowry… et alors, la nuit ne s’arrête plus : fox-trots, ragtimes de Scott Joplin, improvisations endiablées « à l’américaine », ils nous enchaînent tout çà pêle-mêle et ce, jusqu’à l’aube, au plus grand plaisir des clients qui n’ont jamais autant consommé de vin rouge. Je vais même vous faire une confidence: il n’est pas rare que quelques musiciens solitaires comme Maurice Ravel ou Erik Satie viennent s’asseoir là, discrètement, tapis dans le coin, juste à côté du piano. Le moins que je puisse vous dire, c’est qu’ils paraissent bien attentifs à ces nouveaux rythmes venus d’Outre-Atlantique.
Souvenez-vous, il y a une dizaine d’années, pendant la guerre 14-18, quand les américains sont venus lutter à nos côtés contre l’Allemagne, ils nous ont aussi fait découvrir leur étonnante musique populaire surnommée « Jazz ». Les soldats américains emplissent maintenant les cabarets et dancings de Montmartre où le cancan a laissé place au charleston. Une véritable « américanomania » s’est emparée de la capitale où tout ce qui est « made in America » est symbole de modernité. Certains pensent que cette culture brusquement débarquée chez nous est « une menace pour la civilisation française » alors que d’autres, au contraire, s’en réjouissent ouvertement.
Alors, certains me diront : mais que vient faire un article sur Henri Salvador dans un blog de jazz ?
Eh bien ceux-là de toute évidence, ne connaissent pas l’album « Salvador plays the blues », enregistré en 1956 sous l’impulsion de Boris Vian.
Henri Salvador est catalogué (à juste titre, soyons honnêtes) comme chanteur fantaisiste, notamment au regard de la carrière qu’il a menée sous le pseudonyme d’Henry Cording, tant à la télévision qu’au travers de sa production phonographique, du milieu des années 50 jusqu’au milieu des années 70.
Il n’en reste pas moins, qu’à l’instar de Sacha Distel, il est l’un des grands guitaristes de jazz Français des années 50/60. Le style d’Henri se rapproche volontiers de l’esthétique de Django « électrique » (dont il était un fan absolu), celui de Sacha étant plus proche des « boppers » comme René Thomas ou Barney Kessel.
Né à Cayenne le 18 juillet 1917, Henri débarque avec toute sa famille en 1929 au port du Havre. Il chante en duo avec son frère aîné, André et se produit dans les cabarets Parisiens. En 1935, alors que le duo joue au « Jimmy’s bar », Django Reinhardt remarque Henri et l’engage aussitôt comme accompagnateur. Il sera ensuite recruté comme guitariste dans l’orchestre de Ray Ventura (L’oncle de Sacha Distel…tiens tiens…), qui le remarque alors qu’il est chanteur d’orchestre à Nice. Il y officiera de 1941 à 1945 et participera avec cet orchestre, à une grande tournée en Amérique du Sud.
Read moreBassiste et compositeur, Laurent Bonnot fait partie d’une nouvelle génération de jazzmen qui cultive son héritage poly-culturel. Avec l’album Hong qui sort actuellement, il nous livre une écriture très personnelle, avec une instrumentation originale. Docteur Jazz lui a posé quelques questions !…
DJ : Bonjour Laurent, peux-tu te présenter ?
LB : Après avoir étudié le violon et la guitare jazz (au CRR de Dijon), je me suis orienté par hasard vers la basse électrique après avoir fait un remplacement dans un groupe de salsa pour une tournée d’été. Je me suis pris de passion pour l’instrument que j’ai commencé à travailler plus sérieusement et j’ai eu la chance de pouvoir en vivre très rapidement. Je suis devenu intermittent dans des groupes plutôt rock ou world en jouant 60 à 80 concerts par an pendant 7 ans.
Puis je suis rentré au CMDL (Centre musical Didier Lockwood) pour y étudier pendant deux ans. Après cette expérience marquante et insatisfait de mon niveau instrumental, j’ai fait un vrai choix de vie en abandonnant l’intermittence et en me consacrant à l’étude de mon instrument à raison d’au moins 5 heures de pratique quotidienne afin de m’affranchir des codes techniques et des langages musicaux (le bop notamment) vers lesquels je m’orientais.
DJ : Quelles sont tes principales influences ?
LB : En tant qu’instrumentiste mes influences sont principalement « jazzistiques » mais je n’ai pas été influencé par les bassistes mis à part Carles Benavent. J’écoute beaucoup de bassistes pour le placement, le drive, le groove mais plus pour les étudier que pour m’en inspirer. Je suis d’avantage influencé par des saxophonistes et des guitaristes. Matthieu Donarier m’a beaucoup influencé (en tant que soliste) dans la construction des solos, des phrases, du placement, de l’esthétique générale de ses solos. Même si depuis peu, j’ai changé complétement de technique (je joue beaucoup en aller-retour à l’index ou en accords) et je perds un peu le phrasé « coulé » du saxophone pour m’orienter vers autre chose.
Read moreJérôme Etcheberry est l’un des plus éminents et talentueux trompettistes actuels de jazz classique. Il est, entre autres, l’un des grands spécialistes de la musique de Louis Armstrong et Bix Beiderbecke. Il nous parle de son parcours et de l’album « Satchmocracy » en octet, qui vient de sortir chez Camille Productions. Docteur Jazz aura le grand plaisir de l’accueillir en masterclass au mois de juin prochain, pour le stage « New-Orleans » organisé à Angers !
DJ : Bonjour Jérôme, peux tu te présenter ?
JE : Alors, je suis trompettiste/arrangeur/compositeur et chanteur à l’occasion. Je suis actif dans une niche plutôt « jazz classique » depuis de nombreuses années. En ce moment je joue avec le « Duke Orchestra » de Laurent Mignard, Hugh Coltman, les « Krazy Kapers » et un trio avec Michel Pastre et Louis Mazetier. Je dirige aussi un orchestre de danse : les « Swingberries » et un octet : la « Satchmocracy ».
Je suis né en 1967 à Arcachon.
L’envie d’improviser a été très présente depuis mes premières gammes et c’est la rencontre avec des musiciens passionnés qui m’a poussé à creuser toujours plus profondément dans la mine du « Jazz ». Quelques pépites plus tard, la passion est toujours intacte et le plaisir de partager cet or est primordiale.
Pianiste, compositrice et pédagogue, Leila Olivesi est une artiste complète, très présente sur la scène du jazz Français. Elle vient de publier un ouvrage pédagogique très intéressant et répond aux questions de Docteur Jazz.
DJ : Le parcours de Leila est assez impressionnant. Jugez plutôt :
Diplômée en philosophie et en musicologie à la Sorbonne, en piano jazz, formation musicale, écriture et orchestration au conservatoire et à l’IACP. Prix et distinctions : Ellington composers, Coup de coeur de l’Académie Charles Cros, Académie du Jazz, Tremplin jazz à Montmartre, Trophées du Sunside, Tremplin jazz île de France, La Défense, Jazz primeur de Culture France, Prix Sacem et Prix Défi Jeunes.
Read moreEn cette rentrée scolaire 2021, le blog a décidé de faire quelques portraits et interviews d’enseignants (enseignantes) du jazz. Robin Notte, Clavieriste polyvalent de grand talent et pédagogue, répond aux questions de Docteur Jazz.
DJ : Bonjour Robin, peux tu te présenter ?
