Streaming, réseaux sociaux, YouTube, concerts, CDs, radio : de quelle manière consommez-vous la musique ? Et comment vos enfants y ont-ils accès ?
La technologie des appareils, les modes de diffusion, la façon de consommer la musique (et l’art en général), ont considérablement évolué en 10 ans.
Docteur Jazz voulait faire le point, avec ce petit article, qui vous invite à réagir sur les avantages et inconvénients de ces évolutions, ainsi que leur impact sur la culture générale et la transmission aux jeunes générations dans ce domaine.
LE DISQUE
Ce n’est un secret pour personne ; l’industrie du disque est en crise depuis une dizaine d’années. Les modes de consommation de la musique ont totalement muté dans la dernière décennie. L’explosion du numérique, des réseaux sociaux, mais aussi la récente pandémie et les contraintes qu’elle a imposées, ont fortement modifié notre rapport à la culture.
La crise du disque a certainement des causes multiples, parmi lesquelles :
- Le maintien de la TVA à 19,5% (contre 5,5% pour le livre, ce qui est aberrant, car cela rend le CD inaccessible à tout un pan de la société). Une véritable question peut être ici posée quant à l’égalité concernant l’accès à la culture…
- Le développement du streaming et l’ouverture de nombreuses plateformes (dont l’offre est souvent limitée, notamment dans les musiques comme le jazz, le classique ou les musiques improvisées)
- La disparition progressive des lecteurs CDs dans les foyers, comme dans les voitures par exemple (au profit d’appareils plus généralistes, comme les tablettes, smartphones et autres ordinateurs)
Oui, il est très pratique d’écouter de la musique sur des supports numériques. Voici quelques aspects positifs de ce mode de consommation :
- On peut sélectionner uniquement les morceaux qui nous plaisent
- Pas de problème de stockage (les disques prennent de la place)
- On peut écouter sa musique n’importe où, avec un IPhone, un ordinateur…
Le revers de la médaille :
- Le format très compressé du MP3 prive nos oreilles (aguerries ou non) de nombre d’informations musicales, de nuances, de détails… faites le test : écoutez un CD bien enregistré (même en numérique) sur une bonne chaîne audio, et passez le même morceau en MP3 sur le meilleur système son que vous ayez pour votre ordi ou smartphone… La différence est saisissante !
- Vous n’avez souvent accès (sur les plateformes ou YouTube) qu’à des informations très incomplètes, voire erronées concernant l’enregistrement, les musiciens etc (line up)
- Le fait de souvent écouter de la musique avec un casque (parfois de mauvaise qualité), dans des conditions très moyennes d’écoute (transports, bureau, loisirs) ne peut-il pas s’apparenter à une sorte de « fast fooding » musical ? On n’écoute pas vraiment… Qui prend encore le temps et le plaisir de s’asseoir dans son canapé, au calme, pour écouter un bon disque ?
LES RESEAUX SOCIAUX
Ils sont désormais totalement incontournables ! Avec, là aussi, des aspects positifs et négatifs.
Le fait est, que YouTube ou Facebook m’ont donné à plusieurs reprises l’opportunité de découvrir des artistes ou des enregistrements qui m’étaient jusqu’alors inconnus (et je ne suis certainement pas le seul). Le flot permanent de vidéos et publications sur les réseaux sociaux, réserve parfois de très belles surprises !
Mais pour une très grande part (il en est de même sur les ondes radio ou TV, et ce n’est pas récent), la tendance est à l’uniformisation et au nivellement par le bas. La bonne excuse des diffuseurs étant de prétendre que c’est ce que le public demande… Mais comment le public peut-il aimer ou découvrir autre chose, lorsqu’on ne lui passe en boucle que les 10 mêmes chansons ?… C’est un grand débat, qui peut rejoindre celui de l’accès à la culture pour tous !…
Mes collègues et amis musiciens ont tous entendu ça à la fin d’un concert : « Ah mais j’adore cette musique, je ne connaissais pas… » Ou alors : « C’est ça le jazz ? mais pourquoi on en entend jamais à la radio ? »
Sous-entendu, les radios grand public et pas les radios spécialisées bien entendu…
Autre problème des réseaux sociaux, et là aussi mes collègues savent de quoi je parle : la publication sauvage et sans autorisation, d’une jam, d’une répétition, voire d’un extrait de concert, souvent d’une qualité audio pitoyable, qui forcément, dessert la musique…
LES CONCERTS
Nous le constatons tous : la pandémie de COVID qui dure depuis deux ans et qui n’en finit pas, a engendré un changement de comportement du public. Beaucoup (contraints par la fermeture prolongée des salles), ont pris l’habitude de consommer de la culture chez eux, sur leurs écrans… Il faut rester optimiste, et espérer une sortie rapide de cette « torpeur généralisée » induite par la privation de salles, mais le public reviendra -t-il en masse dans les théâtres et salles de concerts ? On le souhaite bien sûr, car mieux que tout support, écouter la musique en direct, en osmose avec les artistes, reste une expérience tout à fait unique et irremplaçable.
ET LES JEUNES GENERATIONS ?
De mon point de vue, le problème principal engendré par la disparition annoncée des appareils dévolus exclusivement à l’écoute de la musique (et donc des supports physiques comme les CDs), réside dans le fait que la musique est à présent majoritairement consommée sur des appareils généralistes (Smartphones, tablettes, ordinateurs). Cela « gâche » un peu la magie, annihile l’envie, banalise la démarche… On zappe, on écoute un demi-morceau, puis on passe une vidéo, puis on répond à un mail… C’est évidemment très dommageable pour la jeune génération, qui fait rarement l’effort de se renseigner sur ce qu’il écoute, sur l’artiste etc… C’est un phénomène que je vois s’intensifier au fil des ans, y compris chez les étudiants en musique. C’est finalement » l’accès trop facile » en quelques clics, qui tue la curiosité et finit par nuire à la culture générale… Le zapping n’a pour moi rien à voir avec la curiosité (celle qui pousse les gens à s’intéresser à un sujet, un artiste etc), mais il s’apparente plus à une sorte de voyeurisme.
On fait de plus en plus rarement la démarche d’écouter vraiment et spécifiquement de la musique.
En cela, et surtout pour les plus petits, l’attitude des parents est primordiale, tout comme leur propre rapport à la musique (et à la culture en général). Un appareil dévolu spécialement à l’écoute de la musique à la maison, permet à l’enfant d’identifier clairement un objet, et de l’associer à une action qui déclenche un plaisir ! Il pourra alors facilement vous manifester son désir et sa curiosité. C’est une chose que je constate tous les jours avec mes jumeaux de 2 ans, qui pointent du doigt la chaine hifi lorsqu’ils veulent écouter de la musique. Un smartphone ne remplacera jamais un concert, un disque, un livre, ou un tableau de maître, et c’est tant mieux !
Stan Laferrière
Pour ma part, même si j’écoute beaucoup de musique sur les plateformes de streaming, les CD n’ont pas totalement disparu de la maison. J’en emprunte souvent à la médiathèque, c’est l’occasion de découvrir des artistes que je n’aurais jamais connus autrement !
Merci Chloé pour ce témoignage. Bon réflexe que d’emprunter à la médiathèque, c’est une très bonne solution pour découvrir des artistes !
Heu, je croyais qu’il fallait répondre à une question. En fait ce n’est pas une question, c’est un titre à la forme interrogative ! Peut-être serait-ce intéressant de nous demander comment nous écoutons le jazz ?
Cher ami, c’est exactement ce qui est indiqué au début de l’article !…;-) (« vous invite à réagir… »)