Rhapsody In Blue

Les 100 ans d’une oeuvre emblématique !

rhapsody in blue

12 Février 2024 : Les 100 ans de la « Rhapsody in Blue »

La « Rhapsody in Blue » fut créé durant l’après-midi du 12 février 1924 sous le titre « An Experiment in Modern Music ». Le concert eut lieu au « Aeolian Hall » à New York. Interprétée par l’orchestre de Paul Whiteman (Orchestre de jazz incluant une section de cordes), avec George Gershwin au piano qui improvisa les solos de piano. La partition de piano éditée, n’a été écrite par Gershwin qu’après le concert du 12 février, si bien que nous n’avons pas d’idée précise de ce qui a été improvisé lors du concert…

La pièce est composée par George à la demande du chef d’orchestre Paul Whiteman qui lui commande un concerto, après avoir été impressionné par sa composition pour orchestre « Blue Monday » (qui fut un échec). Gershwin, très occupé à finir sa nouvelle pièce « Sweet Little Devil », déclina tout d’abord l’offre. Mais son frère Ira Gershwin lui montra un article du 4 janvier 1924 parlant du futur concert de Whiteman et où l’on annonçait que George travaillait à un concerto… Gershwin décida finalement d’écrire cette pièce de piano, en seulement trois semaines… 

Il confia l’orchestration à Ferde Grofé (Il fit de nouvelles orchestrations en 1926 et 1942, à chaque fois pour un orchestre plus étoffé)

Petite anecdote : Le célèbre glissando de clarinette qui ouvre l’œuvre, n’est pas écrit sur la partition originale (c’est une gamme chromatique à l’origine), mais c’est une idée du clarinettiste de Whiteman : Ross Gorman, et que valide Gershwin.

Enregistrement de 1927 par l’orchestre de Paul Whiteman

Malgré quelques critiques inévitables, l’œuvre rencontre un énorme succès et propulse Gershwin au rang des grands compositeurs Américains. Celui-ci clamait pourtant haut et fort que les magnifiques orchestrations de Grofé étaient en grande partie responsable du succès…

L’orchestration originale pour l’orchestre de Whiteman (23 musiciens dont plusieurs jouent de 2 instruments) comprend : 1 flûte, 1 hautbois, 4 clarinettes (Bb, Eb, alto et basse), un basson, des saxophones, 2 cors, 2 trompettes, 2 bugles, 1 euphonium, 3 trombones dont un trombone basse, 1 tuba, 2 pianos, 1 celesta, 1 banjo, 1 batterie, tambours, timbales, contrebasse, accordéon et des violons.

L’orchestration de 1942 (La plus jouée) ne comporte qu’un seul piano, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes Bb, 1 clarinette A, 1 clarinette basse, 2 bassons, 3 cors, 3 trompettes Bb, 3 trombones, 1 tuba, 2 saxophones alto, 1 saxophone ténor, 1 banjo, des timbales et percussions diverses et une section d’instruments à cordes (Violons, altos, violoncelles, contrebasses)

Une version originale fut créée à L’IRCAM à Paris en 2012, avec l’orchestre d’Harmonie et le Big band de la Musique de L’air, dirigés par Claude Kesmaecker et Stan Laferrière. Toutes les parties de piano sont remplacées par des orchestrations de Big Band écrites par Stan Laferrière. La pièce est donc jouée sans piano… 

Il existe une méconnue mais magnifique version courte, enregistrée par le Big Band de Duke Ellington en 1962, très intéressante et terriblement « Ellingtonienne » …

Fletcher Henderson, ou La splendeur d’Henderson, inventeur du big band…

Cet homme si bien élevé, distingué et affable est aujourd’hui salué comme l’éminence grise la plus influente du premier jazz. Grise ? La couleur ne sonne pas juste, lui qui n’aimait que le rose. Les voitures roses, les cravates roses sur des chemises roses. Était-ce parce qu’en 1924, c’est au Roseland Ballroom de New York que sa première formation, le « Club Alabam Orchestra », connut son premier triomphe.

fletcher Henderson
Fletcher Henderson
Fletcher Henderson. Panama. 1925

La raison principale ? L’engagement de jeunes recrues qui à son contact auront vite la révélation de leur talent : sa majesté le « King of Saxophone », Coleman Hawkins, bien sûr, mais aussi Don Redman, Tommy Ladnier, Rex Stewart, Joe Smith, Jimmy Harrisson, Buster Bailey et plus tard Benny Carter. Mais, c’est une irruption soudaine, une éruption solaire qui va tout faire exploser dans son orchestre : celle de Louis Armstrong qui, à 23 ans, vient de quitter Chicago et King Oliver pour rejoindre New York et Fletcher Henderson pour son rendez-vous avec la gloire…

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Une petite histoire du Big Band…

Le big band (Grand orchestre), est le standard de grande formation utilisé dans le jazz. Imaginé vers le début des années 20, il est encore utilisé de nos jours. Le big band est régi par la loi des « sections », ou ensembles d’instruments d’une même famille (On parle de « pupitres » dans l’orchestre classique), mais la différence principale réside dans le fait que dans le Big band, chaque voix est unique (Dans l’orchestre classique, les voix sont doublées, triplées, quadruplées…). 

histoire Big band

NB : Cet article contient des audios représentatifs. Les images de pochettes d’albums vous renvoient à des liens YouTube pour écouter les artistes. Parfois les noms de musiciens ou de groupes aussi. Enfin, une sélection de liens intéressants vous attend également en fin d’article…

La formule du big band a subi des modifications au fil des ans, d’abord constituée de 3 anches (Clarinettes jouant le saxo), 2 cornets, 1 trombone et une section rythmique, la nomenclature va se standardiser au début des années 30. On trouvera alors : 3 ou 4 trompettes, 3 trombones, 5 saxophones (2 altos, 2 ténors et un baryton) et une section rythmique (Piano, contrebasse, batterie et guitare). Le quatrième trombone (Trombone basse) n’arrivera dans la section que dans les années 60.

LES PREMICES…

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Histoire du jazz : Ce qu’il faut savoir…

HISTOIRE DU JAZZ

« Ce qu’il faut savoir… »

Synthétisation des principales notions historiques et techniques

  1. Étymologie
  2. Caractéristiques principales du Jazz et essai de définition
  3. Bref historique de la naissance et de l’évolution des styles de Jazz

1. Étymologie

Il existe de très nombreuses théories sur l’étymologie du terme « jazz » …

Trois d’entre elles (qui se corroborent et se complètent les unes les autres), retiennent ma préférence :

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Les instruments dans le jazz…

Quels instruments trouve-t-on dans la musique de jazz, et quelle est la composition des orchestres de jazz ?

En fait, cela varie en fonction des styles et des époques…

Le jazz est en partie, né des fanfares et harmonies municipales ou brass bands, que l’on peut regrouper sous la dénomination de « Marching Bands », dans lesquels on rencontrait nombre de musiciens qui n’avaient pas les moyens de s’acheter un instrument…

On retrouve donc tout naturellement, tous les instruments présents habituellement dans ce type de formations : Cornet (trompette), tromboneclarinette (parfois du saxophone), flûtetubagrosse caissecymbalestambour (ou caisse claire)…

Ces Marching Bands rencontrent un énorme succès à la Nouvelle-Orléans, et ponctuent ou animent de nombreux évènements comme les mariages, les enterrements, les picnics, ou les fêtes diverses…

Le style Nouvelle-Orléans (Années 1910) :

Vers 1910 (et même un peu avant) on voit apparaître les premiers orchestres jouant à poste fixe. 6 à 10 musiciens. Le type d’instruments présents dans les orchestres de jazz se « standardise » alors un peu. Cornettromboneclarinettesaxophoneguitarecontrebassebatterieviolon, (un piano, lorsqu’il en existe un sur place).