RN : Je m’appelle Robin Notte, je suis pianiste, clavieriste. Je mène en parallèle une carrière de musicien (leader et accompagnateur) et de pédagogue. Coté pédagogie, je suis spécialisé dans l’enseignement du Jazz. En revanche artistiquement, j’ai fait énormément de projets de musiques actuelles dans toutes sortes d’esthétiques. Depuis une dizaine d’années je parcours les routes, principalement aux cotés d’artistes de la chanson française.
DJ : Quel est ton parcours ?
RN : J’ai commencé la musique a l’âge de 8 ans dans une petite école de musique municipale de Seine et Marne. Un peu de piano classique d’abord, puis au bout de 5 ans, j’ai arrêté pour prendre des cours de piano Jazz avec le prof de l’école. Comme ça me plaisait bien, à l’âge de 15 ans mes parents m’ont inscrit dans un stage de jazz d’été. Ce stage a changé ma vie. J’y ai rencontré un certain Julien Dubois , jeune saxophoniste de mon âge qui était super doué et super motivant. En sortant de ce stage j’ai décidé que je voulais faire de la musique toute ma vie et j’ai monté mon premier groupe avec lui. J’ai fini le lycée et après le bac, je suis rentré au Conservatoire départemental de Noisiel, dans l’espoir de passer les diplômes mais ça s’est mal passé avec le prof de piano. J’ai quitté le conservatoire, et à partir de là je me suis fait tout seul, en cherchant les réponses par moi-même. J’ai appris en dévorant « le livre du piano jazz de Mark Levine » en écoutant énormément de jazz, en repiquant des disques, en m’entourant de musiciens plus forts que moi et en écoutant leurs précieux conseils. J’ai suivi quelques cours avec le fabuleux Emil Spanyi aussi.
Read moreEn cette rentrée scolaire 2021, le blog a décidé de faire quelques portraits et interviews d’enseignants (enseignantes) du jazz. Cécile Messyasz, chanteuse et pédagogue, nous parle de son expérience avec recul et humilité…
DJ – Bonjour Cécile, peux-tu te présenter ?
CM – Je suis chanteuse de jazz et professeure de jazz vocal dans une école de musique associative qui se situe dans le petit village varois dans lequel je vis. J’enseigne aussi ponctuellement dans d’autres structures de la région. J’anime régulièrement des stages courts (deux jours) mais aussi des stages plus longs (une semaine) un peu partout en France notamment à Paris avec mon amie chanteuse Sonia Cat-Berro.
Read moreDepuis les débuts et même avant, le groupe vocal a toujours été présent dans la musique de jazz (le gospel song faisant partie de sa préhistoire…).
A cappella ou non, il n’a cessé de se développer, de s’affirmer, de se sophistiquer, tout au long de l’évolution du jazz.
Inspiré des « Barbershop », chœurs d’hommes « A cappella » qui se développèrent dans le sud des États-Unis à la fin du 19ème siècle, utilisant une technique à 4 voix serrées en homorythmie avec le chant lead qui se trouve en deuxième voix (technique réutilisée par les trios et quartets vocaux des big bands des années 30 notamment, chez Jimmy Lunceford par exemple), il évoluera jusqu’à des groupes très sophistiqués comme « Take 6 » ou « Accent » actuellement.
On ne peut évidemment pas évoquer tous les groupes vocaux qui ont marqué l’histoire du jazz, mais tout de même… Les « Mills Brothers » (les pionniers incontestés), les « Hi-Lo’s » (aventureux et instigateurs du groupe vocal « moderne »), les « Meltones » (groupe vocal formé par Mel Tormé), les « Modernaires » (groupe vocal associé au big band de Glenn Miller), « Lambert Hendricks & Ross » (groupe qui a directement inspiré Mimi Perrin), « The Manhattan Transfer », « L.A Voices » etc…
En France, c’est essentiellement dans les années 50 que l’on voit l’émergence de groupes vocaux, parfois à la frontière du jazz (avec les « Parisiennes » de Claude Bolling par exemple, et plus tard les « Swingle Singers »), cette musique prenant un essor nouveau et suscitant un énorme engouement dans la période de l’immédiat après-guerre…
C’est dans ce contexte que naquit en 1959 le groupe de « vocalese » français : les « Double Six ». Imaginé et fondé par la pianiste et chanteuse Mimi Perrin, ce groupe, inspiré par le travail de Jon Hendricks, restituait (accompagné d’une section rythmique) des orchestrations de big bands, en reproduisant les 12 voix de cuivres. Il utilisait pour cela le procédé (tout nouveau) du « re-recording », en enregistrant deux fois 6 voix, sur deux pistes distinctes.
Pourquoi ce terme « vocalese » ?
Read moreLes musiciens et acteurs de la culture sont enfin de nouveau autorisés à se produire sur scène, les salles et festivals à accueillir du public (sous certaines conditions).
Réjouissons-nous !!
Cela dit, on peut se poser la question de savoir, hormis les grosses manifestations subventionnées, ce qu’il va rester du tissu associatif culturel ? Ce réseau qui fait vivre 90 % des artistes…
L’arrêt prolongé (près de 15 mois), des manifestations culturelles « physiques » aura sans doute fait beaucoup plus de mal qu’on ne le pense, car nombre de petites structures ont déjà mis la clé sous la porte.
Restons toutefois optimistes, certaines associations vont renaître, d’autres se créer, les réseaux sociaux peuvent aider à promouvoir les actions favorisant la relance des concerts, comme de tout évènement culturel public (cinéma, théâtre, expositions…).
Et puis peut-être plus simplement, faut-il encourager les gens à sortir, à aller au cinéma, au théâtre, au concert ! Notre métier, notre passion, c’est avant tout le partage et la communion avec le public !
Le blog Docteur Jazz souhaite s’engager également dans cette voie, et ouvrira prochainement une rubrique « agenda ». Vous pourrez y faire la promotion de vos manifestations, concerts, festivals, stages etc…
Bonne reprise à toutes et tous !
Amandine et Stan
Vocaliste incontournable de la scène internationale, David Linx répond aux questions de Docteur Jazz. Nous aurons le plaisir de l’accueillir lors d’une des prochaines sessions du stage de Scat à Angers !
DJ : Bonjour David, merci de prendre le temps de cette interview sur le blog ! Peux-tu te présenter ?
DL : Je m’appelle David Linx, je suis chanteur de jazz, compositeur et parolier (pour d’autres artistes et chanteurs/chanteuses). Je suis professeur de chant et ensembles vocaux depuis 25 ans à la section jazz du Conservatoire Royal de Bruxelles, ainsi que professeur invité au conservatoire d’Amsterdam aux Pays-Bas depuis environ 10 ans. Professeur en résidence à la Jazz Academy de Sienne en Italie depuis cette année, je donne également des masterclass lorsque je suis en tournée (Capilanou University au Canada, Wharton Institute dans le New Jersey, NYC appreciation classes, Taiwan, Brésil, etc…).
Read moreChristophe Davot, guitariste, banjoïste et vocaliste de grand talent, répond aux questions de Docteur Jazz, et nous présente son projet « Paris Gadjo Club ».
DJ : Bonjour Christophe, peux-tu te présenter ?
CD : Je suis guitariste, banjoïste, chanteur, interprète, arrangeur, compositeur et preneur de son.
DJ : Quelles sont tes principales influences ?
