On débute tous un jour…

Arrangements de jeunesse pour Big band

Sans aucune idée de démonstration ni d’autosatisfaction concernant une relative précocité qui n’a à mon sens rien d’exceptionnel, voici un petit clin d’œil à mes étudiants en écriture… A la faveur de fouilles archéologiques dans mes partitions et enregistrements, je retrouve quelques arrangements de big band, écrits lorsque j’avais 16 et 17 ans. Il y a évidemment beaucoup de maladresses, mais il peut être intéressant d’analyser sommairement ces documents … (Vous avez à votre disposition l’audio, la vidéo avec score défilant, et une description pour chacun des trois morceaux).

La finalité, l’intérêt, est ici de montrer qu’avec un tout petit bagage théorique et pas d’expérience (ce qui était mon cas lorsque j’ai écrit ces orchestrations), on peut arriver à un résultat qui tient la route, pour peu que l’on fasse travailler son oreille, et qu’on la cultive…

Parti en tournée juste après mon bac, je n’ai pas eu la chance ni l’opportunité de pouvoir suivre des cours d’arrangement, il n’y avait du reste à l’époque qu’Ivan Jullien qui donnait des cours, et aucun cursus officiel… Je n’avais pas non plus la possibilité d’aller étudier aux Etats-Unis comme l’ont fait certains. Alors à l’ancienne; la débrouille et la pugnacité étaient de mise ! On relève, on écrit à tour de bras, on écoute, on recommence… Je m’étais imposé à l’âge de 18 ans (et m’y astreint encore aujourd’hui) d’écrire un arrangement de big band chaque semaine, qu’il neige, qu’il vente, et en dehors de toute commande… Résultat : plus de 3000 arrangements de « travail » pour big band ou medium band dans mes cartons (Pas tous présentables évidemment ;-).

 Là encore, rien d’exceptionnel, j’étais simplement désireux de me donner les moyens de faire aboutir mon projet. 

Toute ma vie d’arrangeur (et encore aujourd’hui), je me suis régulièrement challengé, afin de progresser pour arriver à transcrire le plus fidèlement possible sur le papier ce que j’entends dans ma tête.

Je ressors ici 3 arrangements de 1978 et 1979 (enregistrés en 1983), dont j’ai exhumé les scores (parfois folkloriques !). Mes principaux « mentors » de l’époque : Gil Evans, Marty Paich, Duke… Ce sont des compositions de mon père Marc, et pas du tout dans le style New-Orleans, comme certains pourraient s’y attendre, eh ! eh !…

Au passage, je salue quelques personnages qui à l’époque m’ont encouragé ou conseillé avec bienveillance (François Guin, François Biensan, Benny Vasseur, André Villéger, mon père bien sûr…) et d’autres qui m’ont rapidement fait des commandes ou pris sous leur aile et fait énormément progresser (Claude Bolling, Gérard Badini, Claude Tissendier, Michel Legrand, et un peu plus tard, Frank Foster, Bob Brookmeyer, et d’autres…). Je leur dois beaucoup, car je reste persuadé en tant que pédagogue, qu’en la matière, rien ne remplace la curiosité, les expériences de toute nature, et les rencontres…

On commence avec sans doute mon premier arrangement de big band enregistré …

PYRAMID

Arrangement de 1978 (écrit à l’âge de 16 ans)

(Duke Ellington a d’ailleurs composé un morceau qui porte ce même titre).

Il s’agit d’une mélodie assez originale de mon père. L’arrangement fait clairement référence au « Blues March » des Jazz Messengers, avec un petit clin d’œil à « l’Apprenti Sorcier » de Paul Dukas !

Mon père est mélodiste, autodidacte et ne connait pas grand-chose à l’harmonie, il m’avait donc demandé à l’époque d’harmoniser ses compositions et de les arranger.

Le big band est ici réduit à 3tp2tb2 saxes (Alto, ténor) et une clarinette (Lead), et rythmique avec guitare et sans piano ;

Le thème en Dm fait 10 mesures dont la dernière est à 2 temps…

Le score est en UT et plutôt pas trop mal présenté, mais ne comporte que très peu d’indications de phrasé, de valeurs de notes etc. La ponctuation sur les partitions est très importante, le manque d’indications de phrasé fait clairement perdre du temps en répétition.