La tradition du violon dans les orchestres de jazz (jusqu’en 1930) a deux origines principales. La première est qu’il était traditionnellement enseigné aux enfants de bonnes familles (Blanches, noires ou créoles). La deuxième, qu’il était un instrument incontournable de la Country Music (Voir l’article « Le violon dans le jazz »).

Contrairement à une idée reçue ; il n’y a que très rarement de banjo et de tuba dans ces premiers orchestres. Le banjo va apparaître dans les orchestres vers le milieu des années 10, pour quasiment disparaître à l’aube des années 30. On trouve dans les orchestres, différents types de banjos : des instruments à 4 cordes, accordés de diverses manières, et des instruments à 6 cordes (Voir l’article « le banjo dans le jazz« ). Le tuba sera plutôt utilisé lorsque l’orchestre est ambulant. 

Les musiciens jouent en ligne dans un ordre immuable, de gauche à droite : batterietrombone,cornetclarinetteviolonguitarebasse à cordes

king Oliver
King Oliver Créole Jazz Band

Les rôles sont plus ou moins prédéfinis, dans l’exposition du thème principal, qui s’effectue la plupart du temps en « improvisation collective » (sorte de contrepoint instantané).

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Le jazz « Traditionnel »…

Les différents styles de jazz dits « Traditionnels ou New-Orleans »

  • Bref historique
  • Idées reçues
  • Les différences notoires entre les styles New-Orleans, Dixieland, Chicago, et Dixieland revival

BREF HISTORIQUE DES STYLES DE JAZZ TRADITIONNEL

Si le premier enregistrement de jazz en 1916/17 est communément attribué à l’ODJB (Original Dixieland Jas Band, orchestre de musiciens blancs, pour la plupart issus de l’orchestre du batteur Néo-Orléanais Jack « Papa » Laine), on ne peut pas dire qu’il soit réellement représentatif de la musique de jazz de l’époque (Tiger Rag 1917), tant l’interprétation est (de mon point de vue), sautillante et caricaturale (L’ODJB enregistrera dans les années qui suivront, des faces beaucoup plus convaincantes). Avant l’ODJB, James Reese Europe enregistrera à N.York en 1915, mais il s’agit plus de ragtime que de jazz pur et cet enregistrement est passé sous silence. Il faut dire que le jazz « balbutiant » des années 10 se cherche encore… Il aura fallu une longue période de gestation (grosso modo de 1880 à 1910), pour que la conjonction de plusieurs tendances, styles, cultures, donnent enfin naissance à la musique de jazz. Parmi ces styles, les plus identifiés sont : le Gospel, le Ragtime et le Blues. Le mélange des cultures et ethnies présentes à la Nouvelle Orléans (Plus grand port mondial de commerce à cette période), apportera le terreau qui va finir par faire émerger ce nouveau style. 

On parle beaucoup des descendants d’esclaves Africains, mais un peu moins des Créoles (de culture Européenne), des Hispaniques, encore moins des Amérindiens et très peu de l’influence de la Country Music (qui va très vraisemblablement introduire le banjo dans les orchestres à partir du milieu des années 10). 

Champs de coton en Louisiane

Globalement ce sont plutôt les Africains et les Hispaniques qui apporteront les aspects rythmiques (et qui joueront souvent les instruments qui s’y rapportent, comme les percussions, la guitare, le banjo, la basse), les Créoles ou les blancs quant à eux, apporteront la « science » harmonique et la technique, puisque de culture Européenne et souvent de meilleure condition sociale, ils auront accès aux leçons de musique et à la culture (Le phonogramme notamment). Ces derniers joueront souvent le piano, la clarinette ou le violon, qui sont les instruments principalement enseignés aux enfants de « bonnes familles ». C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle on peut voir un violon dans pratiquement tous les orchestres de la Nouvelle-Orléans.

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Dizzy président : Votez jazz !…

Dizzy Gillespie

Je remets le nez dans des ouvrages traitant du jazz Bebop, et je retombe sur cette incroyable histoire de la candidature de Dizzy Gillespie pour les élections présidentielles de 1964 aux États-Unis…

Était-ce un gag ? peut-être, mais l’acteur Ronald Reagan a pourtant bel et bien été élu 40ième président des États-Unis en 1982, Arnold Schwarzenegger fut sénateur en Californie de 2003 à 2011, et ils ne sont pas des exceptions… En France, Pierre Dac en 1965 (Chef du parti d’en rire et du « MOU » : Mouvement Ondulatoire Unifié) et Coluche en 1980, chacun à sa manière et avec plus ou moins de sérieux se sont déclarés candidats…

Beaucoup de musiciens de jazz se sont impliqués politiquement par le passé et ce, depuis la naissance de cette musique. C’est notamment le cas de nombre de musiciens afro-américains, qui défendirent la cause du peuple noir, luttèrent contre la ségrégation et les inégalités sociales, de James Reese Europe à Charles Mingus. 

Dizzy ira beaucoup plus loin et s’investira véritablement dans la campagne de 64. Il multipliera rassemblements, conférences, rencontres avec la presse, concerts électoraux, meetings avec les étudiants, réunions avec les artistes, et notamment les musiciens… Son programme intégral sera même publié dans la revue « Down Beat ».

A lire, pour en savoir plus : cet article très intéressant et documenté, notamment pour la chronologie de l’aventure, qui montre que le gag du départ s’est vite transformé en véritable croisade…

Le gouvernement prévu par Dizzy en 1964 (véridique !) :

Miles Davis : patron de la CIA (Il avait lui-même proposé ses services au ministère des finances)

Duke Ellington : ministre d’état (« C’est l’homme idéal car il est capable d’embobiner n’importe qui »)

Charles Mingus : ministre de la paix (« Car on a tous intérêt à la lui foutre si on veut rester en vie »)

Louis Armstrong : ministre de l’agriculture (« Personne ne connait mieux que lui les problèmes de champs de coton ! »)

Ray Charles : directeur de la bibliothèque du Congrès

Mary Lou Williams se propose pour être ambassadrice auprès du Vatican

Malcom X : procureur général

« Après avoir examiné les qualifications et les ressources intérieures de nombreux candidats, j’ai décidé que le grand rabbin du jazz moderne, le maharadjah de la musique contemporaine, un de nos jeunes musiciens d’avant-garde les plus doués et les plus créatifs, Thelonious Sphere Monk, serait envoyé à travers le monde pendant quatre ans comme ambassadeur plénipotentiaire itinérant ». 

« Il y aura également des portefeuilles pour Peggy Lee (ministre du Travail), Ella Fitzgerald (Santé et Éducation) 

Carmen McRae, Benny Carter, Woody Herman, et Count Basie collaborent d’ores et déjà au programme éducatif sur le jazz qui sera enseigné aux enfants dans toutes nos écoles ».

Dizzy comptait rebaptiser la « White House » en « Blues House ». Le vocaliste John Hendricks écrira même des paroles originales sur « Salt Peanuts « , qui deviendra « Vote Dizzy » et figurera dans l’album « Dizzy for President », enregistré « live » à Monterey en 1963 ( Tp – Dizzy Gillespie, Sax, Fl – James Moody, Bass – Chris White, Drums – Rudy Collins, Piano – Kenny Barron).

Certains des candidats de l’élection Présidentielle qui aura lieu prochainement en France, pour autant qu’ils se prennent au sérieux, ne sont pas forcément tous plus crédibles que Dizzy Gillespie…

A la manière des portefeuilles que distribua virtuellement Dizzy à ses amis et grands jazzmen de l’époque, quel serait la composition de votre gouvernement jazz rêvé ? 😉 

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Le Jazz débarque…

suite pour Big Band, qui retrace l’histoire du jazz au travers des 2 guerres mondiales…

Une épopée du jazz en grand orchestre, vue au travers des deux débarquements alliés en 1917 et 1944

Tous les arrangements sont originaux. Les partitions de cette saga sont disponibles dans la boutique

Glenn Miller, Reese Europe (old fashion), Reese Europe (modern way)

Big Band Jazz Saga. Une histoire du jazz en big band

L’histoire du jazz en Big Band, racontée par Stan Laferrière.