CD : Grâce à mes parents et frères et sœurs j’ai eu la chance de baigner dans différents univers de bonne musique depuis ma plus tendre enfance. Cela va de la musique classique jouée par ma mère pianiste (1er prix de conservatoire), aux musiques jazz, folk, pop, la chanson francophone bien-sûr et la musique latine entre autres styles. En ce qui concerne plus précisément le jazz, c’est mon oncle guitariste Anglais Tony Male qui m’a transmis le virus de Django Reinhardt quand j’avais 13-14 ans . Il était lui même un excellent guitariste ami de Joe Pass, capable de jouer à la note les solos du géant manouche. J’aime autant vous dire que ça marque au fer rouge la mémoire d’un ado et ça a orienté mes choix par la suite.
Read moreContrebassiste, compositeur et arrangeur, Patrice Caratini est depuis des décennies, un acteur important de la scène du jazz Français. Il vient de recréer avec l’ONJ, une pièce majeure de l’oeuvre d’André Hodeir (Article à lire sur le blog). Il a bien voulu répondre à quelques questions au micro de Docteur Jazz.
Anna Livia Plurabelle par Patrice Caratini et l’ONJ
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On a parfois du mal à reconnaitre le talent et l’influence d’artistes Français lorsqu’il s’agit de Jazz. S’il existe véritablement une « école » de jazz Français (qui remonte aux années 20, nous en reparlerons), il existe bel et bien une « école » d’écriture jazz en France, et André Hodeir en est assurément une des figures de proue.
Violoniste, arrangeur, compositeur, chef d’orchestre, pédagogue, écrivain, musicologue, André Hodeir est un artiste polymorphe, ce qui le place de facto dans la catégorie des « inclassables » (Voir notre article polémique…)
Disciple et admirateur de Charles Delaunay et Hugues Panassié (fondateurs de jazz Hot en 1935), il s’éloignera cependant de ce dernier (à qui il avait dédié en 1945 son premier ouvrage « Le jazz cet inconnu »), à l’arrivée du Bebop en France en 1948.
Musicien et musicologue érudit, compositeur et arrangeur aventureux, l’apport d’André Hodeir au jazz « moderne » et à son écriture, est tout aussi important que les travaux de musiciens comme George Russell, Gil Evans, ou Gunther Schuller, qui firent émerger le « third stream » (lire l’article sur le répertoire du jazz) dans les années 50.
Read moreVocaliste, bassiste et arrangeur Français de tout premier plan, Jean-Baptiste Craipeau évolue dans le monde du jazz vocal (mais pas que), en solo bien entendu, mais aussi au sein d’un groupe vocal international « A Cappella » qui compte parmi les meilleurs de la planète : ACCENT.
Jean-Baptiste répond à mes questions et nous présente son travail…
DJ : Bonjour Jean-Baptiste, peux-tu te présenter et nous parler un peu de ton parcours ?
Read moreVocaliste de grand talent, Camille Bertault est une artiste et une musicienne complète. Touchant aussi bien au jazz, à la musique classique, à la chanson Française, au théâtre, c’est une figure incontournable du jazz vocal actuel. Elle a bien voulu répondre aux questions de Docteur Jazz…
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Vocaliste et cornettiste inclassable (et c’est tant mieux), Médéric Collignon est une figure incontournable du jazz vocal hexagonal. Sa culture, sa technique vocale impressionnante, son style et ses influences, nous font voyager dans des univers très variés et parfois même iconoclastes… Grand admirateur de Louis Armstrong, son exubérance (toujours à propos, musicalement) me fait terriblement penser à la chanteuse Allemande Nina Hagen. Médéric répond aux questions de Docteur Jazz.
Médéric sera l’un des prochains intervenants au stage d’été de SCAT organisé par Docteur Jazz !
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Continuons notre petit tour du monde du SCAT dans le cadre du « mois du vocal » sur le blog. Artiste américaine installée en France depuis de nombreuses années, Michele Hendricks perpétue avec un immense talent, la tradition familiale (Son père Jon est un grand scatteur, fondateur du trio vocal « Lambert, Hendricks & Ross »). Elle répond aux questions de Docteur Jazz…
Une petite bio de Michele :
Michele HENDRICKS, chanteuse Américaine, auteur-compositeur, monte sur scène à huit ans avec son père Jon HENDRICKS, lui-même chanteur, parolier et fondateur du fameux trio vocal Lambert, Hendricks & Ross. Dès l’âge de quinze ans, Michele tourne régulièrement en Europe avec son père, jusqu’à la fin de ses études de danse et de théâtre à Londres. Elle poursuit des études musicales à San Francisco, avant de revenir à New York, dont elle est originaire, pour deux ans durant lesquels elle travaille avec Buddy Rich et Stan Getz.
Read moreMerveilleux trompettiste, Fabien Mary irradie la scène musicale du jazz Français et international depuis deux bonnes décennies. Je l’ai connu tout jeune, et j’ai eu le plaisir de jouer à ses côtés, notamment en l’invitant dans mon Tentet dans les années 2000. Le blog est aussi là pour donner un petit coup de projecteur sur les beaux projets, et notamment lorsqu’il s’agit d’écriture ! Fabien lance une campagne de collecte de fonds pour produire son projet en Big band (avec le magnifique « Vintage Orchestra ») dont il a signé toutes les orchestrations ! Je lui ai donc posé quelques questions…
DJ : Peux tu te présenter ?
Read moreGuitariste et pédagogue depuis le milieu des années 90, Cyril Achard présente et partage sa passion et sa science de l’harmonie, au travers de publications passionnantes et d’un site web. Docteur Jazz avait envie de mettre en valeur son travail exceptionnel sur le sujet, et de l’associer à la formation sur l’ARRANGEMENT JAZZ proposée par le blog, tant la complémentarité des deux approches semble évidente.
Cyril a bien voulu répondre à quelques questions !
– Bonjour Cyril, peux tu te présenter ?
Read moreAttention ! Voici la jeune garde de l’arrangement Français ! Une plume à découvrir, avec déjà une très belle maturité et un univers personnel… Philippe Maniez répond aux questions de Docteur Jazz.
DJ : Bonjour Philippe, peux tu te présenter ?
PM : Je m’appelle Philippe Maniez, en tant que musicien je m’identifie à peu de choses près comme toi : batteur, pianiste, compositeur, arrangeur et directeur de projets. Je suis né d’une mère américaine et d’un père français, tous deux chanteur/chanteuse lyriques. La musique et les langues ont donc évidemment fait partie de mon background (petite blague d’arrangeur au passage…). J’ai étudié la batterie jazz et les percussions classiques à Lyon, avant de faire une année d’échange à UCLA puis d’intégrer le CNSM de Paris, d’où je suis sorti en 2015. Actuellement, j’ai la chance d’enseigner et de partager mon intérêt pour l’arrangement au sein du Centre des Musiques Didier Lockwood.
DJ : Quels sont les arrangeurs qui t’ont le plus influencés ?
PM : J’ai eu une expérience choc lors du premier concert du Amazing Keystone Big Band à la Clé de Voûte à Lyon (à l’époque c’était juste « The Keystone Big Band ») en 2010 il me semble. Les arrangeurs n’étaient autres que les fantastiques Bastien Ballaz, Jon Boutellier et Fred Nardin, ainsi que quelques pièces arrangées par François Théberge et Sandrine Marchetti. Ils portaient déjà un grand intérêt pour la musique pour grand ensemble, et avaient monté de toutes pièces un répertoire d’arrangements de leur cru. J’étais au premier rang, et j’ai pris une énorme dose de son ! Je suis reparti du concert impressionné et séduit par l’incroyable expérience humaine de réunir tant de musiciens sur scène.
