Le petit jargon du jazz

« Taper le Bœuf »

Cette expression a largement dépassé les frontières du jazz. A l’origine : un cabaret, le « Bœuf sur le toit », ouvert le 10 janvier 1922 dans le 8ème arrondissement de Paris, 28 rue du Boissy-d’Anglas. Le nom de ce lieu créé par Louis Moysès, a été inspiré par un ballet écrit en 1920 par le compositeur Darius Milhaud. Dès son ouverture, ce cabaret rencontre un succès énorme, on peut y croiser toute l’intelligentsia Parisienne de l’époque ; CocteauJean WienerPicassoPoulencStravinskySatieTristan BernardMistinguettJacques Prévert, etc…

Durant l’entre-deux guerres, le jazz était très en vogue à Paris ; le « Bal Nègre », autre cabaret très fréquenté et prisé pour son ambiance de musiques « exotiques », a ouvert rue Blomet, en 1924. Les musiciens de la capitale, après avoir terminé leurs concerts, avaient pris l’habitude de se retrouver au « Bœuf » pour faire des jam sessions (concerts improvisés), jusqu’à la fin de la nuit ! l’expression « faire le bœuf » ou « taper le bœuf » est alors passée dans le langage courant de la profession !…

De grands artistes ont débuté leur carrière au Bœuf sur le toit, notamment Léo Ferré, les frères Jacques, ou encore Mouloudji.

Ce cabaret a déménagé plusieurs fois et se situe depuis 1941, rue du Colisée. Le « Bal Nègre » n’a pas bougé lui, et s’appelle désormais le « Bal Blomet ».

Je n’ai pas de nostalgie particulière, mais les faits sont là malgré tout. Lorsque j’ai débuté le métier en 1979, il y avait des clubs de jazz à profusion dans Paris. Rien que dans la petite rue Saint-Benoît, on n’en comptait pas moins de 4… Il était facile pour les musiciens de se retrouver après les concerts pour faire le bœufOn avait le choix ! Le Montana, L’Alliance, le Bilboquet (ancien Club Saint-Germain), le Dreher, le Petit Opportun, le Slow Club, la Villa, le Franc Pinot et j’en passe… Tous ces clubs ont disparu, et mis à part la rue des Lombards, il ne reste plus grand-chose… Alors les jeunes musiciens se sont organisés, et pratiquent dorénavant les jam sessions chez l’un ou chez l’autre, car en musique, rien ne remplace l’interactivité, le jeu collectif, la rencontre, le partage…

Stan Laferrière

Docteur jazz

Le saxophone dans le jazz

S’il est un instrument qui a grandi et a acquis ses lettres de noblesses avec la musique de jazz, c’est bien le Saxophone !   Cet instrument, arrivé tardivement, vers le milieu du 19ème siècle, n’a pas d’emblée trouvé sa place au sein de l’orchestre. Malgré quelques tentatives de compositeurs aventureux, il faudra attendre que le jazz s’en empare au début du 20ème siècle, pour assister à son essor fulgurant, au point qu’il devienne l’emblème incontesté de cette musique (qu’il demeure encore aujourd’hui).

Adolphe saxe

ADOLPHE SAXE

C’est un certain Adolphe Saxe, Belge établi en France (1814-1894), inventeur de génie, qui présente en 1841 le premier brevet d’un instrument appelé « Saxophone ». Avant cela, il met au point un diffuseur de vapeur de goudron pour aseptiser les usines et entrepôts (invention saluée par Louis Pasteur en personne !), il touche à la médecine, aux chemins de fer, mais son domaine d’action va vite se focaliser sur les instruments de musique. Dès son plus jeune âge, il démonte, ausculte, modifie toutes sortes d’instruments. Excellent clarinettiste, Adolphe déposera nombre de brevets pour améliorer la clarinette et la clarinette basse. Il prouve de façon scientifique que la forme du tube n’influe absolument pas sur le timbre de l’instrument, mais que c’est son diamètre et sa longueur…

A l’exposition de l’industrie Belge de 1841, il joue du saxophone derrière un rideau ! De peur sans doute qu’on lui dérobe son invention. C’est un peu symptomatique de la lutte permanente que va devoir livrer Adolphe, pour défendre ses inventions…

Read more

Interview Christophe Dal Sasso

Arrangeur/compositeur de grand talent et garçon plutôt discret, Christophe Dal Sasso vient de recevoir une Victoire du Jazz pour récompenser son travail d’arrangeur. Docteur Jazz a voulu en savoir un peu plus, et lui a posé quelques questions !…

Christophe Dal Sasso

Né le 08/08/1968 À Hyères dans le Var.

J’ai commencé la musique à l’âge de huit ans et la trompette à 12 ans. Suite à des problèmes physiques, j’ai arrêté la trompette à l’âge de 32 ans et j’ai commencé la flûte en autodidacte. J’ai suivi le cursus d’arrangement au CIM avec Ivan Jullien de 1990 à 1994. Également des cours d’orchestration à la Scola Cantorum, ainsi que quelques cours d’analyse musicale au conservatoire du 10ème à Paris..

Les arrangeurs qui m’ont le plus influencé : 

Gil Evans, Bob Brookmeyer, Thad Jones, Duke Ellington, Marty Paich.