Enregistré en 2016, cet album salué par la critique, retrace la grande épopée des big bands, au travers de compositions originales « Dans le style de… ». Enregistré dans les conditions du direct, les musiciens de Big One réalisent une prouesse stylistique de premier ordre, que ce soit dans l’interprétation des ensembles, comme dans les solos. Chapeau messieurs !

Les partitions de cet album sont disponibles dans la boutique

« Stan Laferrière retrace l’histoire du big band de 1915 aux années 80, du ragtime au Funk et à la fusion, en évoquant les styles et orchestres les plus marquants à travers un répertoire de sa plume. Ils sont quasiment tous là, les compositeurs et arrangeurs de Fletcher Henderson à Bob Mintzer, mais aussi les grands solistes qui ont donné au genre ses lettres de noblesse et dont Laferrière a su capter la lettre et l’esprit. Gageure tenue avec brio ! Non seulement le leader se meut comme un poisson dans l’eau dans une chronologie qu’il connaît parfaitement, mais son orchestre compte des solistes de qualité. Il fait preuve de surcroit, d’une telle faculté d’adaptation et d’un tel swing que ce qui ne pourrait être qu’une pâle copie, voire une caricature, soutient la comparaison avec les « modèles » choisis. Tant et si bien que ce survol à l’allure de saga offre une véritable leçon de jazz dont les vertus pédagogiques sont complétées par le remarquable livret signé aussi Stan Laferrière. Est il utile de préciser qu’il devrait figurer dans toutes les écoles ? « 

Jazz Magazine

Les surnoms des musiciens de jazz

Quels sont les véritables noms qui se cachent derrière les surnoms ou les noms d’emprunt des musiciens de jazz célèbres ?

John Birks, Ferdinant Lamothe, Eleanora Fagan, William Bertholoff, Ruth Jones ; ces noms vous évoquent-ils des personnalités célèbres ?…

Certains surnoms ont parfois purement et simplement remplacé le nom d’origine du musicien (Comme « Jelly Roll Morton » par exemple), d’autres, rajoutés au nom, soulignent un trait de caractère, une addiction, une façon de s’habiller, une particularité physique. D’autres sont « Honorifiques » et vantent les qualités du musicien ou son aura dans la sphère du jazz (Duke, Count, King…)

Les connaissiez-vous tous ?

Vous pouvez participer et en ajouter à cette liste, en commentant cet article…

Pop’s ou satchmo (satchelmouth) ou Dippermouth ———(Louis Daniel Armstrong) Surnommé ainsi à cause de la déformation de ses lèvres due à la mauvaise position de sa trompette…

Prez (« Le président) ————————————————————(Lester Willis Young) Surnom donné par Billie Holiday

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Les années folles…. de jazz ! (en France)

Reconstitution fictive d’après des témoignages et des écrits biographiques

27 Décembre 1930, Brasserie « le Bœuf sur le Toit », Paris

Vous voulez en savoir plus sur l’arrivée du jazz en France ? Je vous en prie mon ami, asseyez-vous.

Vous êtes ici au « Boeuf sur le Toit », un des cafés mythiques de la capitale dont je suis l’heureux propriétaire depuis 1921. Point de chute des plus brillants artistes de la capitale des années 20, ses habitués s’appellent Picasso, Radiguet, Cocteau, Stravinsky, Poulenc… Excusez-moi d’interrompre cette présentation mais je vois une tête familière s’installer au piano. Vous voyez ce petit gars à la veste rouge là-bas ? C’est mon pianiste, Jean Wiener. Il travaille ici depuis des années et attire de nombreux curieux !… Figurez-vous qu’il fait venir d’Amérique les partitions les plus récentes comme celles de Fletcher Henderson ou de George Gershwin. Souvent, il est accompagné au saxophone par son ami Vance Lowry… et alors, la nuit ne s’arrête plus : fox-trots, ragtimes de Scott Joplin, improvisations endiablées « à l’américaine », ils nous enchaînent tout çà pêle-mêle et ce, jusqu’à l’aube, au plus grand plaisir des clients qui n’ont jamais autant consommé de vin rouge. Je vais même vous faire une confidence: il n’est pas rare que quelques musiciens solitaires comme Maurice Ravel ou Erik Satie viennent s’asseoir là, discrètement, tapis dans le coin, juste à côté du piano. Le moins que je puisse vous dire, c’est qu’ils paraissent bien attentifs à ces nouveaux rythmes venus d’Outre-Atlantique.

Souvenez-vous, il y a une dizaine d’années, pendant la guerre 14-18, quand les américains sont venus lutter à nos côtés contre l’Allemagne, ils nous ont aussi fait découvrir leur étonnante musique populaire surnommée « Jazz ». Les soldats américains emplissent maintenant les cabarets et dancings de Montmartre où le cancan a laissé place au charleston. Une véritable « américanomania » s’est emparée de la capitale où tout ce qui est « made in America » est symbole de modernité. Certains pensent que cette culture brusquement débarquée chez nous est « une menace pour la civilisation française » alors que d’autres, au contraire, s’en réjouissent ouvertement.

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Mimi Perrin & les « Double Six »

Le groupe vocal dans le jazz – Scat ou vocalese ?…

Depuis les débuts et même avant, le groupe vocal a toujours été présent dans la musique de jazz (le gospel song faisant partie de sa préhistoire…).

A cappella ou non, il n’a cessé de se développer, de s’affirmer, de se sophistiquer, tout au long de l’évolution du jazz.

Inspiré des « Barbershop », chœurs d’hommes « A cappella » qui se développèrent dans le sud des États-Unis à la fin du 19ème siècle, utilisant une technique à 4 voix serrées en homorythmie avec le chant lead qui se trouve en deuxième voix (technique réutilisée par les trios et quartets vocaux des big bands des années 30 notamment, chez Jimmy Lunceford par exemple), il évoluera jusqu’à des groupes très sophistiqués comme « Take 6 » ou « Accent » actuellement.

On ne peut évidemment pas évoquer tous les groupes vocaux qui ont marqué l’histoire du jazz, mais tout de même… Les « Mills Brothers » (les pionniers incontestés), les « Hi-Lo’s » (aventureux et instigateurs du groupe vocal « moderne »), les « Meltones » (groupe vocal formé par Mel Tormé), les « Modernaires » (groupe vocal associé au big band de Glenn Miller), « Lambert Hendricks & Ross » (groupe qui a directement inspiré Mimi Perrin), « The Manhattan Transfer », « L.A Voices » etc…

En France, c’est essentiellement dans les années 50 que l’on voit l’émergence de groupes vocaux, parfois à la frontière du jazz (avec les « Parisiennes » de Claude Bolling par exemple, et plus tard les « Swingle Singers »), cette musique prenant un essor nouveau et suscitant un énorme engouement dans la période de l’immédiat après-guerre…

C’est dans ce contexte que naquit en 1959 le groupe de « vocalese » français : les « Double Six ». Imaginé et fondé par la pianiste et chanteuse Mimi Perrin, ce groupe, inspiré par le travail de Jon Hendricks, restituait (accompagné d’une section rythmique) des orchestrations de big bands, en reproduisant les 12 voix de cuivres. Il utilisait pour cela le procédé (tout nouveau) du « re-recording », en enregistrant deux fois 6 voix, sur deux pistes distinctes. 

Les « Double Six » 1962. Tous droits réservés

Pourquoi ce terme « vocalese » ?