PYRAMID (Marc Laferrière) Arrangement : Stan Laferrière

L’intro débute avec un motif à 3/4 mais écrit à 4/4. L’harmonie est assez riche (on entend un Bb7/9/#11).

1er thème exposé à l’unisson Saxes/Tp’s, les Tb’s jouent majoritairement les tierces des accords.

2ème thème, le back est cette fois-ci harmonisé à 4 voix (2 Tp’s/2 Tb’s) et fait entendre des accords de m7/11 et 7/9/#11

Viennent ensuite des solos de 16 mesures avec des backgrounds à partir de la 9ème mesure : 

1. Solo Clarinette. Le back très « Ellingtonien » à 6 voix avec des empilements de tierces qui font entendre les superstructures (DmM7/11/13A7/9/#11…). Bien que de manière générale, je conseille à mes étudiants de ne pas empiler les tierces, mais plutôt de les « casser » avec une seconde ou une quarte, ici ça fonctionne…

2. Solo Trombone. Le back à 4 voix en close voicing (Tb, Ténor, 2 Tp’s) est plus rythmique et plus dans l’esprit Quincy Jones…

3. Solo Alto. Le back également « Quincien » est ici à 5 voix (2 Tb’s, 3 Tp’s) et en drop 2 et 4…

Trois back grounds différents, trois modes d’harmonisation : On est clairement dans l’expérimentation, on tente des choses, on s’exerce… 😉

Suit un tutti ou « Special » : Unisson de saxes et back 4 voix (Tp’s/Tb’s) qui fait entendre des marches harmoniques (Référence à « Blues March »). Sur la deuxième partie du tutti ff, on devine l’influence de l’album « Birth of the band » de Quincy Jones qui a certainement dû bien me marquer à l’époque !

La lettre est une transition qui fait un clin d’œil à L’apprenti Sorcier de Paul Dukas, et qui avec des chromatismes, amène à la re exposition du thème. Ça fait un peu « collage » et c’est un peu « convenu ».

La coda en « miroir » fait entendre le motif de l’intro et le morceau se termine avec un accord de D7/#9/#11 qui se substitue au Dm7 (Effet récurrent chez Quincy, Gil Evans ou Thad Jones), les Tp’s faisant claquer la tonique pendant que les autres instruments jouent l’accord en Forte-Piano subito.

On constate qu’il n’y a pas de grosses erreurs harmoniques, que la couleur générale est plutôt uniforme, et je dirais que globalement, mises à part quelques maladresses, l’arrangement fonctionne…

BEGONIA

Arrangement de 1979 (écrit à l’âge de 17 ans)

Très jolie balade de mon père Marc. 

Le score est lisible, mais le chiffrage incomplet et peu précis (il manque souvent les superstructures). Encore une fois, assez peu d’indications de phrasé…

BEGONIA (Marc Laferrière) Arrangement : Stan Laferrière

Intro a-capella des soufflants qui cite la première phrase du thème, finissant sur un Gb7alt en point d’orgue.

Les accords du background entrent sur la 3ème mesure (C’est malin de laisser respirer le thème au début). La conduite des voix sur ce passage est propre, et le contrechant de bugle plutôt bien vu (bien que sur-mixé). Remarquez le Tb (ténor) qui joue les fondamentales dans le médium (Il joue finalement une partie de Tb basse, mais une octave plus haut) … ça marche pas mal, bien que ce soit peu académique et un peu redondant avec la contrebasse…

Sur B, même principe de backs avec le Tb qui continue de jouer les fondamentales et le Bugle le contrechant (qui joue souvent avec les superstructures. B4 : 13-b13).

Sur C (bridge), même principe qu’au début : 2 mesures sans back, le Bugle continue son dialogue avec le soprano : Cela donne une certaine unité de couleur. 2 mesures avant D, le thème joue des noires, alors on créée un effet en décalant le back d’une croche, le faisant jouer sur les syncopes (Remarquez la tension de seconde mineure -Tierce-neuvième, entre le deuxième saxe et la deuxième trompette. La 4ème voix, qui se trouve sur la première ligne 😉 est la seule à bouger : tonique-M7-7-6).