Le projet d’écriture dont je suis le plus fier :

C’est un projet que j’ai composé et arrangé pour deux pianos et orchestre à cordes en hommage au grand architecte catalan Antoni Gaudi. Ce projet fut joué une seule fois à Clermont-Ferrand avec comme solistes, Baptiste Trotignon et Philippe Monange. Le projet était dirigé par Bastien Stil. Cette œuvre est pour moi ce que j’ai le mieux réussi, entre la tradition de la musique classique et le jazz, je dirais même pour être plus précis: la musique improvisée.

Mon arrangement préféré :

C’est celui que j’ai écrit pour Milton Nascimento sur « Morro velho »

Ce que je pourrais dire en une phrase pour définir l’écriture :

Avoir la connaissance, l’expérience, la patience et la part de mystère qui guide notre sixième sens vers la réalisation de chaque œuvre.

L’arrangement que j’aurais voulu écrire :

C’est L’adagio du Concerto d’Aranjuez par Gil Evans pour Miles Davis. Je trouve que c’est un parfait équilibre entre les parties écrites et les parties improvisées. De plus, la nouvelle orchestration de Gil Evans ne dénature en rien l’œuvre originale. 

Mes projets :

Enregistrer Africa brass de John Coltrane que je viens de réarranger et réorchestrer. 

J’ai un nouveau projet un peu plus « Soul » avec une saxophoniste chanteuse américaine Shekinah Rodz.

J’ai également une commande d’écriture pour les 100 ans de la mort de Camille Saint-Saëns par la ville de Dieppe. Première représentation prévue en mai 2021.

Petite anecdote :

Vécue avec Dave Liebman à la fin de la première répétition d’un projet créé en 2009 avec l’ensemble Inter-contemporain. Ce projet était à l’initiative du Tubiste Arnaud Boukhitine et de la chef d’orchestre Susanna Mällki. L’idée de cette création était de partir de deux pièces improvisées par Dave en solo, de les retranscrire et les réarranger / orchestrer pour que Dave puisse improviser sur ce qu’il avait déjà joué. Le projet était complètement atonal donc pour moi; aucun chiffrage d’accord n’était possible. À la fin de la répétition, Dave vient me parler pour me dire « Hey Man! pourquoi tu ne m’as pas chiffré les accords ? » Je lui réponds « Hey! Dave ce n’est pas possible, c’est de la musique atonale, tout est construit sur les 12 demi-ton, il n’y a pas de centre tonal ».

Il me regarde un peu énervé et me montre sa partition, il avait chiffré tous les accords par superposition de 3, 4, voire 5 étages !

Exemple : CMaj/Eb7 alt/ Ab-6. 

Tout ça évidemment à la note près. Sur le coup je me suis dit: mais pourquoi faire ça ? Quelle idée, de toute façon tu joues les 12 demi-tons et ça marche… Après réflexion, j’ai essayé de me mettre à sa place et d’imaginer improviser.

Vu la complexité rythmique de ce qui était écrit et la masse sonore qui se dégageait par moments, effectivement: avoir des repères harmoniques de jazzman se révélait d’une grande utilité. En plus cela lui donnait la possibilité de jouer des choses complètement différentes chaque soir. Il y eut 3 représentations et sur ces trois concerts il n’a jamais joué la même chose…

Chaîne Youtube

Africa Brass

Le Horla live au théâtre Sorano 

Le Scat vocal dans le jazz

ella Fitzgerald

Scat : style vocal dans lequel le chanteur ou la chanteuse, s’exprime par l’intermédiaire de syllabes ou d’onomatopées. La voix s’émancipe et devient soliste, elle n’expose plus seulement la mélodie, mais elle improvise au même titre que l’instrument.

Pour un chanteur de jazz, le scat reflète parfaitement ce que le solo est à l’instrument. Cette technique d’improvisation vocale utilise différents effets pour développer le phrasé : des onomatopées, des cris, des bruits, des mots imaginaires, tout est possible et envisageable.

Cette expression vocale nécessite, outre la technique vocale pure, un sens du rythme, une culture harmonique et une oreille développée. Comme pour l’improvisation sur l’instrument, le scat s’aborde avec une totale liberté créatrice. (Voir la vidéo « comment aborder le Scat »)

D’abord principalement anecdotique et parodique, il peut être selon les époques et les interprètes, humoristique (Slim & Slam), interactif et communicatif (Cab Callaway), mélodique (Ella Fitzgerald, Jon Hendricks) démonstratif (Dizzy Gillespie, Clark Terry), intimiste (Chet Baker), technique (Al Jarreau, Bobby Mc Ferrin), exubérant (Médéric Collignon, André Minvielle) …

C’est d’ailleurs dans les inflexions des chanteurs « pionniers » du blues, que les premiers instrumentistes de jazz vont aller puiser leur inspiration. À l’écoute des voix, ils vont chercher à reproduire les inflexions humaines en triturant le son de leurs instruments, en reculant les limites de leurs tessitures. Le Free jazz des années 60/70 en étant le reflet le plus significatif.

Read more

Plectrum banjo

Ain’t Misbehavin’ essai de réglage banjo plectrum Weymann 1930

Un petit essai de réglage sur un banjo Weymann (marque US assez méconnue). Type Plectrum 22 frettes, accordage « Chicago ». Les cordes sont des Dadario 10-17-22-32. Peau Fibreskin. Ce morceau connu de Fat’s Waller est joué avec son verse (moins connu), et avec les harmonies originales du compositeur!;-)