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Les grands banjoïstes à la Nouvelle-Orléans et à Chicago.

Il est impossible de dresser une liste exhaustive et d’évoquer tous les banjoïstes qui ont contribués à l’histoire de cet instrument dans le jazz traditionnel, tant ils sont nombreux.

La plupart d’entre eux jouaient également de la guitare, car il est une idée reçue assez tenace qui consiste à penser que les orchestres à la nouvelle Orléans ne jouaient qu’avec un banjo et un tuba… 

En fait, tout dépendait de la nomenclature du reste de l’orchestre et surtout des conditions de jeu ou d’enregistrement. Si le banjo a rapidement pris l’ascendant sur la guitare dans les orchestres des années 10 et 20, c’est parce qu’il était plus puissant, surtout en extérieur, et que lors des enregistrements (avant 1926/27 et l’invention du microphone), il était plus efficace en tenant également un rôle de percussion (la batterie étant à l’époque encore assez sommaire et difficilement enregistrable).

A la lecture de biographies diverses, de documents, de récits, on s’aperçoit que « l’âge d’or » du banjo dans le jazz se situe assez clairement entre 1917 (premier exode de musiciens de N.Orleans à Chicago) et 1930 (arrivée du swing et de la pulsation à 4 temps des big bands). Avant 1917, la guitare était majoritairement employée dans les orchestres (comme on le constate sur les photos des années 1910 ci-dessous).

On comprend également, que les orchestres de parades (Brass bands) qui étaient engagés pour jouer à poste fixe et qui ne pouvaient avoir un piano sur place, préféraient le banjo (souvent un 6 cordes) à la guitare, moins puissante…

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Le banjo 6 cordes… Un instrument hybride pour les guitaristes fainéants ?…

Les idées reçues concernant le banjo à la Nouvelle-Orléans sont parfois tenaces…

Le banjo avant 1917 et le premier exode des jazzmen de N.O à Chicago, n’a qu’une place limitée dans les orchestres de jazz. Le « Blues » qui a conduit (pour une grande part) à la naissance du jazz, avait un instrument « roi » : la guitare ! C’est donc tout naturellement que cet instrument se retrouve au coeur de la rythmique des premiers orchestres jouant à poste fixe à la N.O.

A Chicago, les orchestres s’étoffent rapidement, et la guitare commence a être remplacée par le banjo qui est plus puissant et apporte un soutien rythmique plus efficace au piano (lorsqu’il y en a un dans l’orchestre).

La guitare, à l’époque, était rarement jouée avec des accords à plus de 4 sons (Ecoutez Eddie Lang ou Lonnie Johnson par exemple). les guitaristes utilisaient des triades simples sur les cordes aiguës et se servaient des cordes graves pour faire des basses marchantes…

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Duke, Basie, King Cole : trois musiciens stars du jazz, trois pianistes oubliés…

De tout temps, le « star système », engendré et entretenu par les médias (Presse, radio, TV), a fait et défait des carrières, orientant souvent celles-ci vers tel ou tel aspect de la personnalité des artistes mis en lumière. Parfois, les artistes eux-mêmes se sont laissé entraîner par le tourbillon de la célébrité, mettant plus ou moins volontairement en « sourdine » une des facettes de leur talent, pour en accentuer une autre…

Quand on parle de Duke Ellington, on pense surtout au génie de la composition et de l’orchestration.

En Count Basie, l’on reconnait un exceptionnel chef d’orchestre, qui est invariablement associé à son Big Band, formidable et unique « machine à swing ».

Nat King Cole, quant à lui, est définitivement catalogué comme le chanteur « Crooneur » du siècle, titre honorifique qu’il partage avec Frank Sinatra.

Cependant, ces trois stars du jazz ont un point en commun : 

Ce sont tous des pianistes majeurs de l’histoire du jazz, dont on a souvent oublié l’importance et l’influence sur les générations de pianistes qui les ont suivis.

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Podcast de la suite complète sur l’histoire du jazz

Suite complète sur l’histoire du jazz en quintet « De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés ». Composée et racontée par Stan Laferrière.

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Patrick Artéro : Trompette-Bugle

Nicolas Montier : Saxes-Clarinette-Guitare électrique

Philippe Milanta : Piano

Pierre Maingourd : Contrebasse

Stan Laferrière : Batterie-Banjo-Guitare acoustique-Vocal-Piano (Tableau 1 Rag)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts

Pictogramme : Philippe Du Peuty

Partitions disponibles

De Basin Street à saint-Germain-Des-Prés

De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés : Suite originale sur l’histoire du jazz. Dernier épisode

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FRENCH TRIP (St Germain des prés/Paris 1959)

Voici venir l’un des plus authentiques génies de l’histoire du jazz : Monsieur Art Blakey. S’il aime parfois scander sur sa batterie des tempos archaïques, c’est qu’il n’a pas oublié ni les « Marching bands » des précurseurs du jazz à la Nouvelle-Orléans, ni les percussions obsessionnelles de ses ancêtres Africains. Ce qui ne l’empêche nullement d’être l’un des batteurs les plus originaux et novateurs de sa génération. Blakey est un grand seigneur au sourire éclatant. Il a consacré 40 ans à diriger ses « Jazz Messengers », à développer le talent de musiciens qu’il recrutait et qui deviendront plus tard de grands noms du jazz : Clifford Brown, Lee Morgan, Benny Golson, Wayne Shorter, Keith Jarrett, Wynton Marsalis… Une telle attitude en milieu artistique, n’est guère fréquente et est infiniment respectable. Chef de file du style « Hard Bop », qui précéda de peu la révolution du « Free Jazz », son credo est de retourner aux sources du jazz : le Gospel, la Soul, le Blues ; véritables racines de la musique Afro-Américaine. FRENCH TRIP fait référence à ce séjour à Paris que firent les « Jazz Messengers » en 1959 et où ils gravèrent dans un club de St Germain des prés, le célèbre « Blues march ».

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Patrick Artéro (Trompette)

Nicolas Montier (Saxe ténor)

Philippe Milanta (Piano)

Pierre Maingourd (Contrebasse)

Stan Laferrière (Batterie)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts

Pictogramme : Philippe Du Peuty

Partitions disponibles ici  

De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés

De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés : Suite originale sur l’histoire du jazz. Episode 12

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THERE’S NO BUTTERFLY (Jazz festival/Newport 1955)

Miles Davis est passé avec sa trompette, par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Il en a même inventé de supplémentaires invisibles au commun des mortels. Et pour Miles, la plupart des mortels sont communs ! Le jazz ne manque pas de figures excessives : Jelly roll Morton, Charlie Mingus. Mais Miles est, d’après lui-même, le plus excessif des excessifs. Quand une forme musicale a donné tout son suc, il passe à la suivante. Quand sa chemise est sale, il en commande 12 nouvelles. Quand un policier lui défonce le crâne à coup de matraque, il va le lendemain se faire démolir ce qu’il en reste sur un ring de boxe. Miles Davis est difficile à suivre musicalement, mais c’est parce qu’il est toujours en avance sur tout le monde. Instigateur de plusieurs styles majeurs de l’histoire du jazz, on le retrouve à la pointe de l’innovation dans tous les courants qui voient le jour depuis les années 50 jusqu’à sa disparition en 1991. THERE’S NO BUTTERFLY, évocation du célère « All blues », nous replonge dans l’univers du formidable quintet qu’il dirigeait en 1955 aux côtés de John Coltrane, Red Garland, Paul Chambers et Philly Joe Jones.