D : dernière ligne du thème. Ici, c’est l’ensemble des soufflants qui joue le thème, quasiment en « Big Shout » à 5 voix + la basse, toujours avec le Bugle en lead, mais regardez la voix du deuxième saxe qui s’arrête en route et tombe dans une impasse, pour jouer à la mesure suivante un petit contrechant en triolets… Puis un trombone prend le lead dans l’aigu (à la Tommy Dorsey) pour les 4 dernières mesures.

Les 5 derniers accords du morceau sont plutôt bien orchestrés, même si la conduite des voix est loin d’être parfaite ! C’est encore le Bugle qui joue le lead …

Accord coda : FM7-9-13-#11 avec la #11 à la basse… Audacieux, d’autant qu’on entend également la quinte juste jouée dans le médium par un trombone… C’est encore une coda en « miroir » qui reprend le motif de l’intro…

De manière générale, le back sur l’ensemble du morceau, est à 4 ou 5 voix, plutôt en close voicing ou drop 2. Quelques mouvements contraires (D1).

IMPATIENCE

Arrangement de 1979 (écrit à l’âge de 17 ans)

Un morceau où mon père joue de l’alto (ce qui n’était pas si fréquent), et qui fait référence à un saxophoniste qu’il a toujours adoré : Paul Desmond. Malheureusement étant autodidacte, il fallait qu’il ait les mêmes doigtés qu’au soprano, et donc il se retrouve fréquemment à jouer dans le grave de l’instrument…

Le score est ici bizarrement transposé (J’écris toujours les scores en Ut), mais la mélodie est en Ut… Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais fichtre rien ! ;-). Le 2ème trombone est écrit en clé d’Ut 4 et le premier en clé de sol ! Oulà ! c’est bien compliqué élève Laferrière ! 😉

IMPATIENCE (Marc Laferrière) Arrangement : Stan Laferrière

Intro : 2 mesures en « Big shout » à 5 voix, suivies d’un unisson des Tb’s, relayés par les ténors, avec un back à voix qui joue les tierces et les septièmes. L’intro se termine avec une phrase à l’unissons des Tp’s en doubles croches et un accord de Vème degré : A7 #9-b13

La structure du thème est en 15 mesures, puis une deuxième partie en 9 mesures…

Le thème est intégralement exposé par le sax alto. A la 8ème mesure, intervient un contrechant de Tb, suivit par le bugle, puis la trompette. Sur A15 (qui est en fait A16), le thème est maintenant soutenu par de accords à 4 voix. La 1ère Tp jouant des tenues alors que le reste du back joue rythmique. A23 fait entendre une reprise du thème, mais l’harmonie est changée et fait entendre des marches harmoniques orchestrées à 3 voix + la basse. Avant la section des solos, on entend un carillon joué par les 3 Tp’s, sur un accord arpégé qui fait entendre toutes les superstructures de D7 (triade de F, triade de D, triade de B). Il s’agit ici clairement d’une tentative d’effet qui fait un peu « collage » et peut être déstabilisant pour le soliste qui arrive…

4 tours de 8 mesures de solo, dont deux avec un back rythmique à 4 voix + basse (La Tp1 étant parfois doublé à l’octave inférieure par le ténor 2).

Arrive ensuite un tutti (dont les premières mesures sont A-Capella), joué par le Bugle soutenu par des tenues du reste des soufflants, pendant 8 mesures. La deuxième partie de ce tutti est « leadée » par la première trompette et fait entendre un « Big Shout » à 4 voix + basse, toujours avec une trompette doublée par un ténor…

est une reprise du thème avec une nouvelle harmonisation…

La coda est un « Fade out » sur un accord de tierce Picarde (DM7)

Les femmes dans le jazz…

Elles étaient majoritairement chanteuses, depuis l’aube de l’histoire du jazz, et lorsqu’elles étaient instrumentistes, souvent passées sous silence… Phénomène lié à la condition féminine et à la place de la femme dans la société de la première moitié du XXème siècle ? Résultante d’un patriarcat conformiste bien ancré dans une société puritaine et hypocrite ? 