Read moreLa vocation du blog Docteur Jazz, ou en tout cas l’orientation que je souhaite lui donner, se veut être le reflet de ma passion pour la musique de jazz dans son entièreté, sa pluralité, sans ostracisme et avec la plus grande objectivité possible. C’est ainsi que je conçois le partage, l’échange, et que je peux sans préjugé, inciter les jeunes générations (notamment) à la curiosité, à l’envie de découvrir, car elles constituent le vivier musical, mais aussi, le public de demain… J’avoue que l’idée de faire découvrir d’autres artistes et d’autres styles à des publics plus avertis, voire à des musiciens, ne me déplaît pas non plus…
Les gens qui me connaissent, savent que je suis depuis bien longtemps rangé dans la « case » des musiciens dits de jazz « classique », ce qui n’est pas faux, mais me semble un peu réducteur.
En 40 ans de carrière, j’ai traîné avec le même appétit et la même passion dans des « bains » aussi différents que la variété, la musique classique, le bal, le jazz traditionnel, le swing, le jazz manouche, le bebop, le hard bop, enregistré un jour la musique de Jelly roll Morton avec Marc Richard (à la batterie) et le lendemain le répertoire des Bee Gees (au piano) avec Emmanuel Bex ou Marc Berthoumieux, fait un matin le choriste dans une séance avec Jean-Jacques Milteau, pour filer ensuite diriger une création pour un octuor à vents à la salle Gaveau… Mon expérience personnelle est assez parlante en la matière, car j’ai reçu au début des années 80 mon premier prix de l’Académie du jazz : le prix « Sidney Bechet » du jazz classique, pour récompenser un album qui ne contenait pas une once de jazz classique… 😉
J’avais envie, 8 mois après la naissance de ce blog et son succès grandissant, de lancer une tribune qui fera sans doute polémique, chacun pouvant donner sa vision et son avis en commentant cet article, dans la convivialité et le respect de la pensée de l’autre.
Vous avez la parole !
(Commentez cet article sur le blog en laissant un avis « leave a comment »)
Lorsque les voix se seront suffisamment exprimées, j’écrirai un article qui fera une sorte de synthèse. J’y livrerai également ma propre analyse et mon sentiment (cette fois-ci en toute subjectivité 😉)
Sans dévoiler le contenu de mon futur article, je pense qu’il est important de signaler que le blog a reçu le soutien de plusieurs membres du Hot Club de France, malgré la grande diversité des styles qui y sont représentés, et celui d’autres instances défendant un jazz plus actuel ou les musiques improvisées… Ce qui bien évidemment me réjouit profondément et me conforte dans ma démarche !
Stan Laferrière
Merveilleuse musicienne, Aurore Voilqué fait partie de cette “nouvelle vague” de violonistes de jazz, dont le blog souhaite mettre en valeur quelques unes de ses représentantes .
DJ: Bonjour Aurore, peux tu te présenter ?
AV : Je suis née avec un violon entre les mains. J’ai commencé à jouer à l’âge de 4 ans et n’ai jamais arrêté !
Après quelques expériences dans la musique classique au sein de différents orchestres, puis quelques années à jouer dans le métro parisien pour gagner mes premiers sous, j’ai décidé de monter « l’Aurore Quartet » en 2003.
J’enregistre mon premier album en auto-production, puis démarche moi-même les bars, les restaurants, les festivals mais aussi les agences d’événementiels pour gagner ma vie et surtout pour faire travailler les musiciens qui m’entourent.
De fil en aiguille, de rencontres en rencontres j’évolue dans le milieu du jazz manouche et très vite je travaille aux cotés de Thomas Dutronc qui m’appelle régulièrement pour l’accompagner lors de ses tournées en France. Je fais d’ailleurs partie du line up du dernier album de Thomas Dutronc « live is love » sorti chez le label de jazz mythique « Blue Note ».
En 2009 je pars jouer au Birdland à New York aux côtés du guitariste Samson Schmitt et de l’accordéoniste Ludovic Beier.
En 2017 je joue à Los Angeles avec Sammy Daussat et Noé Reinhardt
J’enregistre également un album aux cotés de Rhoda Scott mais aussi un autre en septet avec une excellente section de soufflants avec laquelle nous irons en Suisse pour une résidence unique avec des musiciens de Grèce, de Turquie, du Maroc et de Suisse. Un album est enregistré par cette formation exceptionnelle en 2015 : « Orient Occident »
Récemment j’ai enregistré un album electro Jazz avec un projet du nom de « Mayfair » suite a une commande du festival Jazz en Baie. Le disque est sorti en 2018.
La même année, j’ai enregistré un disque aux côtés d’Angelo Debarre où je retrouve l’origine de sa passion : la musique manouche. Aux côtés de ce guitariste hors pair, je réalise un disque pur au vrai son gitan que j’aime tant.
Depuis décembre 2017 je suis programmatrice du Jazz Café Montparnasse et me plait à faire ce métier en plus de celui d’artiste, afin de connaître les deux côtés du décor.
DJ : Quelles sont tes principales influences ?
AV : Indubitablement Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, le jazz manouche, le swing.
DJ : Un mot ou une phrase pour définir le jazz selon toi ?
AV : le jazz pour moi est une liberté structurée qui correspond parfaitement à mon caractère.
DJ : Si tu étais un standard de jazz ?
AV : Si j’étais un standard de jazz je pense que je serais « I’ll surrender dear »
C’est beau, c’est doux, ça swingue et c’est sensuel. Les paroles sont magnifiques.
DJ : Quels sont ton meilleur et ton pire souvenirs ?
AV : Mon meilleur souvenir ? Je pense que j’en ai plusieurs. Le concert aux côtés de Thomas Dutronc à l’Olympia alors que j’étais enceinte jusqu’au cou… L’expérience du projet « Orient Occident » auquel j’ai participé. Ce concert de fin de résidence avait lieu devant un public composé principalement de prêtres, d’Imams et de Rabbins… Exceptionnel !
Le pire souvenir ? Jouer dans un couloir d’une société dans les courants d’airs où il n’y avait personne…
DJ : Que penses-tu de la place qu’occupe ton instrument dans le jazz ?
AV : le violon n’a pas une aussi grande place en jazz que la trompette ou le sax mais il a son histoire et je la trouve importante. Grappelli bien sûr mais aussi chez les américains comme avec Stuff Smith ou Ray Nance qui a joué aux côtés de Duke. Le son des américains de l’époque est plus « crade » que celui de Grappelli mais j’aime beaucoup ça. Il en sort une certaine vérité.
DJ : Quels sont tes projets ?
AV : Je viens de sortir en octobre 2020 un album « un soir d’été », deuxième opus aux côtés d’Angelo Debarre, Mathieu Chatelain et Claudius Dupont, pour lequel nous avons invité Thomas Dutronc et Sanseverino.
Ça c’était suite au premier confinement.
Pendant le deuxième confinement j’ai auto produit un minidisque bonus de 6 titres sur lequel notre trio de base (Chatelain, Dupont et moi) a invité 3 des meilleurs guitaristes de jazz français : Adrien Moignard, Sébastien Giniaux et Rocky Gresset.
Mon plus beau projet serait de pouvoir recommencer à jouer en public comme avant…
DJ : Merci Aurore, bonne route à toi !
