Interview de Cyril Achard

Guitariste et pédagogue depuis le milieu des années 90, Cyril Achard présente et partage sa passion et sa science de l’harmonie, au travers de publications passionnantes et d’un site web. Docteur Jazz avait envie de mettre en valeur son travail exceptionnel sur le sujet, et de l’associer à la formation sur l’ARRANGEMENT JAZZ proposée par le blog, tant la complémentarité des deux approches semble évidente.

Cyril a bien voulu répondre à quelques questions !

 Bonjour Cyril, peux tu te présenter ?

Je suis guitariste, compositeur et pédagogue. J’ai visité de nombreux styles musicaux depuis le début de mon parcours professionnel jalonné d’albums, de tournées et master classes. Mais en regardant dans le rétroviseur, je dirais que j’évolue dans une sphère jazz aux contours fluctuants !

– Quelles sont tes principales influences ? (Musiciens/styles)

En tant que musicien, le jazz est mon berceau. Pour les harmonies, le rapport à l’improvisation et le langage de façon générale. 

Ma période électrique-rock a sûrement laissé des traces dans ma sensibilité et mon identité musicale, même si aujourd’hui à l’écoute de mon dernier album, certains auront du mal à trouver un lien entre les différentes facettes du personnage.

Si j’ai toujours écouté de la musique classique de façon irrégulière, depuis une dizaine d’années cette musique m’envahit et me nourrit quasi exclusivement.

Alors pour résumer mes influences les plus fortes : Miles Davis période 64-68, Herbie Hancock et Wayne Shorter pour l’ensemble de leur carrière. Tous les merveilleux compositeurs qui ont fait l’histoire du jazz, comme Porter, Gershwin, Rodgers, Kern, Ellington, Parker, Monk, Metheny.

Je suis un fan absolu de Sting, Stevie Wonder, Queen et Freddie Mercury, des Beatles pour l’influence Pop.

Mais au-dessus de tout cela trône la sainte trinité avec Debussy, Ravel et Fauré !

– Un mot ou une phrase pour définir le jazz selon toi ?

C’est un rapport intense entretenu avec le moment présent, lorsque le temps semble se dilater tant l’instant est vécu profondément. 

Pour moi, le jazz est synonyme de liberté. C’est ce qui place le concept d’improvisation au-dessus du reste et à tous les niveaux : réappropriation des thèmes, des harmonies, du soutien rythmique, place accordée aux solistes.

– Comment en es-tu venu à te passionner pour la l’harmonie et son histoire ?

Mon premier professeur de guitare, Gérard Sumian, m’a transmis le goût des belles sonorités et des belles harmonies, cela doit partir de là. J’ai commencé très tôt à composer en abordant l’exercice avec passion. A l’image de la controverse Rameau-Rousseau, je me suis toujours demandé quel était le moteur et le fondement du processus d’écriture : l’harmonie ou la mélodie ? 

J’ai toujours volontairement occulté l’analyse des principes harmoniques qui guidaient mes compositions, afin de ne pas tarir la source ! Jusqu’au jour où, grâce à mon mentor Patrice Nicolas, je fus initié aux rudiments contrapuntiques et à l’approche linéaire de façon générale.

Dans la même période, je fus chargé de mettre en place un cursus musical professionnel, ce qui me conduit à rédiger un programme d’harmonie.

Cette expérience fut révélatrice : comment faire cohabiter expérience et approche personnelle intuitive avec le discours « académique ».

Je dus dans un premier temps abandonner certaines certitudes acquises au fil de mes quelques lectures d’ouvrages théoriques jazz. Avec un ami professeur d’écriture au conservatoire de Nantes, nous avons passé des années à refaire « l’histoire tonale ».

De là, je pris pour habitude d’expliquer l’harmonie jazz en prenant soin de ne pas scier la branche classique sur laquelle elle reposait.

Ma curiosité naturelle m’a poussé à rechercher plus en amont encore, lorsque certaines explications classiques ne me suffisaient plus. Les questions historiques se sont naturellement mêlées aux débats grâce aux merveilleuses personnes qui m’ont généreusement alimenté et avec lesquelles je continue toujours de creuser ces sujets intarissables. Je pense à Emmanuelle Ceulemans, Nicolas Meeùs, Franck Lagarde.

– Parles-nous un peu de ton approche pédagogique…

J’ai pour habitude d’ouvrir des horizons, plutôt que de montrer des chemins tracés.

Aider l’étudiant à acquérir une méthode transposable et le rendre autonome pour la suite de son apprentissage individuel. Aide à devenir chercheur plutôt que trouveur.

Bien sûr il y a des sujets incontournables, mais en théorie j’aime bien donner tous les points de vue avant de favoriser le mien. 

A ce sujet, je suis récemment arrivé à la conclusion suivante : le plus souvent les différends théoriques n’existent que parce que le critique ne prend pas en considération l’ensemble de la pensée de celui qui s’exprime. 

Ce qui importe ce n’est pas le point de vue subjectif sur un sujet, mais comment ce sujet sert de cheminement dans un modèle de pensée global et cohérent.

– Quels sont tes projets ?

La sortie ces jours-ci de notre album avec la soprano Melody Louledjian, intitulés « les Chants de l’Aube et du Soir » sur le label Klarthe. En espérant qu’il y aura des concerts à la clé.

J’aimerais trouver le temps de travailler me technique de guitare classique, de lire les différents traités d’harmonie qui s’accumulent sur ma bibliothèque.

Je projette d’écrire en binôme avec Patrice Nicolas, un ouvrage d’harmonie modale.

Et si j’arrivais à concilier les styles, j’aimerais enfin enregistrer cet album d’arrangements de standards que je traîne depuis trop longtemps derrière moi.

Site Pédagogique sur l’Harmonie

Site Web Chants de l’Aube et du Soir

Publications

Klarthe Records

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