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Patrick Artéro (Trompette)

Nicolas Montier (Saxe ténor)

Philippe Milanta (Piano)

Pierre Maingourd (Contrebasse)

Stan Laferrière (Batterie)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts

Pictogramme : Philippe Du Peuty

Partitions disponibles ici 

De basin Street à Saint-Germain-Des-Prés

De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés : Suite originale sur l’histoire du jazz. Episode 11

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CHEESE CAKE (The Haig/West coast 1952)

Les existences de Gerry Mulligan et de Chet Baker ne se sont croisées que pendant peu de temps. Ils avaient 25 ans tous les deux lorsqu’ils formèrent, en 1952 à Los Angeles, un quartet à haut risque au plan harmonique, sans piano ! L’accompagnement se limitant à une contrebasse et une batterie. A part leur origine bourgeoise blanche et leur physique de play-boy, Chet et Gerry ont peu de points communs. Chet Baker a, en effet, appris la trompette en autodidacte, pour jouer comme Harry James, et ne s’est décidé qu’à 20 ans à étudier sérieusement l’harmonie et l’analyse musicale. Gerry Mulligan, à l’inverse, a reçu très jeune une formation musicale complète et on lui a enseigné le jeu de tous les saxophones et du piano. Lorsqu’ils se rencontrent en Californie, Chet et Gerry, s’ils ont vécus avec la même passion la naissance du Be-bop, et ont été bouleversés par Parker, Gillespie et Bud Powell, se sont également mis à l’écoute d’un courant parallèle plus sophistiqué, plus sobre, plus « cool » qui s’amorce sous l’impulsion d’autres novateurs, Miles Davis en tête. C’est ainsi que naît le « Mulligan quartet » et que sont enregistrés en quelques mois une vingtaine de titres qui feront date dans l’aventure du jazz « West coast » né en 1949 avec l’album « Birth of the cool » de Miles Davis. Avec CHEESE CAKE, on retrouve toutes les caractéristiques de ce quartet mythique et du style si particulier qu’il incarne.

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Patrick Artéro (Bugle), Nicolas Montier (Saxe baryton), Pierre Maingourd (Contrebasse), Stan Laferrière (Batterie) Composé et arrangé par Stan Laferrière.

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts, Pictogramme : Philippe Du Peuty

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Mélodie contagieuse, ou l’histoire d’un standard…

« In A Mist »

in a mist

Bonjour et bienvenue dans cette rubrique du blog Docteur Jazz, disponible en podcast ! 

Il s’agit de voyager à travers l’histoire d’un standard de Jazz, célèbre ou non, et de vous faire découvrir les versions parfois iconoclastes, qu’en ont fait les jazzmen dans les décennies qui ont suivi sa composition.

J’ai décidé d’ouvrir cette rubrique avec un morceau emblématique, écrit par un musicien non moins emblématique. Je veux parler de « In A Mist » composé par Bix Beiderbecke. Musicien dont j’ai déjà parlé dans un article sur le blog

1927. Version originelle de Bix au piano

1931. Red Norvo (Marimba) et Benny Goodman (Clarinette basse)

1934. « Frankie Trumbauer And His Orchestra » le 23 février 1934. Charlie Teagarden (tp) Jack Teagarden (tb) Frank Trumbauer (C melody sax) Charles Strickfaden (cl,as) John Cordaro (cl,ts) Roy Bargy (p) Dick Mc Donough (g) Art Miller (b) Herb Quigley (d) Mischa Russell(vln) 

1949. “Harry James and his Orchestra”, enregistré le 28 décembre 1949 à Hollywood. Harry James, Everett McDonald, Nick Buono, Pinky Savitt, Ralph Osborne (Trumpet) Carl “Ziggy” Elmer, Dave Robbins, Lee O’Connor (Trombone), Juan Tizol (valve trombone), Willie Smith (Clarinet, Alto Saxophone), Eddie Rosa (Alto Saxophone, Flute), Corky Corcoran, Jimmy Cook (Tenor Saxophone), Bob Poland (Baritone Saxophone), Bruce MacDonald (Piano), Tony Rizzi (Guitar). Bob Stone (Bass). Alvin Stoller (Drums)

1956. Tom Talbert. Avec Joe Wilder (trumpet); Joe Soldo (flute); Danny Bank (clarinet and bass clarinet); Harold Goltzer (bassoon); Jim Buffington (French horn); Barry Galbraith (guitar); Oscar Pettiford (bass); Osie Johnson (drums)

1958. Michel Legrand « Legrand Jazz ». Avec, Ernie Royal, Art Farmer, Donald Byrd et Joe Wilder (Tp), Frank Rehak et Jimmy Cleveland (Tb), Gene Quill et Phil Woods (As), Seldon Powell (Ts), Teo Macero (Bs), James Buffington (Cor), Don Elliot (Vibes), Milt Hinton (B), Osie Johnson (D), Nat Pierce (P)

1964. Clark Terry. Avec Phil Woods (as), ben Webster (ts), Roger Kellaway (p), Milt Hinton (b), Walter Perkins (d), sur un magnifique arrangement de Bob Hammer.

1972. Freddy Hubbard. Avec aux Percussion: Ray Barretto, Guitar: George Benson, Drums: Billy Cobham, Bass: Ron Carter, Piano: Keith Jarrett, Flute: Hubert Laws, Bass Clarinet, Flute, Piccolo: Phil Bodner, Clarinet, English Horn, Flute, Oboe: Romeo Penque, Bass Clarinet, Piccolo: Wally Kane, Flugelhorn, Trumpet: Alan Rubin, Flugelhorn, Trumpet: Marvin Stamm, Trombone: Wayne Andre, Trombone : Garnett Brown

2017. Malo Mazurié

James Reese Europe

(Jim Europe)
22 février 1880- 9 mai 1919

Si l’on excepte les récentes commémorations de la guerre 1914-1918, à l’occasion desquelles l’amnésie du monde du jazz a soudainement joui d’une rémission opportune, il faut bien avouer que James Reese Europe fait partie des musiciens méconnus de l’histoire du jazz, au moins pour le grand public…

Il existe sans doute des raisons à cela ; notamment le fait qu’il n’est pas un « pur » jazzman et que sa carrière se situe plutôt dans ce que l’on pourrait appeler : la période de gestation du jazz (grosso modo 1890-1915).

Et pourtant…

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De Basin Street à Saint-Germain-Des Prés

De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés: suite originale sur l’histoire du jazz. épisode 10

WATCH YOUR STEP (52nd Street/Broadway 1945)

Versez, dans un béret Basque, un oiseau virtuose, un clown timbré jouant de la trompette, une quinte bémol, un Oop Bop Sh’Bam. Touillez, saupoudrez de salt peanuts. Secouez le tout vigoureusement à 300 à la noire et précipitez le mélange sur le plateau d’un Teppaz 78 tours. S’élève alors le chant du jazz Be-Bop. Lassés du jazz swing dévolu à la danse et dont les lauriers reviennent une fois encore aux jazzmen blancs comme Glenn Miller, Benny Goodman, ou Tommy Dorsey… Dizzy Gillespie et Charlie Parker atterrissent dans la 52ièmerue de Broadway à bord d’un OVNI aux allures de trompette coudée et de sax alto. Ils arrivent d’une étoile lointaine où règne un jazz dont les harmonies sont d’une richesse mystérieuse et les mélodies d’une vélocité extravagante. Dizzy et Bird, principaux instigateurs de ce style Be-bop, bientôt rejoints par d’autres extraterrestres du jazz, vont déclencher une révolution qui divisera, et notamment en Europe, le monde du jazz. Tout ce qui est convenu et logique, est exclu, on cherche à choquer l’auditeur avec des phrases heurtées. Seule concession : on utilise les « canevas harmoniques » des vieux standards. WATCH YOUR STEP utilise ce principe et offre une nouvelle mélodie sur les harmonies de « Stella by starlight ».