Merveilleuse musicienne, Eva Slongo fait partie de cette « nouvelle vague » de violonistes de jazz, dont le blog souhaite mettre en valeur quelques unes de ses représentantes. Eva est également enseignante et propose ses formations sur le blog « Apprendre le violon jazz » dont le lien est disponible en fin d’article.
DJ : Peux tu te présenter ?
ES : Je m’appelle Eva Slongo, je suis violoniste et chanteuse Suisse, et cela fait une dizaine d’années que je vis à Paris. D’abord destinée à devenir musicienne classique, je me suis finalement tournée vers le jazz…
DJ: Quelles sont tes principales influences ?
ES : En premier lieu, je dirais que ce sont mes professeurs qui m’ont le plus influencée pour mon phrasé jazz. Je me suis formée en Jazz avec Pierre Blanchard, Didier Lockwood et Johan Renard. J’ai aussi beaucoup écouté Stéphane Grappelli, Jean-Luc Ponty, et aussi d’autres instrumentistes : Charlie Parker, John Coltrane, Miles Davis, Chet Baker, Keith Jarret, Sarah Vaughan, et bien d’autres encore !
Pour ce qui est de mes compositions, je pense avoir été influencée par la musique classique et la musique latine, ainsi que par les musiques actuelles que j’ai pu écouter depuis mon enfance. J’aime beaucoup les esthétiques d’Erik Satie, Debussy, Michael Brecker, Gretchen Parlato, Roy Hargrove, Chris Potter, Julien Lourau, Giovanni Mirabassi, Bojan Z… Et j’en oublie certainement…
DJ : Quels sont ton pire et ton meilleur souvenirs de musicienne ?
ES : Beaucoup de souvenirs, mais une soirée spéciale me revient en tête : mon tout premier soir à New-York, dans une jam. Un des plus beaux souvenirs qui a viré en cauchemar !
Avec mon compagnon nous étions dans un club, à écouter une jam avec des musiciens absolument incroyables. Nous étions vraiment impressionnés… un tel niveau, et de la magie dans la musique. Mon compagnon me dit : « Eva je crois que c’est Ravi Coltrane qui est assis à côté de toi… » Effectivement c’était lui ! L’instant d’après, il part sur scène jouer un morceau de son père au sopranino. C’était incroyable musicalement, une énorme claque ! Dans plusieurs jams il y eut des moments magiques, mais celui-ci fut le meilleur…
Un peu plus tard, je suis montée sur scène avec mon violon… À New York, les musiciens n’avaient pas vraiment l’habitude du violon dans les Jams et me regardaient souvent de travers… Et cette fois-ci, pour la première fois, mon micro ne fonctionnait pas ! Tout le monde s’est ouvertement moqué de moi … Horrible ! J’avais juste envie de disparaitre….
Heureusement les autres jams se sont bien passées ! parfois on me demandait si j’allais jouer du classique ou quoi … après avoir joué un standard je sentais que les musiciens me respectaient, mais il fallait d’abord que je joue ! Il y avait vraiment un avant-après dans leur considération !
DJ : Un mot ou une phrase pour définir le jazz selon toi ?
ES : IMPROVISATION.
C’est le côté improvisé qui m’a d’abord plu dans le jazz. Même si au début, malgré ma bonne technique au violon, je n’y arrivais pas et que j’ai dû travailler cela… j’ai très vite ressenti quelque chose de très fort en improvisant, une sorte d’euphorie méditative que je n’avais pas pu ressentir pendant toutes mes années de musicienne classique.
DJ : Que penses-tu de la place que tient ton instrument dans la musique de jazz ?
ES : Pour l’instant le violon en jazz m’apparaît encore un peu méconnu, même s’il est vrai qu’il y a de plus en plus de violonistes qui jouent du jazz. Nous sommes dans une période spéciale, et il n’est pas facile de se faire connaître en tant que musicien… sur les réseaux sociaux j’ai vraiment découvert de super violonistes de jazz complètement méconnus !
Je pense que de plus en plus de violonistes s’intéressent au jazz, car ils cherchent à se développer dans un autre style que la musique classique. C’est pour cela que j’ai créé le blog APPRENDRE LE VIOLON JAZZ et une méthode de violon jazz qui convient vraiment bien aux violonistes classiques qui veulent se mettre au jazz, puisque j’ai moi-même vécu cette expérience !
DJ : Quels sont tes projets ?
ES : Je suis maman de deux enfants en bas âge, et la gestion de la vie de musicienne en parallèle n’est pas si évidente ! Et je ne parle pas du covid …
J’ai quand même deux projets principaux qui me tiennent à cœur et que je parviens malgré tout à développer.
Le premier est musical : je prépare actuellement mon deuxième album que je vais enregistrer sous peu avec le pianiste Giovanni Mirabassi. L’esthétique musicale sera un peu différente de celle de mon premier album, avec des compositions inspirées de musique classique, et également des reprises classiques en jazz.
Mon deuxième projet est pédagogique : j’ai créé mon blog et ma méthode, et je continue à développer ma présence sur internet et sur les réseaux sociaux. Je prépare d’autres méthodes en ligne, des vidéos, les idées ne manquent pas, mais par contre, le temps oui…
DJ : Merci Eva ! Bonne route à toi !
Sa formation Online « conseillée par Docteur Jazz »
La méthode d’Eva Slongo pour apprendre le violon jazz
Saxophoniste de très grande classe et pédagogue, Gaël Horellou répond aux questions de Docteur Jazz.
DJ : Peux tu te présenter ?
GH : Saxophoniste né à Caen en 1975, je suis tombé amoureux très jeune du jazz et des musiques noires en général. Mes parents (mon père comédien), m’emmenaient beaucoup au théâtre et aux concerts de jazz depuis tout petit. On écoutait beaucoup de musique à la maison (en vinyle) et j’avais un magnéto à cassettes sur lequel j’écoutais dès l’âge de 8/9 ans de grands classiques du swing : Sidney Bechet, Coleman Hawkins, Duke Ellington, etc… J’ai pris un saxophone à l’âge de 9 ans et j’ai commencé à jouer en formation au lycée vers 14 ans. J’ai ensuite débuté des études d’ingénieur, que j’ai sabordées pour devenir musicien professionnel à l’âge de 18 ans.
DJ : Quelles sont tes principales influences ?
GH : Bird, Cannonball, Mc Lean, Rollins, Coltrane.
DJ : Quel est ton meilleur et ton pire souvenir de musicien ?
GH : Il y a eu tellement de moments ! je n’arrive pas à me rappeler d’un meilleur ou d’un pire. Énormément de bons moments, très peu de mauvais.
DJ : Un mot ou une phrase pour définir le jazz selon toi ?
GH : SWING !
DJ : Si tu étais un standard de jazz ?
GH : « I’ll be seeing you », un de mes standards favoris.
DJ : Quels sont tes projets ?
GH : Je sors début 2021 un nouvel album en quintet avec orgue chez Fresh Sound : « ORGAN POWER ! » Et puis j’ai une résidence et des concerts avec mon projet réunionnais. J’y joue avec des percussionnistes, chanteurs de maloya. Nous travaillerons à La Réunion en mars, tournées prévues en juillet et octobre en métropole, ainsi que l’enregistrement d’un troisième album.
J’ai également un nouveau projet électronique en chantier: un travail sur les grooves et particulièrement le ternaire.
J’attends impatiemment la reprise des concerts. Nous devions jouer 4 concerts ce mois de janvier avec Alain Jean-Marie, Duylinh NGuyen et Bernd Reiter.
