En cette rentrée scolaire 2021, le blog a décidé de faire quelques portraits et interviews d’enseignants (enseignantes) du jazz. Robin Notte, Clavieriste polyvalent de grand talent et pédagogue, répond aux questions de Docteur Jazz.
DJ : Bonjour Robin, peux tu te présenter ?
RN : Je m’appelle Robin Notte, je suis pianiste, clavieriste. Je mène en parallèle une carrière de musicien (leader et accompagnateur) et de pédagogue. Coté pédagogie, je suis spécialisé dans l’enseignement du Jazz. En revanche artistiquement, j’ai fait énormément de projets de musiques actuelles dans toutes sortes d’esthétiques. Depuis une dizaine d’années je parcours les routes, principalement aux cotés d’artistes de la chanson française.
DJ : Quel est ton parcours ?
RN : J’ai commencé la musique a l’âge de 8 ans dans une petite école de musique municipale de Seine et Marne. Un peu de piano classique d’abord, puis au bout de 5 ans, j’ai arrêté pour prendre des cours de piano Jazz avec le prof de l’école. Comme ça me plaisait bien, à l’âge de 15 ans mes parents m’ont inscrit dans un stage de jazz d’été. Ce stage a changé ma vie. J’y ai rencontré un certain Julien Dubois , jeune saxophoniste de mon âge qui était super doué et super motivant. En sortant de ce stage j’ai décidé que je voulais faire de la musique toute ma vie et j’ai monté mon premier groupe avec lui. J’ai fini le lycée et après le bac, je suis rentré au Conservatoire départemental de Noisiel, dans l’espoir de passer les diplômes mais ça s’est mal passé avec le prof de piano. J’ai quitté le conservatoire, et à partir de là je me suis fait tout seul, en cherchant les réponses par moi-même. J’ai appris en dévorant « le livre du piano jazz de Mark Levine » en écoutant énormément de jazz, en repiquant des disques, en m’entourant de musiciens plus forts que moi et en écoutant leurs précieux conseils. J’ai suivi quelques cours avec le fabuleux Emil Spanyi aussi.
DJ : Comment es-tu venu a l’enseignement ?
RN : J’y suis venu un peu par hasard. Une école associative cherchait un prof de piano jazz et m’a contacté. J’avais 19 ans, j’avais besoin de commencer à gagner des sous, je n’avais jamais enseigné mais j’ai accepté et je me suis lancé. Ça m’a tout de suite plu et je n’ai jamais arrêté d’enseigner depuis. J’ai appris ce métier sur le tas. J’ai enseigné dans toutes sortes de structures et j’ai fini par me fixer au conservatoire où je suis titulaire à temps plein depuis 2011.
DJ : Quelles sont tes préceptes et comment envisages-tu l’enseignement de la musique de jazz au sens large.
RN : Je commencerai par te dire que pour moi, la pédagogie est un domaine qui doit être régulièrement remis en question. Ne pas reproduire inlassablement la même chose sans s’interroger de temps en temps sur la manière de faire, l’utilité etc.. Les outils pédagogiques sont nombreux et doivent servir à s’adapter en fonction des différents types d’élèves. J’interroge régulièrement mes collègues pédagogues pour savoir ce qui se fait ailleurs, ou savoir comment ils abordent tel ou tel sujet afin de m’enrichir de leur expérience. Parfois ça me conforte dans ma manière de faire, parfois cela m’apporte de nouveaux outils que je suis heureux de tester avec mes élèves.
Dans ma pratique à proprement parler , j’essaie de former des musiciens autonomes et non d’éternels élèves. Mon but, c’est qu’ils puissent se débrouiller sans moi et prendre du plaisir à jouer en groupe, au moins dans une pratique amateur . Qu’ils soient assez autonomes pour aller chercher les réponses qui leur manquent, par eux-mêmes une fois sortis du conservatoire.
Je suis attaché à un enseignement à la fois exigeant et détendu. On travaille dans la joie et la bonne humeur mais je n’enseigne pas juste pour faire un vague loisir. Je reste exigeant sur l’apprentissage et j’essaie toujours de tirer le meilleur du potentiel de chaque élève. J’insiste pour que mes élèves jouent en groupe le plus tôt possible et j’utilise leur répertoire d’atelier comme outil pédagogique. Ainsi ils font le lien direct entre le cours individuel et la pratique collective.
Enfin, en tant que prof, mon challenge personnel est d’être compris dès la première explication, d’être toujours le plus clair possible. Il y a toujours certains sujets pour lesquels je continue année après année à chercher LA formule parfaite, la plus simple et efficace, je teste et je vois le résultat sur les élèves. Pas toujours évident , mais il y a une dimension recherche/expérimentation dans la pédagogie que je trouve intéressante.
DJ : Quels sont tes projets musicaux et pédagogiques.
RN : Depuis 2011, ma carrière scénique se déroule davantage dans les musiques actuelles que dans le jazz. J’ai accompagné Corneille entre 2011 et 2014 et depuis 2014 j’accompagne Ben Mazué. Nous sommes actuellement dans une grosse tournée de plus de 80 dates qui nous amènera l’année prochaine à faire plusieurs Zenith. J’ai aussi accompagné de manière ponctuelle tout un tas d’autres chanteurs : Marina Kaye, Ben Oncle Soul, Gael Faye , Yseult etc.
A côté de ça, j’ai aussi mon propre projet qui s’appelle « Panam Panic ». C’est un groupe de Jazz groove avec une équipe de jeunes musiciens extrêmement talentueux. Le troisième album vient de sortir, il s’appelle « Love of Humanity » et ça se passe plutôt bien. L’album a reçu un franc soutien de la presse et du public. J’en suis ravi. Il va y avoir quelques dates de concerts dans les mois à venir.
Concernant la pédagogie. je suis Professeur d’Enseignement Artistique (PEA ) Jazz à temps plein au conservatoire de Chelles en Seine et Marne. Je dispense des cours de piano jazz , Fm Jazz, Ateliers Jazz et je coordonne le département Jazz et musiques actuelles.
DJ : Merci beaucoup Robin pour ce témoignage ! Bonne route à toi et à « Panam Panic » et à très vite !