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Patrick Artéro (trompette)

Nicolas Montier (Saxe alto)

Philippe Milanta (Piano)

Pierre Maingourd (Contrebasse)

Stan Laferrière (Batterie)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts

Pictogramme : Philippe Du Peuty

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De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés

De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés: suite originale sur l’histoire du jazz. épisode 9

THE MOON DRIVES ME LOON (J.A.T.P./Californie 1944)

Pourquoi donc Coleman Hawkins, gentleman à l’allure fière, hérita-t-il du surnom de « Bean » ? Grand seigneur à tendance despotique, musicien érudit et curieux, en permanente évolution artistique, tel est ce novateur qui a donné ses titres de noblesse au saxophone ténor. Très attaché à son indépendance, Hawkins aimait bouger, se remettre en cause. C’est sans doute pourquoi il changea si souvent de contexte musical. Seul Fletcher Henderson parvint à le retenir quelques années dans son orchestre. Le reste de sa vie fut consacré aux voyages et à de multiples partenariats musicaux souvent couronnés de succès mais toujours brefs. Difficile de suivre son parcours musical. Depuis les années 20 chez Fletcher, où il invente quasiment le saxophone, jusqu’aux années 50 où on le retrouve, parfaitement à son aise, aux côtés de Thelonious Monk ! Une telle faculté d’évolution est rare chez les jazzmen. Entre ces deux extrêmes se situe, en 1939, son chef-d’œuvre absolu « Body and soul » : négligeant la mélodie pourtant superbe de cette ballade, l’inspiration d’Hawkins n’est guidée que par la riche trame harmonique du thème. THE MOON DRIVES ME LOON est une évocation de cette pièce d’anthologie.

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Nicolas Montier (Saxe ténor)

Philippe Milanta (Piano)

Pierre Maingourd (Contrebasse)

Stan Laferrière (Batterie)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

Pictogramme : Philippe Du Peuty

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts

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BIX BEIDERBECKE

Le but de ces petits portraits, est de vous faire découvrir des musiciens moins connus, qui ont apporté au jazz, par leur charisme ou leur personnalité. Quand il s’agira de stars, alors nous irons explorer la face cachée des artistes, ou une facette méconnue… J’ai déjà une liste en tête, mais vos idées sont les bienvenues !

S’il est des personnages emblématiques de l’histoire du jazz, auxquels la postérité ne rend pas suffisamment hommage, Bix Beiderbecke en fait assurément partie…

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De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés: suite originale sur l’histoire du jazz. épisode 8

HEY ! MISTER COUNT (Blue Room/ Manhattan 1943)

Rien de plus euphorisant et de plus décontracté que la musique de Count Basie. Rien de plus swing et efficace que le tempo léger et nerveux de sa section rythmique, qu’il ponctue de petites notes jouées dans l’aigu de son piano. Aucun autre Big band n’a eu la chance d’être soutenu par une rythmique aussi pure qu’homogène. S’il fait appel à de grands orchestrateurs (Don Redman, Jimmy Mundy, Frank Foster, Quincy Jones…) car il n’écrit pas la musique, Basie, dont l’orchestre est considéré comme la plus fantastique « machine à swing et à danser », est pourtant l’inventeur du « Head Arrangement » : Débutant seul au piano, souvent sur un blues, il invente rapidement un thème de quelques notes. Les saxes suivent en harmonisant spontanément celui-ci, bientôt rejoints par les trompettes et les trombones qui imaginent un contrepoint. En quelques minutes une nouvelle œuvre sans partition est née, qui fera sans doute le tour du monde. De grands solistes comme Lester Young ou Clark Terry auront tout loisir de s’exprimer dans ces morceaux qui laissent une large place à l’improvisation. On a souvent, à tort, minimisé le talent de pianiste du Count ; mais écoutez son solo dans « Kid from Redbank » dans le disque « Atomic Basie »… Count Basie, comme Duke Ellington, aimait aussi diriger des petites formations. Ce HEY ! MISTER COUNT illustre la période des « Kansas City » bands.

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Patrick Artéro (Trompette)

Nicolas Montier (Saxe ténor)

Philippe Milanta (Piano)

Pierre Maingourd (Contrebasse)

Stan Laferrière (Batterie)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts

Pictogramme : Philippe Du Peuty

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De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés

De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés: suite originale sur l’histoire du jazz. épisode 7

MOST OF ALL (Swanee Inn/ Hollywood 1942)

L’histoire du jazz compte bon nombre de vocalistes exceptionnels : Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Bessie Smith, Frank Sinatra, et tant d’autres… Le cas de Nat King Cole est particulier. Né d’une famille pieuse et musicienne, c’est avant tout comme pianiste qu’il s’impose au début de sa carrière. Fortement inspiré par le jeu de Earl Hines (pianiste de Louis Armstrong), il développe bientôt un style propre, d’une richesse et d’une inventivité prodigieuses et bien méconnu de nos jours, avant de fonder un trio très original pour l’époque (piano/basse/guitare) qui fera le tour du monde et influencera les plus grands, dont Ray Charles ou Oscar Peterson. Le hasard fera qu’un soir où il accompagnait la chanteuse Billie Holiday dans un bar, celle-ci ne vint jamais…On dit que c’est la première fois qu’il chanta en public, et que l’on découvrit cette voix chaude et suave qui allait faire le tour de la planète. Nat King Cole, devint le plus célèbre des crooners. Il fut le premier noir autorisé à résider à Beverly Hills et à présenter un show à la télévision. Il fit une carrière époustouflante qui occulta bientôt celle du pianiste, pourtant considéré comme majeur et novateur, précurseur du style be bop. MOST OF ALL rend hommage à ce trio hors du commun, où le dialogue entre les 3 instruments et la voix est omniprésent.

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Stan Laferrière (Piano/vocal); Nicolas Montier (Guitare); Pierre Maingourd (Contrebasse); Vincent Cordelette (Bongos)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts

Pictogramme : Philippe Du Peuty

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De Basin Street à Saint-Germain-des-Prés

De Basin street à Saint-Germain-des-Prés: suite originale sur l’histoire du jazz

SWING 96 (Salle Pleyel/Paris 1940)

On a écrit dans les années 40 que Django Reinhardt « était le seul musicien de jazz européen qui ait eu de l’influence sur les noirs Américains ». Aujourd’hui, Django n’est sans doute plus un cas unique dans ce domaine tant le jazz s’est mondialisé. Mais sans parler des « fanatiques » du style « manouche » dont il est l’instigateur, tous les guitaristes et les musiciens du monde entier continuent à vibrer à l’écoute de son art, qui les inspire même s’ils n’en sont pas conscients. Né en 1910 en Belgique, au cœur de la musique tzigane, Django écoutait dans la rue les chansons populaires et était nourri au jazz musette. La découverte de Louis Armstrong, Joe Venuti, Benny Carter l’a bouleversé, et son compagnonnage avec Stéphane Grapelli a élargi son horizon. Mais l’expression mélodique, l’attaque rythmique, l’originalité harmonique de son jeu, sont nés spontanément au fond de son cœur et de son âme. Et on peut penser, sans cynisme aucun, que l’abominable drame qui a mutilé sa main gauche, a amplifié son génie en l’obligeant à s’engager dans des recherches instrumentales sans précédent. Ce « doux fauve » comme le surnommait Jean Cocteau, laisse une trace indélébile dans l’histoire de la musique. SWING 96morceau dans lequel se glisse une citation de « Black and Tan fantasy » de Duke Ellington que Django admirait profondément, évoque la prestigieuse période du « quintet du hot club de France » avec le clarinettiste Hubert Rostaing.