DJ : Parle nous un peu de ta dernière publication sur l’improvisation…
GH : C’est une méthode que j’ai intitulée : « Improvisation et langage du jazz – une approche mélodique pour tous les instruments ». Elle est sortie en 2019, m’a demandé 2 ans de rédaction et synthèse de notes prises pendant 10 ans.
C’est vraiment un retour d’expérience sur ce que j’ai pratiqué, avec en fil conducteur l’éclairage de Barry Harris avec qui j’ai fait un très grand nombre de stages et workshops. J’y expose ma manière de cultiver l’oreille tonale. Je parle du jeu vertical, horizontal, etc… Ma démarche est très personnelle, je vais chercher des sons chez les grands improvisateurs du jazz et je cherche à les décliner, à les changer de contexte et donc je réfléchis à des systèmes, tout cela dans une réflexion globale sur le système tonal et en utilisant les outils de Barry Harris.
DJ : Quelles sont les dates de tes prochains stages/ masterclass ?
GH : Je donnerai 2 masterclass l’été 2021:
19 au 23 juillet 2021 à Cuxac-Cabardès (11)
Magnifique saxophoniste à découvrir (Si ce n’est déjà fait), David Fettmann fait une belle carrière de soliste, notamment autour de ses compositions. Il fait également partie du Collectif Big One, qui vient de sortir les « Tableaux d’une exposition » avec Pierre de Bethmann en invité. Il a eu la gentillesse de se plier au jeu des 6 questions de Docteur Jazz !
Extrait Live au Sunset Jazz Club, « Lume Project »
Teaser « Ruby Project » feat. Johnathan Blake
Projet Pol Belardi’s Force, Live@Opderschmelz
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 11:11 — 20.7MB)
Saxophoniste, flûtiste, mais surtout arrangeur reconnu et enseignant, Pierre Bertrand est une « plume » qui compte dans le monde de l’écriture. J’ai voulu en savoir plus et l’ai soumis au questionnaire de Docteur Jazz.
DJ- Bonjour Pierre, peux tu te présenter ?
PB- Je suis musicien, saxophoniste, flutiste, chef d’orchestre, compositeur,
arrangeur, pédagogue né en 1972 à Cagnes sur Mer.
Je dois mon déclic pour le jazz à la grande parade du jazz de Nice en
1977 avec notamment le big band de Basie, Dizzy Gillespie et professeur
Longhair.
J’ai commencé la musique en 1982 et écrit en autodidacte dès l’année
suivante.
Après des études diverses, j’ai terminé au CNSM de Paris un cursus jazz
et obtenu 2 prix d’écriture classique en 1997.
En 1998, à la demande de Bernard Maury je créé un cours d’écriture jazz
qui s’est développé jusqu’à aujourd’hui autour du CRR de Paris, du
PSPBB, du CRR de Nice, parfois du CNSM et maintenant à l’IMFP.
En 1999 je fonde avec Nicolas Folmer le Paris Jazz Big Band dont
l’activité durera jusqu’à 2014.
En 2009 je fonde mon groupe principal « La Caja Negra » en activité
aujourd’hui.
Claude Bolling rejoint en cette fin d’année 2020, le Panthéon des musiciens de jazz Français.
Travailleur acharné, inventif, boulimique, touche à tout, il a beaucoup contribué (à l’instar de Jacques Loussier, Didier Lockwood, Michel Legrand et quelques autres) à l’exportation et à la reconnaissance du jazz Français à l’étranger. Également connu pour ses compositions « Cross over », mélangeant jazz et classique en mettant en scène des musiciens comme Jean-Pierre Rampal ou Alexandre Lagoya, il sera un compositeur important de musique de film et d’animation et s’imposera comme l’un des plus grands pianistes spécialistes du Ragtime.
J’ai eu la grande chance de travailler avec lui durant les années 90, et d’être un témoin actif de son « laboratoire musical ». J’ai énormément appris sur mon métier à son contact.
J’avais envie de vous faire partager ce petit extrait d’une émission d’André Francis de 1974, où Claude est parfaitement dans son élément, et nous montre sa connaissance des pianistes des années 1910 à 1940.
Merci pour tout ça Claude.
A écouter également, des enregistrements que les plus jeunes ne connaissent peut-être pas :
Les trio de 1953 avec Albert Nicholas (clarinette) et Kansas Fields (batterie)
Les duos de 1951 avec Roy Eldridge (trompette)
Claude Bolling et son orchestre (Big band) de 1956 « Les succès de Duke Ellington »
La plupart de ces enregistrements sont disponibles chez Frémeaux & associés.
Cet album enregistré au Théâtre des Champs-Elysées le 4 janvier 1988, fut le premier d’une longue série avec Saxomania, un septet créé par Claude Tissendier, qui comprenait 2 saxes alto, 2 saxes ténors et une rythmique. Nous avons par la suite, enregistré des albums avec Phil Woods, Clark Terry, Guy Laffitte, entre autres (et accompagné nombre de vedettes Américaines comme Herb Geller ou Lew Tabakin…)
Lors de cette séance, il était prévu que le batteur de Duke Ellington (de 1955 à 1966), Sam Woodyard (qui était venu à Paris dans les bagages de Gérard Badini pour y finir ses jours), joue quelques morceaux avec l’orchestre et Benny Carter. Malheureusement, le trac (eh oui) ou l’alcool (ou les deux), l’ont empêché de se joindre à nous et il est resté prostré à écouter en bas de l’estrade… Il est décédé quelques mois plus tard, le 20 septembre 1988.
Sam Woodyard était en France depuis la fin des années 70, et on le croisait souvent dans les clubs, on jouait même avec lui de temps en temps (Bon sang quel drive !! même fatigué, même saoul comme un cochon…).
J’ai encore un souvenir incroyable à son sujet. Cela devait être en 1979 ou 1980, je jouais au piano avec mon tout premier trio, dans un club de la rue Dauphine à Paris « le Sélénite », avec Marc Bertaux à la basse et un copain de lycée à la batterie. Nous venions de terminer la soirée, vers 1h du matin, les copains étaient partis et je discutais avec ma maman qui était venue nous écouter. Lorsque débarque Sam Woodyard, à moitié saoul évidemment, deux baguettes dépassant de la poche arrière de son jean, vociférant, vraisemblablement quelques jurons intraduisibles… Il sort ses baguettes et hurle: « I WANNA PLAY ! I WANNA PLAY !”. Il se plante devant moi et avec son doigt, m’invite (euh ! ce n’est pas le bon terme…), m’intime l’ordre de filer au piano. J’avais 19 ans et j’étais terrifié ! Il se met à la batterie et commence à jouer le tempo tout seul. Voyant que je restais pétrifié devant le piano, il lança un titre : « « A » Train !!! ». Je m’exécutais bien sûr, jouant comme je pouvais et lui, chantant le thème derrière moi et me gratifiant de quelques « good boy ! good boy ! »… Nous avons joué peut-être pendant une heure en duo, uniquement des thèmes de l’orchestre de Duke, pratiquement seuls dans le club, ma mère médusée et le barman agacé, qui finira par nous mettre dehors…
Comme on dit : « c’est comme ça que le métier rentre » !… Ah ! Ah !