Le chemin fut long, jonché d’embûches et préjugés divers pour ces femmes de l’ombre qui, bravant les dictats, les convenances, parfois les interdits, vont décider de faire de la musique de jazz leur métier. 

Les musiciennes sont heureusement de nos jours bien présentes sur la scène du jazz Français et international. Et même si parfois la misogynie subsiste, il faut se féliciter de voir des femmes figurer au palmarès des différents prix et concours, et à la tête de l’ONJ, enfin !  

orchestre féminin
Mary Osborne, Vi Redd, Dottie Dodgion, Marian McPartland, ?

Un contexte social peu favorable…

Dans les familles afro américaines des années 10 et 20, les femmes n’apprennent que très rarement la musique de façon académique, elles sont cependant fréquemment au contact de l’orgue ou du piano à l’église ou au catéchisme (comme Lil Hardin par exemple, la première femme et pianiste de Louis Armstrong

A l’inverse, dans les familles créoles et de culture européenne, la « bonne éducation » inclue l’apprentissage du piano ou du violon. 

De ce fait, la plupart des femmes « musiciennes » de jazz des années 20 à 40, lorsqu’elles ne sont pas chanteuses, sont pianistes. 

Il faut bien s’imaginer le quotidien du musicien de jazz depuis les années 20 et jusque vers la fin des années 60. Quotidien qui consiste bien souvent en une vie de nomade parcourant les mauvaises routes, été comme hiver, à bord d’autocars qui font office de domiciles… Il n’est pas rare que l’alcool et la drogue s’invitent, pour tromper la solitude, voire le désespoir… Dans ce contexte, la musicienne, le plus souvent chanteuse, est tolérée mais considérée comme une attraction. 

Quand il est plus sédentaire, le musicien de jazz joue dans des bars mal famés, voire clandestins à la période de la prohibition (1920-1933), dans des maisons closes, ou des ballrooms jusque tard dans la nuit. Dans ces endroits, règne fréquemment une ambiance de débauche. 

Pour les femmes qui ont une vie de famille et des enfants (ou qui aspirent à ce statut), ce métier à l’époque n’apparait clairement pas envisageable… Mais pour les plus téméraires, misogynie, sexisme, racisme primaire sont monnaie courante, et autant d’obstacles à surmonter pour ces résistantes à l’hégémonie patriarcale…

Shepard family
Shepard family 1885

Pour certaines, l’enseignement, la transmission, l’écriture, seront vecteur de reconnaissance. Comme la pianiste et compositrice Mary Lou Williams, la tromboniste et arrangeuse Melba Liston, la pianiste Toshiko Akiyoshi, ou en France Nadia Boulanger (qui rappelons le, forma entre autres, Igor Stravinsky, Quincy Jones, ou Michel Legrand). 

Certaines autres voient leur carrière de Vocaliste évincer celle de l’instrumentiste (Tania Maria, Nina Simone, La Velle, Blossom Deary, la multi instrumentiste Caterina Valente, ou encore Eliane Elias, pianiste du célèbre groupe « Steps Ahead ») …

Vers une amélioration sociale progressive…

À partir de la fin des années 60, et la « libération de la femme », les choses vont changer peu à peu… Voici pour rappel, quelques-uns des marqueurs qui ont jalonné l’avancée des droits civiques de la femme en France : 

1938 : levée de l’incapacité juridique c’est à dire avoir une carte d’identité, avoir accès à l’université.

1946 : Droit de vote.

1965 : Autorisation d’avoir un compte en banque à son nom.

1975 : Égalité Hommes/Femmes du droit à l’enseignement supérieur.

Et le meilleur pour la fin : en 2013, abrogation de l’interdiction faite aux femmes de porter un pantalon ! *

*2013 Mieux vaut tard que jamais ! Dès 1909, le pantalon peut être féminin… mais uniquement s’il est utilisé pour faire du vélo, du cheval ou du ski. Pour la petite histoire, le pantalon est interdit par une ordonnance du 16 Brumaire an IX (7 novembre 1800) pour toute personne de sexe féminin parce qu’il est considéré comme « objet de travestissement ». L’ordonnance prévoit quand même quelques cas particuliers qu’elle appelle « les autorisations de travestissement ». Amantine Dupin ou George Sand en ont bénéficié. Au fur et à mesure, l’ordonnance est assouplie mais jamais formellement abrogée. Le pantalon fait scandale dans les années 20 avant de se banaliser dans les années 60 avec le smoking d’Yves Saint Laurent ou le pantalon Courrèges. Quelle Française aujourd’hui n’a jamais porté de pantalon ? Mais jusqu’en 2013, elles étaient toutes en infraction.

