Interview de Déborah Tanguy

Incontournable vocaliste et pédagogue de la scène Française, Déborah Tanguy se livre à Docteur Jazz !

Elle anime régulièrement avec Stan Laferrière des stages pour aborder le scat à Angers. Venez profiter de son expérience !

Déborah Tanguy

DJ : Bonjour Déborah, peux-tu te présenter ?

DT : Bonjour Stan, je suis née en Normandie à Caen. J’ai commencé la musique par le violon à l’âge de 5 ans 1/2 (après une vague trop courte période de violoncelle, c’est dommage c’est beau le violoncelle) j’ai fait des études au conservatoire qui m’ont donné de solides bases musicales. Un peu plus tard, vers 12 ans, j’ai aussi commencé le saxophone sans aborder le jazz à cet instrument car on m’avait trouvé un cours de sax classique. Un peu de déception mais beaucoup de travail technique qui font qu’après presque 30 ans d’arrêt je reprends le sax avec plaisir, même si j’ai des progrès à faire pour les impros.

A l’âge de 17 ans, alors que je faisais des voyages « comédies musicales », humanitaires et coopération entre jeunes, un musicien m’entend jouer du sax puis chanter et me dit : « Deborah c’est du jazz que tu dois chanter » et je réponds « d’accord mais je dois prendre des cours » et l’histoire a commencé comme cela. 

Tout d’abord au « Caen Jazz Action » avec notamment Annette Banneville et Renald Fleury puis retour au CNR de Caen avec Richard Foy et Martial Pardo puis Paris, d’abord dans une école privée l’ »IACP » avec entre autres Sara Lazarus, Lionel Belmondo, Stéphane Belmondo, Carine Bonnefoy et bien d’autres et ensuite au conservatoire du IX arrondissement avec Guylenn Delassus, Philippe Baudoin, Jacques Schneck….

J’ai fait beaucoup de concerts en 4tet, 5tet, mais aussi en duo. J’ai également eu la chance de travailler plusieurs années avec Thierry Lalo dans les « Voice Messengers » mais j’ai dû quitter le groupe pour cause de déménagement à l’étranger. En ce moment je joue plutôt en petite formation avec guitare (Olivier Cahours) mais aussi avec piano (Carine Bonnefoy, Richard Turenago). Je chante aussi dans un groupe de blues et Funk qui s’appelle « Captain ». C’est une bande de joyeux musiciens. 

DJ : Quelles sont tes principales influences ? (Musiciens/styles)

DT : Toute petite j’ai commencé à écouter du jazz grâce à mes parents. Toute ma fratrie a été exposée à de nombreuses musiques mais j’ai tout de suite accroché avec le jazz. Dans la voiture de mon papa, il y avait des cassettes audios de Coltrane, Ornette Coleman, Parker, Miles Davis, Ella Fitzgerald, louis Armstrong et bien d’autres et dans la voiture de ma maman, je me souviens en particulier d’un cassette « Jazz à tous les étages » avec un répertoire moins spécialiste, plus large avec entre autres Cab Calloway et Minnie the Moocher. Bien sûr, à la maison nous avions aussi une très bonne collection de vinyles de choix avec, entre autres, les plus grands maîtres du jazz et plus tard des cds (j’ai eu dans ma chambre une collection type « histoire du jazz » que l’on achetait toutes les semaines) donc beaucoup d’influences jazz font partie de ma culture mais pour le scat je suis fan absolue d’Ella 🙂 

Plus tard, vers 20 ans, j’ai abordé la funk et la Soul music en passant par Stevie Wonder et Tower Of Power puis est arrivée la musique brésilienne et depuis 2006, le jazz sud-africain car j’ai habité à Capetown, rencontré et travaillé avec de nombreux musiciens sur place. C’est une nation de jazz et le fait d’en entendre parler de plus en plus dans les médias me ravit.

DJ : Quels sont, ton meilleur et ton pire souvenir de musicienne ?  