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Nicolas Montier (Clarinette)

Philippe Milanta (Piano)

Pierre Maingourd (Contrebasse)

Stan Laferrière (Guitare)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

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Pictogramme : Philippe Du Peuty

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De Basin Street à Saint-Germain-des-Prés : suite originale sur l’Histoire du jazz

Episode 5

DUKE’S SERENADE (Cotton Club/Harlem 1938)

L’œuvre de Duke Ellington est si riche et variée que l’on ne sait par où l’aborder. Et si parmi les univers musicaux qu’il a explorés, certains sont d’une rare complexité, il n’a jamais oublié qu’il était noir, que l’avancement de la condition de ses frères de couleur était son objectif, que le « blues » devait transparaître dans la plus simple ou la plus sophistiquée de ses compositions, et que « It don’t mean a thing if it ain’t got that swing ». Dès le début des années 20, Duke se consacre aux grandes formations et écrit une multitude de pièces qui savent rester populaires, bien que souvent très avancées aux plans de l’harmonie et de l’interprétation. De plus, et sa démarche est rarissime dans l’histoire du jazz, il compose pour ses musiciens, solistes au son unique, qui sont autant de « couleurs » à l’instar de celles que l’on peut trouver sur la palette d’un peintre. En cela, il est considéré comme le plus grand orchestrateur de jazz de tous les temps. C’est sans doute pour cette raison que des solistes comme Johnny Hodges ou Harry Carney sont restés aux côtés du Duke pendant plus de 50 ans… Génial compositeur, Ellington est aussi un pianiste raffiné et novateur. Certains autres « maîtres » du jazz comme Thelonious Monk ou Charlie Mingus lui doivent tout (et ne s’en cachent pas). Si Duke n’intervient que succinctement dans ses œuvres orchestrales, il se plaît à s’exprimer en petites formations. Avec DUKE’S SERENADE, duo piano/baryton, on imagine la complicité qui devait exister entre Duke et Harry Carney.

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Nicolas Montier (Saxe baryton)

Philippe Milanta (Piano)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts

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De Basin street à saint Germain des Prés : suite originale sur l’Histoire du jazz

Episode 4

RUNNING FINGERS (Paloma Ball Room/ Los Angeles 1935)

Clarinette sous le bras, smoking blanc, sourire aux lèvres, Benny Goodman dirige d’un doigt infaillible la vingtaine de musiciens qui composent son Big band et interprètent un superbe arrangement de Fletcher Henderson. Une foule de danseurs s’agitent devant l’orchestre. Benny est heureux. Il a été sacré « Roi du Swing » au Carnegie Hall et son beau-frère John Hammond, célèbre producteur, s’occupe de sa carrière. Benny Goodman a franchi toutes les étapes. Dès ses débuts, il a joué aux côtés des meilleurs : Bix, Red Nichols, Ben Pollack. Puis il a monté un Big band pour faire danser les Américains : il ne faut pas oublier que le jazz fut essentiellement pendant des décennies, une musique de danse et fière de l’être. Benny est plus qu’un exceptionnel jazzman, c’est un type bien, qui n’a pas hésité à se dresser contre les préjugés raciaux. Il engage des noirs dans son big band et dans son quartet et donne leur chance à des musiciens et musiciennes qui deviendront des stars du jazz : Billie Holiday, Teddy Wilson, Lionel Hampton, Charlie Christian…Au début, les « dents blanches » vont grincer, mais Benny fait un tabac ! RUNNING FINGERS illustre la première période du trio (piano, batterie, clarinette). On comprend le succès de ce jazz minimaliste, efficace et savant.

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Nicolas Montier (Clarinette), Philippe Milanta (Piano), Stan Laferrière (Batterie)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

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De Basin Street à Saint Germain-des-Prés : Suite originale sur l’histoire du jazz.

Episode 3

FRIDAY (Arcadia Ball Room/ Saint Louis 1927)

L’existence de Bix Beiderbecke fut aussi courte que son nom est long. Léon « Bix » Bismarck Beiderbecke mourut à 28 ans, en 1931, de fatigue, d’excès et d’une pneumonie. Certains n’hésitent pas à le situer au même niveau que Louis ArmstrongBix a en effet traversé l’histoire du jazz comme un météore flamboyant. Issu d’une famille bourgeoise musicienne, son grand-père est chef de l’orchestre philarmonique de Davenport.

Le jeune Bix joue du piano et apprend le cornet à 15 ans. Il appartient à cette école de « Chicagoans » réunissant dans les années 20, de jeunes musiciens blancs admiratifs du jazz collectif de la Nouvelle-Orléans, mais qui s’exprimaient avec plus de sobriété et de délicatesse. Leur jeu mélodique et harmonique traduisait l’affection qu’ils portaient à la musique moderne européenne.

C’est en 1927 que Bix, admirateur de Debussy et Ravel, composa et enregistra au piano le génial « In a mist », parfaite symbiose entre le jazz de l’époque et le nouveau courant musical classique Français. Bix peut être considéré comme un des précurseurs du jazz moderne et notamment du style « Cool » des années 50, par la richesse harmonique de ses 5 compositions, l’apport rythmique du triolet de croches très peu employé à l’époque, et son phrasé délicat en croches égales légato, ponctué d’accents… 

FRIDAY évoque cette trop courte période durant laquelle il enregistra avec son « gang » quelques chefs-d’œuvre, tout en assurant « l’ordinaire » dans des grands orchestres dont il trouvait parfois l’esthétique contestable…

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Patrick Artéro (Cornet), Nicolas Montier (Saxe alto), Philippe Milanta (Piano), Pierre Maingourd (Contrebasse), Stan Laferrière (Batterie)

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De Basin Street à Saint Germain-des-Prés : Suite originale sur l’histoire du jazz.

Episode 2

FOR FIVE GUYS (Lincoln Garden-Chicago 1925)

1er janvier 1913 : la Nouvelle-Orléans fête bruyamment l’année qui débute. Le jeune Louis Armstrong, pour participer au joyeux vacarme, fonce jusqu’à son misérable logis de Perdido, pique le vieux revolver de son beau-père, rejoint ses copains en courant et, pour rigoler, tire en l’air 6 cartouches à blanc. Résultat : 2 ans dans une maison de redressement, le « Waif’s home ». C’est sans doute la chance de sa vie car un brave homme, le capitaine Joseph Jones qui dirige l’orchestre de l’établissement, lui apprend à jouer du cornet à pistons. Rendu à la liberté, Louis se débrouille pour jouer modestement avec les vedettes de Storyville dont le merveilleux King Oliver qui saisit son talent latent et l’engage dans son orchestre du « Lincoln Garden » de Chicago. Ce sont les vrais débuts d’Armstrong et c’est dans cette ville, en 1925, qu’il réunit son « Hot five » avec Kid Ory au trombone, Johnny Dodds à la clarinette, Johnny St Cyr au banjo et Lil Hardin au piano qu’il vient d’ailleurs d’épouser. Il va enregistrer avec cette formation, une série de disques qui comptent parmi les plus beaux de l’histoire du jazz traditionnel… L’ascension et la gloire de « Pops » – « Dippermouth » – « Satchelmouth » – « Satchmo » (Louis ne manquera pas de surnoms), ne cessera qu’avec sa disparition en 1971. Il fait partie de la poignée de génies qui ont permis au jazz de s’émanciper et d’atteindre les plus hauts sommets. On retient ici la période du « Hot five » pour évoquer Louis Armstrong. FOR FIVE GUYS reflète l’esprit du jazz des années 20.

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Patrick Artéro (Cornet)

Nicolas Montier (Clarinette/ Baryton)

Philippe Milanta (Piano)

Stan Laferrière (Banjo)

Composé et arrangé par Stan Laferrière

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts

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D’où vient le répertoire de jazz ?