Quelques figures importantes du jazz au féminin…

Sans idée de catalogue ni classement d’aucune sorte, voici quelques musiciennes exceptionnelles à bien des égards, qui auraient sans doute à notre époque, été un peu plus dans la lumière, lumière qu’elles méritaient assurément !

Lil’ Hardin (1898-1971 piano, composition)

lil hardin

Première femme et pianiste de Louis Armstrong (Hot 5 & 7), elle débute avec Freddie Keppard, puis King Oliver. Devient la pianiste de la firme Decca.

Blanche Calloway (1902-1978 cheffe d’orchestre)

blanche Calloway

Chanteuse de revue, elle débute notamment dans l’orchestre d’Andy Kirk. Au début des années 30, elle apprend les rudiments de la direction d’orchestre et monte sa propre formation : « Blanche Calloway & her joy boys ». Elle est ainsi la première femme noire cheffe d’orchestre de l’histoire du jazz…

Mais la carrière de son frère Cab fait de l’ombre à Blanche, alors même que c’est elle qui lui a mis le pied à l’étrier en le présentant à tout le monde et en lui offrant son premier rôle dans une comédie musicale… En 1938, l’aventure s’arrête… Elle continue un moment sa carrière solo jusqu’en 1940. Elle sera ensuite militante acharnée pour le droit des femmes et contre la ségrégation.

Clora Bryant (1927-2019 trompette)

clora Bryant

Membre des “Sweethearts of Rhythm”, travaille avec Billie Holiday, Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Louis Armstrong…

Mary Lou Williams (1910-1981 piano, composition, arrangement)

mary lou williams

Véritable mentor de la génération des pianistes bebop (Bud Powell, Thelonious Monk), elle débute chez Andy Kirk et Duke Ellington, et écrit des arrangements pour Count Basie et Benny Goodman. C’est une musicienne novatrice, qui sera toujours là lorsqu’un nouveau style se crée (Bebop, Third Stream). Elle jouera et écrira pour un nombre impressionnant de grands noms du jazz.

Valaida Snow (1904-1956 trompette)

Trompettiste, chanteuse, danseuse, cette musicienne surnommée « Little Louis », fera beaucoup pour la diffusion du jazz en Europe. Elle jouera dans les orchestres de Chick Webb, Count Basie, Fletcher Henderson, et avec Django Reinhardt…

Hazel Scott (1920-1981 piano)

hazel Scott

Musicienne prodige, entre à la Julliard School à l’âge de 8 ans. Elle jouera à Broadway et côtoiera Count Basie, Duke Ellington.

Blossom Dearie (1924-2009 piano)

blossom dearie

Pianiste de style Bebop et chanteuse à la voix « enfantine », elle commence sa carrière aux USA, puis déménage à Paris pour former son octet vocal. Elle rencontre Bobby Jaspar qui devient son mari.

Carla Bley (1936-2023 piano, composition)

carla bley

Figure emblématique du jazz post-bop au parcours autodidacte, elle s’intéresse très tôt dans les années 50 à la musique polytonale et polyrythmique, et se joindra au courant Free jazz par l’intermédiaire de son mari, le pianiste Paul Bley. Sa musique est jouée entre autres, par Jimmy Giuffre ou George Russell… Elle sera à l’initiative du « Jazz Composer’s Orchestra » qui créera notamment l’opéra jazz « Escalator over the Hill ». Elle écrira pour le « Liberation Music Orchestra » de Charlie Haden.

Tania Maria (1948- piano, composition)

tania maria

Pianiste Brésilienne, sa carrière débute dans les années 70 en France où Claude Nougaro lui propose de faire sa première partie et Eddie Barclay lui fait enregistrer son premier album. Elle s’installe à New-York dans les années 80. Sa musique est un mélange de Jazz, de Pop, de Choro et de Samba.