DT : C’est bien compliqué de répondre à une telle question. Je pourrais te dire que j’ai un souvenir incroyable d’avoir « joué » un rat dans une comédie musicale alors que j’étais enfant. Je n’ai aucun souvenir de ce que c’était, ni de la musique mais le fait de faire un spectacle était simplement transcendant, de même qu’avoir participé plus tard, en fin de primaire, à un concert scolaire avec un groupe anglais invité lors duquel nous, les enfants, chantions. Bien sûr, tu parles de moment en tant que musicienne donc j’imagine dans ma carrière personnelle. C’est compliqué car j’ai eu de très bons moments et crois que le plus important c’est de faire la musique que tu aimes avec les gens que tu aimes. Donc jouer avec mes groupes les répertoires que j’aime tout autant que jouer dans des groupes que je ne dirige pas mais auxquels j’adhère, me rend totalement heureuse, que ce soit dans une salle immense ou dans une petite salle. À l’inverse, faire de la musique avec des gens qui sont hostiles ne me va pas du tout. J’ai un souvenir bien compliqué d’avoir été invitée à une Jam et d’avoir été rabaissée dès la présentation au public par le pianiste, peut-être par maladresse ou non intentionnellement, et malheureusement cela reste gravé à tout jamais. Bref tout comme les bons moments, les mauvais existent et perdurent mais il faut aller de l’avant et parfois passer outre afin de pouvoir se réaliser musicalement. 

DJ : Un mot ou une phrase pour définir le jazz selon toi ?

DT : Une musique de libertés dans un monde de contraintes. 

DJ : Que penses-tu de la place qu’occupe le vocal dans le jazz actuel et notamment le SCAT ? 

DT : Je pense que la voix dans le jazz actuel se diversifie et propose tout un champ des possibles. La chanteuse n’est plus reléguée au rôle de faire valoir, à bien chanter la mélodie et c’est tout. Il y a de plus en plus d’orchestres dans lesquels la voix est un instrument à part entière. Aussi, de nouvelles personnalités vocales apparaissent ou sont confirmées et je suis toujours très intéressée de découvrir ces personnes. 

DJ : Quels sont tes projets ?

DT : En ce moment je travaille sur mon nouvel album avec Olivier Cahours. J’ai encore pas mal de textes à écrire sur de ses très jolies musiques. Nous jouons souvent ensemble dans un duo appelé « Travelling Souls ». Notre premier album était centré sur la musique de 3 continents. J’ai un album en sextet que je m’empêche de sortir depuis des lustres, avec du jazz standard et moderne… et j’ai aussi des idées autour de compositions et poésies, bref pas mal de choses à mettre développer…

DJ : Peux-tu nous dire un mot de ta pédagogie, et du stage « Aborder le SCAT » que tu animes avec moi ?

DT : J’aime enseigner et cela depuis longtemps. J’ai commencé dés l’âge de 17 ans en
donnant des cours particuliers mais c’est vraiment plus tard, lors d’un remplacement de
ma première prof de chant jazz, au « Caen Jazz action », que j’ai de plus en plus développé
mon approche pédagogique. J’essaye de trouver le bon compromis entre instrument et voix,
entre technique et inspiration, entre oreille et théorie. J’essaye également de marier toutes mes
connaissances afin d’aider de multiples façons les élèves et stagiaires que je rencontre.
Lors du stage du mois de juin dernier, et après discussion avec toi, cher docteur, j’ai plutôt axé
mon intervention sur les modes et l’impro, ainsi que le « circle singing » qui amène tout de
suite un sens collectif et une nécessité d’écouter les autres. En tant que chanteur, tu
dépends presque totalement de ta capacité à écouter ce qui se passe et donc il est
important de faire un gros travail sur l’oreille et la relation à la musicalité des différents
membres du groupe dans lequel tu te retrouves.
J’espère que tout cela sera utile aux stagiaires, que j’ai hâte de rencontrer…

DJ :  Merci Déborah ! On a hâte de te retrouver pour la prochaine session du stage !

En attendant, voici les liens où l’on peut t’entendre !

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