Stan Laferrière
Pianiste, compositeur arrangeur et vocaliste d’une grande culture et au langage sensible, Franck Amsallem est né en 1961 à Oran et a grandi à Nice. Son parcours est impressionnant et mérite que l’on s’y attarde… Il répond aux questions de Docteur Jazz…
Présente-toi
Pianiste de jazz, arrangeur occasionnel puisque n’écrivant plus beaucoup, chanteur frustré.
Expatrié n’ayant jamais tranché entre la musique noire et les excès de la table bien de chez nous.
Quels sont les arrangeurs qui t’ont le plus influencé ?
Dans l’ordre : Bob Brookmeyer, Bela Bartok, Thad Jones, Gil Evans & Igor Stravinsky.
Quel est le projet d’écriture dont tu es le plus fier ? ton préféré ?
Nuits pour Orchestre à cordes, section rythmique et soliste de Jazz. Jamais enregistré dans une version satisfaisante, mais je l’espère « in the future ».
Une phrase pour définir l’écriture
Ne pas se tromper de cible, ce n’est pas forcément écrire pour la postérité, mais plutôt écrire quelque chose qu’on a envie de réécouter.
Quel est l’arrangement qui n’est pas de toi et que tu aurais aimé écrire ?
« Thank You » de Jerry Dodgion
Quels sont tes projets ?
Jouer et écrire des arrangements pour quatuor à cordes dans un projet à venir avec chanteuse. Jouer et recommencer à écrire pour moi dès que la vie reprendra…
Anecdote personnelle
En juin 1989, j’étais en très bonne compagnie avec d’autres arrangeurs-compositeurs émérites (Kenny Berger, Ed Neumeister, Glenn Mills, Frank Griffith, Pete Mc Guinness), en train d’écrire une composition originale pour l’orchestre de Mel Lewis lors d’un stage organisé par BMI (le premier « BMI Workshop », devenu depuis une institution New-yorkaise).
Nous devions tous « pondre » un opus pour cet orchestre que nous adorions, LA référence absolue à NYC et ailleurs. Un long concert s’annonçait en perspective, avec des musiciens dans l’orchestre ayant plus ou moins envie de jouer le jeu. Mel, très malade, était comme souvent d’une humeur massacrante, et décida lors de la deuxième répétition qu’il ne se sentait pas de jouer toute cette musique, pourtant écrite spécialement pour lui. On sentait bien qu’il désapprouvait tout cet exercice, pourtant chapeauté par ses amis Brookmeyer et Manny Albam. On appela Danny Gottlieb pour le remplacer (En lecture à vue, bonjour…), mais Mel resta pour écouter tout le concert et joua même un morceau qu’il trouvait plus « civilisé ».
On (du moins moi) s’était donné beaucoup de mal pour écrire quelque chose spécialement pour lui, chose que tout arrangeur doit garder à l’esprit au lieu d’écrire un hypothétique concerto pour cobaye en souffrance. Il m’avait déjà rencontré auparavant et complimenté sur mon travail. Je l’ai approché à la fin du concert et il m’a dit : « Your chart was GREAT, GREAT ! up until it went into multiple-meters (…!).
Je lui ai répondu… »euhhhhhhh enfin…. C’était tout en 4/4, juré, craché… ». Il me regarda, toujours aussi sévère « you know what I mean, it sounded like it was in odd-meters ». Et avant que je ne puisse lui répondre, il me dit : « Look, odd meters are a bad thing. Very bad. Don’t do it, don’t go there. Look what it did to Don Ellis : He died from it ». Sans me laisser le temps de lui répondre, il s’en alla.
Trente ans après j’en suis toujours bouche bée.
6 mois plus tard, il s’en alla rejoindre Thad au paradis des bandleaders qui swingueront « no matter what ».
https://soundcloud.com/sallemjazz/effeminate-meanderings
https://soundcloud.com/sallemjazz/un-chanson-douce-henri-salvador
Merveilleux musicien, pianiste original et sensible. J’ai rencontré Pierre de Bethmann pour la première fois aux Djangos d’or en 1996. J’ai toujours suivi avec grand intérêt son travail remarquable. Nos chemins musicaux ne se sont pourtant jamais croisés, jusqu’en 2019, où je lui ai proposé de se joindre au projet de BIG ONE sur les « Tableaux d’une exposition » de Modeste Moussorgsky. Il nous parle de son parcours et répond aux questions de Docteur Jazz !…
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Batteuse et percussionniste éclectique, sensible et de grand talent, Julie Saury se prête au jeu du questionnaire de Docteur Jazz ! C’est un peu une “petite soeur”, nous nous connaissons depuis l’enfance. J’ai une grande tendresse pour la personne, et un grand respect pour la musicienne..
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 20:15 — 18.5MB)
“Retrouvailles” au théâtre d’Angers en Octobre 2020, avec cette figure du jazz Français ! Guitariste inclassable (bien qu’imprégné de la culture Manouche), curieux, aventureux, aimant le partage et les gens en général… Musicien très sensible et attachant, Daniel Givone répond aux questions de Docteur Jazz, dans les loges!… (les extraits sont tirés de son album solo “Different Strings”).
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Guitariste et banjoïste de talent, Félix Hunot évolue essentiellement dans le milieu du jazz classique. Il sort le premier album sous son nom: “The Jazz Musketeers”. Un excellent investissement à Noël, pour faire découvrir le jazz classique “haut de gamme” Français à vos proches !
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Si l’on excepte les récentes commémorations de la guerre 1914-1918, à l’occasion desquelles l’amnésie du monde du jazz a soudainement joui d’une rémission opportune, il faut bien avouer que James Reese Europe fait partie des musiciens méconnus de l’histoire du jazz, au moins pour le grand public…
Il existe sans doute des raisons à cela ; notamment le fait qu’il n’est pas un « pur » jazzman et que sa carrière se situe plutôt dans ce que l’on pourrait appeler : la période de gestation du jazz (grosso modo 1890-1915).
Et pourtant…
Read moreSaxophoniste et flûtiste reconnu, jazzman ouvert à tous les styles de musiques, collectionneur et spécialiste passionné de l’histoire du saxophone, Fred Couderc répond aux questions de Docteur Jazz!
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 13:42 — 18.8MB)
Arrangeur/compositeur de grand talent et garçon plutôt discret, Christophe Dal Sasso vient de recevoir une Victoire du Jazz pour récompenser son travail d’arrangeur. Docteur Jazz a voulu en savoir un peu plus, et lui a posé quelques questions !…
Christophe Dal Sasso
Né le 08/08/1968 À Hyères dans le Var.
J’ai commencé la musique à l’âge de huit ans et la trompette à 12 ans. Suite à des problèmes physiques, j’ai arrêté la trompette à l’âge de 32 ans et j’ai commencé la flûte en autodidacte. J’ai suivi le cursus d’arrangement au CIM avec Ivan Jullien de 1990 à 1994. Également des cours d’orchestration à la Scola Cantorum, ainsi que quelques cours d’analyse musicale au conservatoire du 10ème à Paris..
Les arrangeurs qui m’ont le plus influencé :
Gil Evans, Bob Brookmeyer, Thad Jones, Duke Ellington, Marty Paich.
Le projet d’écriture dont je suis le plus fier :
C’est un projet que j’ai composé et arrangé pour deux pianos et orchestre à cordes en hommage au grand architecte catalan Antoni Gaudi. Ce projet fut joué une seule fois à Clermont-Ferrand avec comme solistes, Baptiste Trotignon et Philippe Monange. Le projet était dirigé par Bastien Stil. Cette œuvre est pour moi ce que j’ai le mieux réussi, entre la tradition de la musique classique et le jazz, je dirais même pour être plus précis: la musique improvisée.