Mary Osborne (1921-1992 guitare)

mary Osborne

Fille de musiciens, elle est très tôt fascinée par Charlie Christian, elle joue alors du piano, du ukulélé, du violon, de la contrebasse. Elle accompagne Joe Venuti, Stuff Smith, Dizzy Gillespie, Art Tatum, Coleman Hawkins, Thelonious Monk, et enregistre entre autres avec Mary Lou Williams.

Melba Liston (1926-1999 trombone, arrangement)

melba liston

Tromboniste de grand talent, elle écrira de nombreux arrangements pour Quincy Jones, et surtout Randy Weston. Elle jouera avec Jimmy Cleveland, Clark Terry, Johnny Griffin, et tant d’autres…

Caterina Valente (1931- multi-instrumentiste)

Caterina valente

Chanteuse et multi-instrumentiste Italienne, elle enregistrera et jouera avec Louis Armstrong, Benny Goodman, Ella Fitzgerald, Tommy Dorsey, Buddy Rich, Chet Baker…

Marian McPartland (1918-2013 piano)

Marian mcpartland

Pianiste Britannique, ses influences proviennent essentiellement de Duke Ellington, Teddy Wilson, Thelonious Monk, Bud Powell et Bill Evans. Elle se produit surtout en trio.

Toshiko Akiyoshi (1929- piano, composition, arrangement)

toshiko akiyoshi

Pianiste Japonnaise, elle enregistre son premier disque en 1953. Elle s’installe à Boston pour étudier au Berklee College School. Elle monte un Big band avec son second mari, le saxophoniste Lew Tabackin. Son style de piano est résolument inspiré du jeu de Bud Powell. Ses compositions et arrangements, tout en étant très originales, subissent les influences de Duke Ellington, Thad Jones, ou Gil Evans.

Toshiko Akiyoshi-Lew Tabackin Big Band at Monterey Jazz Festival 1981

Vi Redd (1928-2022 saxe)

vi redd

Formée par son père, elle débute le saxo à 12 ans. Elle jouera avec des musiciens aussi célèbres que Dizzy Gillespie ou Count Basie…

Dottie Dodgion (1929-2021 batterie)

dottie dodgion

Elle débute en chantant avec Charlie Mingus et commence à jouer de la batterie en 1950.

Elle accompagnera un nombre impressionnant de stars du jazz : Benny Goodman, Eddie Gomez, Al Cohn, Zoot Sims, Michael Brecker, Pepper Adams, Sal Nistico…

Jane Ira Bloom (1955- saxe, composition)

jane ira bloom

Alice Coltrane (1937-2007 harpe, piano, vibraphone, composition)

alice coltrane

Elle débute sa carrière au sein du quartet de Terry Gibbs comme pianiste, en 1963 elle rencontre John Coltrane et devient sa femme deux ans plus tard. Elle remplace McCoy Tyner dans le quartet de John.

Lorraine Geller (1928-1958 piano, composition)

lorraine geller

Pianiste bop talentueuse et très prometteuse, sa vie a été interrompue par une maladie cardiaque. Elle a joué tôt avec le big band féminin les Sweethearts of Rhythm (1949-1951). Après avoir épousé l’altiste Herb Geller en 1951, elle déménage à Los Angeles. Au cours des sept années suivantes, elle a joué avec le who’s-who du West Coast jazz and bop dont Shorty Rogers, Zoot Sims, Stan Getz, Red Mitchell, et même Charlie Parker et Dizzy Gillespie. Geller a également travaillé comme accompagnatrice de Kay Starr en 1957 et est apparu au premier Monterey Jazz Festival en 1958, un mois avant sa mort subite. Lorraine Geller, qui avait un grand potentiel non réalisé, a enregistré trois albums avec son mari pour EmArcy, quelques titres avec lui pour Imperial, un disque de Red Mitchell, et a fait un trio pour Dot en 1954.