D’où vient le répertoire du Jazz ? A-t-on toujours joué les mêmes morceaux ? Peut-on tout jouer de façon jazz ?… Autant de questions que l’on ne se pose sans doute pas tous les jours, mais qui sont historiquement intéressantes…

Le répertoire qui est utilisé par la musique de jazz, évolue avec les époques et les styles qui jalonnent son histoire :  on peut dégager grosso modo 5 grandes époques :

  • La période 1900 à 1920 où le jazz emprunte essentiellement au répertoire traditionnel issu du Gospel, du Ragtime et du Blues. Ces trois formes musicales issues de cultures différentes, ou plutôt leur fusion, est à l’origine de la naissance du jazz, et c’est tout naturellement dans ce répertoire que ce style naissant va aller puiser au cours de sa période d’individuation (1890-1915 environ). Ce répertoire sera utilisé dans les « Marching Bands » ou fanfares qui animeront les fêtes et évènements importants (plutôt à la Nouvelle-Orléans ou le jazz est né), mais aussi par les premiers orchestres de jazz statiques : le « Créole jazz band » de King Oliver ou « l’Original dixieland jazz band » par exemple, dirigé par Nick La Rocca et dont les musiciens sont pour la plupart issus de l’orchestre de Jack « Papa » Laine.
Snake Rag. King Oliver 1923
  • Puis, à partir du milieu des années 20 et jusqu’à la fin des années 30, le jazz qui est à l’époque de la « swing era » essentiellement une musique de danse, puisera surtout dans les thèmes écrits pour les comédies musicales de Broadway (c’est ce que l’on appelle l’American song book). Ce sont tous les standards que nous connaissons et qui sont encore joués aujourd’hui… Ces standards sont majoritairement écrits par des compositeurs qui ne sont pas jazzmen (George GershwinIrving BerlinCole Porter etc…). Mais il y a évidemment des exceptions et de taille ! Pour la plupart pianistes… Jelly Roll MortonFats WallerDuke EllingtonHoagy Carmichael, etc…
Lady Be Good. Lester Young 1936
  • Vient ensuite, entre 1940 et 1950, la période du Be-bop, où l’on utilise les canevas harmoniques des standards de Broadway pour écrire de nouvelles mélodies plus alambiquées et sur des tempos plus rapides (Charlie ParkerDizzy GillespieMiles Davis…)
Ornithology. Charlie Parker 1948
  • Puis, avec l’arrivée du Cool et du Hard bop à l’aube des années 50, la musique n’est plus écrite pour danser, les compositeurs vont alors explorer de nouvelles voies et être plus innovants sur la forme… c’est aussi à ce moment que beaucoup de grands solistes/compositeurs vont créer leur propre song book et devenir des « fournisseurs » de standards !… Thelonious MonkCharlie MingusHorace SilverBenny Golsonjoe HendersonDuke (toujours), et tant d’autres… On continue cependant à jouer les vieux standards mais on les adapte, on les modernise…
Boplicity. Miles Davis 1949
  • Enfin, vers la fin des années 60/début 70, la musique de jazz, qui s’essouffle un peu après la période du Free jazz, et, bien que déjà métissée à l’origine, va s’ouvrir à d’autres cultures ; Hispaniques, Indienne, Europe de l’Est etc… Ce nouveau courant de « jazz Fusion » ou « jazz Rock » va faire naître un nouveau répertoire avec des compositeurs comme Donald ByrdWayne ShorterJoe ZawinulChick Corea, etc…
Birdland. Joe Zawinul 1977

Dans la mouvance du « Free jazz » (dont la gestation débute dans les années 50 déjà), deux courants plus confidentiels, au sein desquels évolueront pourtant de très grands musiciens, doivent être mentionnés, bien qu’ils n’aient pas généré un grand nombre de standards.

  • Le « Third Stream » né vers le milieu des années 50. Gorge RussellJohn LewisJimmy GuiffreEric DolphyOrnette Coleman (ces deux derniers seront d’ailleurs des figures importantes du free Jazz)… Des artistes qui désiraient déjà élargir l’horizon du jazz.
  • L’AACM (Association for Advanced Creative Musicians) sorte de coopérative d’artistes, créé à Chicago en 1965 par Richard Abrams (pianiste) Malachi Favors (contrebassiste), Jodie Christian(pianiste), Phil Cohran (trompettiste), Steve Mc Call (batteur), suivis par une cinquantaine d’artistes toutes disciplines musicales confondues…
Concerto for Billy The Kid. George Russell 1956 (Third Stream)

De nos jours, lorsque l’on parle de standards, on fait essentiellement référence aux morceaux de Broadway des années 30 et aux classiques du Bebop et du Hard bop. Ce sont majoritairement ces morceaux qui sont joués en « jam sessions ».

On remarque que l’harmonie, avec des codes purement jazz, s’émancipe vraiment à partir des courants bebop et cool. La composante rythmique qui prédominait jusqu’alors (tant le jazz était essentiellement une musique de danse), passe au second plan au profit de l’harmonie, de la diversité des formes, car désormais, le jazz « s’écoute » en concert, en club, en festival…. Les compositeurs sont alors beaucoup plus en recherche d’originalité créative. Le répertoire s’étant finalement adapté à la demande sociale et à l’évolution de la musique…

Peut-on tout jouer de façon jazz ?

Oui, on peut utiliser n’importe quel support mélodique et le transformer en jazz… Il suffit d’intégrer au jeu ou à l’arrangement, une (ou plusieurs) composante qui forme son « ADN » : Le swing (croche ternaire, syncopes, placement rythmique), la paraphrase ou improvisation, les codes d’harmonisations spécifiques (Enrichissements, substitutions, superpositions, emprunts…). On peut transformer n’importe quelle mélodie en morceau de jazz… (Basie’s Beatle bag 1966 : la version de « Michele » des Beatles, ou la revisite de Led Zeppelin par Franck Tortiller et l’ONJ par exemple…). 

Michele (Beatles). Count Basie 1966
Le Petit Negre (Claude Debussy). Stan Laferriere 2012

Stan Laferrière

Docteur Jazz

De Basin Street à Saint-Germain-des-Prés

De Basin Street à Saint-Germain-des-Prés : Suite originale sur l’histoire du jazz.

Episode 1


PIONNER’S RAG (Basin Street – New Orléans 1910)

A la fin du 19ième siècle, de nombreux noirs Américains jouent du piano, souvent en autodidactes. Et ils sont familiarisés avec toutes sortes de musiques : le gospel et bientôt le blues bien sûr, mais aussi les œuvres classiques Européennes et les airs à danser en vogue : valses, mazurkas, polkas, sans oublier le cake-walk, danse typiquement Louisianaise. C’est sous les doigts de ces éclectiques pianistes que naît le ragtime, une musique savante, très syncopée, qui rencontre un énorme succès aussi bien auprès des noirs que des blancs.

Scott Joplin, né au Texas en 1868, est le plus célèbre des compositeurs de ragtimes. La partition de son « Maple leaf rag », parue en 1899, s’est vendue à des dizaines de milliers d’exemplaires, assurant sa renommée et sa fortune. Quant à sa composition « The Entertainer », elle a fait, 70 ans plus tard, le tour du monde avec le film de Georges Roy Hill « L’Arnaque ». Les ragtimes étaient joués, souvent avec talent, par des pianistes blancs dans les salons louisianais. Mais c’est surtout dans les bars, « speak-easy » et lupanars de Storyville, notamment ceux de Basin Street, que des pianistes noirs, les appréciant autant que le cigare et le gin, en donnaient la plus pure interprétation. Avec PIONNER’S RAG, hommage est rendu aux multiples pianistes, y compris des jazzmen purs comme Jelly roll Morton ou Thomas Fats Waller, qui furent les ambassadeurs du ragtime et du piano stride

Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.

Stan Laferrière (piano solo) Composé et arrangé par Stan Laferrière

Cover graphic design : Béatrice Lambrechts

Pictogramme : Philippe Du Peuty

Les partitions et le fichier mp3 de l’album sont disponibles dans la boutique.