Mon arrangement préféré :
C’est celui que j’ai écrit pour Milton Nascimento sur « Morro velho »
Ce que je pourrais dire en une phrase pour définir l’écriture :
Avoir la connaissance, l’expérience, la patience et la part de mystère qui guide notre sixième sens vers la réalisation de chaque œuvre.
L’arrangement que j’aurais voulu écrire :
C’est L’adagio du Concerto d’Aranjuez par Gil Evans pour Miles Davis. Je trouve que c’est un parfait équilibre entre les parties écrites et les parties improvisées. De plus, la nouvelle orchestration de Gil Evans ne dénature en rien l’œuvre originale.
Mes projets :
Enregistrer Africa brass de John Coltrane que je viens de réarranger et réorchestrer.
J’ai un nouveau projet un peu plus « Soul » avec une saxophoniste chanteuse américaine Shekinah Rodz.
J’ai également une commande d’écriture pour les 100 ans de la mort de Camille Saint-Saëns par la ville de Dieppe. Première représentation prévue en mai 2021.
Petite anecdote :
Vécue avec Dave Liebman à la fin de la première répétition d’un projet créé en 2009 avec l’ensemble Inter-contemporain. Ce projet était à l’initiative du Tubiste Arnaud Boukhitine et de la chef d’orchestre Susanna Mällki. L’idée de cette création était de partir de deux pièces improvisées par Dave en solo, de les retranscrire et les réarranger / orchestrer pour que Dave puisse improviser sur ce qu’il avait déjà joué. Le projet était complètement atonal donc pour moi; aucun chiffrage d’accord n’était possible. À la fin de la répétition, Dave vient me parler pour me dire « Hey Man! pourquoi tu ne m’as pas chiffré les accords ? » Je lui réponds « Hey! Dave ce n’est pas possible, c’est de la musique atonale, tout est construit sur les 12 demi-ton, il n’y a pas de centre tonal ».
Il me regarde un peu énervé et me montre sa partition, il avait chiffré tous les accords par superposition de 3, 4, voire 5 étages !
Exemple : CMaj/Eb7 alt/ Ab-6.
Tout ça évidemment à la note près. Sur le coup je me suis dit: mais pourquoi faire ça ? Quelle idée, de toute façon tu joues les 12 demi-tons et ça marche… Après réflexion, j’ai essayé de me mettre à sa place et d’imaginer improviser.
Vu la complexité rythmique de ce qui était écrit et la masse sonore qui se dégageait par moments, effectivement: avoir des repères harmoniques de jazzman se révélait d’une grande utilité. En plus cela lui donnait la possibilité de jouer des choses complètement différentes chaque soir. Il y eut 3 représentations et sur ces trois concerts il n’a jamais joué la même chose…
Laurent Bataille: Batteur, percussionniste, enseignant, journaliste. Ce merveilleux musicien répond au micro de Docteur Jazz !
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Le fait est: la pandémie qui touche la planète entière, aura, on le sait, des conséquences dramatiques sur l’économie mondiale. Le sujet n’est pas de polémiquer sur le pourquoi du comment, ni sur la gestion de nos édiles et gouvernants, ou le relais des médias ; les forums et l’ensemble des réseaux sociaux regorgent de ce type de discussions.
La résultante immédiate et palpable des mesures de restrictions prises (à tort ou à raison) pour endiguer cette pandémie ; c’est que le maillage culturel si riche de notre pays est à présent en ruines… Car contrairement à ce que pensent peut-être certains, la réouverture des théâtres subventionnés ne fera pas renaître les petits festivals, les associations et les petites scènes, clubs etc, qui ont déjà mis la clé sous la porte et qui constituent (constituaient…) l’essentiel des opportunités de travail pour la grande majorité des musiciens de jazz. Artistes, associations, festivals, salles de spectacles, agents artistiques, producteurs, techniciens ; nous avons tous un genou à terre, car nous sommes liés et solidaires.
« Il faut se réinventer » a dit Abraracourcix le chef des Gaulois ! Mais ici ; point de potion magique !
Sans entrer dans la danse incantatoire du « Ya qu’à, faut qu’on », on peut se poser la question et réfléchir à la façon dont on peut rebondir individuellement et collectivement, en faisant abstraction (pour mener cette réflexion j’entends) des mesures économiques mises en place par le gouvernement pour les intermittents, qui n’auront finalement qu’un effet ponctuel et ne feront pas revenir le travail…
Se réinventer ; d’accord ! mais comment ? est-ce donné à tout le monde ? faut-il se reconvertir complètement et abandonner le monde de la culture ?
Ce n’est pas vraiment nouveau… Des musiciens de jazz qui ont été contraints de changer de direction, de faire une autre activité pour joindre les deux bouts, ou d’abandonner carrément le métier pour y revenir plus tard ; il y en a eu, il y en a, il y en aura… Wes Montgomery travaillait à l’usine pour nourrir ses enfants, et on ne compte pas les stars du jazz qui ont été pour un temps, chauffeurs de taxi ou livreurs de pizzas… Sans faire de parallèle hasardeux, on peut tout de même se rappeler que la crise de 1929 a finalement engendré le développement et la prolifération des Big Bands et propulsé le jazz sur le devant de la scène !
Et si c’était le moment de sortir de sa coquille ? De cultiver sa différence, de mettre en avant ses points forts, de profiter de cette cassure certes stressante, pour réfléchir à de nouveaux projets ou mener à bien ceux que l’on a trop longtemps mis de côté.
Est-ce mon optimisme presque maladif, qui peut parfois flirter avec la naïveté !? Je ne peux me résoudre à penser que le formidable tissu créatif de notre communauté d’artistes, le réseau de diffusion, et les millions de gens que nous irradions de nos talents, se sclérose et disparaisse, ou qu’il se fonde dans la masse infâme de la culture édulcorée et sans âme qui prendra sa place si nous baissons les bras !
Alors sous une forme un peu légère (nous en avons bien besoin) et sans doute dérisoire j’en conviens, Docteur jazz vous exhorte à ne pas sombrer dans une neurasthénie collective, dans cette « sclérose en jazz » sourde et latente qui petit à petit ronge notre moral. Communiquons, communions, montons des projets, sortons de notre zone de confort, prenons des risques, vivons et partageons notre passion, par tous les moyens possibles.
Notre mission d’éduquer aujourd’hui le public de demain et lui donner des frissons de plaisir, n’a jamais été aussi impérieuse !
Stan Laferrière
Tout le monde peut s’y mettre ! Vous aussi, participez à la lutte contre la Sclérose en jazz ! En diffusant d’ores et déjà autour de vous le concept :
« Adopte un orchestre »
Un projet d’application pour smartphone et une page Facebook dédiée sont à l’étude, pour inciter et aider les particuliers à organiser un concert chez eux, pour leurs voisins, amis etc… A suivre…
Je tiens à saluer ici des initiatives solidaires et fédératrices, parfois anciennes, qui vont dans ce sens, comme les associations « Grands Formats », « Action Jazz » ou « l’UMJ » entre autres, qui œuvrent depuis des années et militent pour la reconnaissance la lisibilité et la diffusion du jazz en France, dans sa diversité.
Une interview « express » de la Clarinettiste-compositrice Française de grand talent: Aurélie TROPEZ
Les audios de ses compositions ici
Les partitions de ses compositions ici
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