Et tant d’autres …

De nos jours, et globalement depuis les années 1980, les femmes instrumentistes se font enfin une vraie place dans le jazz, qu’elles soient instrumentistes, compositrices, arrangeuses, cheffes d’orchestres …

Lorsque j’ai débuté le métier en 1979, elles étaient encore très peu en France. Pour ne citer qu’elles : Helene Labarrière (contrebasse), Joëlle Léandre (contrebasse), Marie-Ange Martin (guitare) etc…

Ailleurs : Terri Lyne Carrington, Rhoda Scott, Carla Bley… etc

Puis progressivement, sans doute aussi un peu grâce au développement des écoles et classes de jazz à partir des années 90, sont arrivées en France : Sophia Domancich (piano) Julie Saury (batterie) Airelle Besson (trompette), Sophie Alour (saxe), Leila Olivesi (piano), Aurélie Tropez (clarinette), Ramona Horvath (piano), Anne Pacéo (batterie), Géraldine Laurent (saxe) Ellinoa (Composition, arrangement) … etc

Ailleurs : Nathalie Loriers (pianiste Belge) Maria Schneider (Composition, arrangement) … etc

Les orchestres de femmes : une pratique qui perdure …

orchestre féminin

Attraction commercialement rentable ? S’unir pour exister ? Seule manière d’accéder à la scène et d’affirmer un « Girl’s Jazz Power » ?

Le fait est que si ces orchestres ont souvent été des prétextes, initiés par des producteurs dans le but d’attirer du public, nombre de formidables musiciennes ont été « repérées » dans ces formations et ont poursuivi des carrières de solistes.

International Sweethearts of Rhythm

sweethearts of rhythm

Groupe féminin formé à l’orphelina de Piney Wood dans le Mississipi en 1938. En avril 1941, le groupe, connu sous le nom de International Sweethearts of Rhythm, devient professionnel et rompt ses liens avec Piney Woods. Le terme « International » fait référence aux différentes races représentées dans le groupe, notamment les Latines, les Asiatiques, les Caucasiennes, les Noires, les Indiennes et les Portoricaines. Anna Mae Winburn devint chef d’orchestre en 1941, après avoir démissionné de son ancien poste à la tête d’un groupe entièrement masculin, les Cotton Club Boys à North Omaha, Nebraska.

L’International Sweethearts of Rhythm a joué devant un public majoritairement noir dans des théâtres à travers les États-Unis, notamment l’Apollo à Harlem, le Howard Theatre à Washington et le Regal Theatre à Chicago. Il atteint rapidement de la notoriété auprès du public afro-américain, avec un spectacle au Howard Theater qui établit un nouveau record : 35 000 spectateurs au box-office.

Tout au long des années 1940, le groupe met en vedette certaines des meilleures musiciennes de l’époque. Malgré le niveau et le talent de l’orchestre, ces femmes sont confrontées à la discrimination sexuelle et raciale. Comme le groupe est racialement mixte, elles sont également confrontées aux lois Jim Crow du Sud. Lorsque le groupe se déplace dans la région, toutes les membres mangent et dorment dans le bus en raison des lois qui les empêchent d’aller dans les restaurants et les hôtels.

sweethearts of rhythm

En 1945, le groupe entreprend une tournée européenne de six mois en France et en Allemagne, faisant de ces musiciennes les premières femmes noires à voyager avec l’United Service Organizations (USO).

Le groupe commence à se dissoudre progressivement après le retour de la tournée européenne de 1946. Parmi les raisons probables de cette dislocation, on peut citer : le mariage, le changement de carrière, la fatigue d’être toujours sur la route, le vieillissement, les problèmes de gestion.

Au début du XXe siècle, la plupart des orchestres de jazz ne présentaient qu’une « chanteuse », estimant que c’était la seule place pour les femmes dans le jazz. Les femmes ne jouaient que rarement au sein de l’orchestre et plus rares encore étaient celles qui écrivaient des arrangements ou des compositions.

Pourtant, même si elles ont été ignorées par la presse de l’époque, les Sweethearts of Rhythm ont réussi à surmonter les obstacles et à montrer que les femmes avaient largement leur place sur scène…

Rumbanana

rumbanana

Interview/témoignage téléphonique de Julie Saury, batteuse du groupe.

Certains l’aiment chaud

certains l'aiment chaud

Interview/témoignage téléphonique de Nathalie Renault, banjoïste du groupe.

Rhoda Scott lady quartet

A lire : 

jazz/sexisme

« Les femmes du jazz” : Marie Buscatto