Le banjo 6 cordes… Un instrument hybride pour les guitaristes fainéants ?…

Les idées reçues concernant le banjo à la Nouvelle-Orléans sont parfois tenaces…

Le banjo avant 1917 et le premier exode des jazzmen de N.O à Chicago, n’a qu’une place limitée dans les orchestres de jazz. Le « Blues » qui a conduit (pour une grande part) à la naissance du jazz, avait un instrument « roi » : la guitare ! C’est donc tout naturellement que cet instrument se retrouve au coeur de la rythmique des premiers orchestres jouant à poste fixe à la N.O.

A Chicago, les orchestres s’étoffent rapidement, et la guitare commence a être remplacée par le banjo qui est plus puissant et apporte un soutien rythmique plus efficace au piano (lorsqu’il y en a un dans l’orchestre).

La guitare, à l’époque, était rarement jouée avec des accords à plus de 4 sons (Ecoutez Eddie Lang ou Lonnie Johnson par exemple). les guitaristes utilisaient des triades simples sur les cordes aiguës et se servaient des cordes graves pour faire des basses marchantes…

Lorsqu’ils se sont mis au banjo, ces musiciens ont donc tout naturellement tenté de reproduire ces voicings et types d’accompagnements sur le banjo, et donc, ils avaient une nette préférence pour le 6 cordes, plus complet, qui permettait d’avoir du volume sans sacrifier les lignes de basse.

Ce n’est certainement pas un hasard si des pionniers tels, Bud Scott, Johnny Saint Cyr ou Danny Barker (qui n’était pas guitariste au départ), en font leur instrument de prédilection… A partir de 1917 et surtout à Chicago, le piano se généralise dans les orchestres (Morton, Armstrong, Bix etc…) et on ne voit plus guère de banjo 6 cordes (Sauf Saint Cyr dans le Hot 5 qui ne comporte ni basse, ni batterie).

On lui préfère dorénavant le banjo ténor en quintes (très percussif), ou le plectrum long manche, accordé CGBD (majoritairement pour les banjoïstes venant du 5 cordes ou du ténor en quintes) ou DGBE, accord dit « Chicago », plutôt pour les banjoïstes venant du 6 cordes (et pas forcément de la guitare comme on le pense souvent).

Cette forte présence du banjo 6 cordes dans toute la première période du jazz à la Nouvelle-Orléans, faisait dire à Johnny Saint Cyr (qui rappelons le jouait du ténor, du plectrum, du 6 cordes et de la guitare), qu’il considérait que le 6 cordes était le « véritable » banjo New-Orleans… Dans tous les cas, l’importance et la légitimité de cet instrument dans le répertoire New-Orleans ne peuvent être mises en cause…

A écouter pour le banjo 6 cordes :

Johnny Saint Cyr dans le Hot 5 de Louis Armstrong

On voit Saint Cyr jouer du 6 cordes dans cette vidéo de 1962 avec L.Armstrong

Bud Scott chez King Oliver dans le Canal Street Blues de 1923

Danny Barker, essentiellement après la guerre 39-45

Stan joue du banjo 6 cordes dans l’album « Chicabop »

Une formation sur le banjo jazz est disponible dans la boutique

2 thoughts on “Le banjo 6 cordes… Un instrument hybride pour les guitaristes fainéants ?…

  • 31 mai 2021 at 9:44 PM
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    Il est vrai que l’on entend un E grave dans un enregistrement de King Oliver avec Johnny Saint Cyr donc il avait un six cordes. (je ne sais plus lequel et j’ai la flemme de rechercher. My old flemme.)
    Sinon Ikey Robinson avait étudié le violoncelle et l’accordage est le même que le banjo qu’il jouait. https://www.youtube.com/watch?v=UovMdK-XEoE

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    • 31 mai 2021 at 10:11 PM
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      Oui, mais en fait, c’est un Fa grave, et c’est dans le « Canal Street Blues de 1923 » que je cite, et il s’agit de Bud Scott (qui n’a joué du 6 cordes apparemment que chez Oliver, et très peu). Saint Cyr, on le sait, en jouait majoritairement dans le Hot 5, et un peu chez Morton… Saint Cyr étant un des rares à avoir joué indifféremment dans les orchestres, du 6 cordes, du ténor en quintes (donc comme le violoncelle), du plectrum en « Chicago » et de la guitare !…;-)

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