Christophe Davot, guitariste, banjoïste et vocaliste de grand talent, répond aux questions de Docteur Jazz, et nous présente son projet « Paris Gadjo Club ».
DJ : Bonjour Christophe, peux-tu te présenter ?
CD : Je suis guitariste, banjoïste, chanteur, interprète, arrangeur, compositeur et preneur de son.
DJ : Quelles sont tes principales influences ?
CD : Grâce à mes parents et frères et sœurs j’ai eu la chance de baigner dans différents univers de bonne musique depuis ma plus tendre enfance. Cela va de la musique classique jouée par ma mère pianiste (1er prix de conservatoire), aux musiques jazz, folk, pop, la chanson francophone bien-sûr et la musique latine entre autres styles. En ce qui concerne plus précisément le jazz, c’est mon oncle guitariste Anglais Tony Male qui m’a transmis le virus de Django Reinhardt quand j’avais 13-14 ans . Il était lui même un excellent guitariste ami de Joe Pass, capable de jouer à la note les solos du géant manouche. J’aime autant vous dire que ça marque au fer rouge la mémoire d’un ado et ça a orienté mes choix par la suite.
Une fois la boîte de Pandore ouverte, je me suis abreuvé dans le puits sans fond du Jazz où j’ai découvert d’autres guitaristes tels que Charlie Christian, John Smith, Al Casey, Oscar Moore, Eddie Durham, Eddie Lang, Bernard Addison, Joe Pass, Kenny Burrel, Herb Ellis, Wes Montgomery, Grant Green, George Benson etc… Venant du chant choral, j’ai adoré les groupes vocaux tels que les Mills Brothers, Delta Rhythm Boys, Golden Gate quartet … Puis tous ces disques magiques avec les solistes géniaux : Louis Armstrong, Errol Garner, Art Tatum, Fats Waller, Sidney Bechet, Coleman Hawkins, Lester Young… les grands orchestres du Count, du Duke, de Henri Red Allen entre 1926 et 1936. Que de merveilles qui vous teintent à jamais !!!! Sans oublier les chanteuses et chanteurs, Ella Fitzgerald, Billie Holyday, Dinah Washigton, Joe Williams et over all, le dieu Nat King Cole. Le trio de Nat King Cole est également une découverte très marquante de mon adolescence. L’équilibre sonore parfait des 3 musiciens, le swing extrêmement raffiné et l’élégance musicale de cet ensemble sont encore une source d’influence intarissable. Celui qui trône au dessus c’est Django et son lyrisme incomparable. Je crois avoir un naturel très curieux et très ouvert car je ne me lasse toujours pas de découvrir des musiciens fabuleux toutes générations confondues. Antoine Boyer ou Emmet Cohen récemment par exemple. Je suis également en admiration devant beaucoup d’amis et collègues musiciens français de ma sphère dont je tairai le nom pour ne pas en oublier ou faire des jaloux (😉). Je trouve qu’il y a en France un vivier de super-musiciens très inspirés et émouvants auxquels les programmateurs d’évènements musicaux devraient s’intéresser beaucoup plus .
Mais c’est un autre sujet n’est-il pas ?
DJ : Quels sont ton meilleur et ton pire souvenir de musicien ?
CD : Mon meilleur souvenir c’est ce moment passé en duo à jouer Tea For Two avec Stéphane Grappelli (verse theme et impro) dans une loge du Théâtre de St Germain en Laye une heure avant un concert pour le Variety Club de France pendant que les membres de l’orchestre étaient au restaurant . On peut dire sans jeu de mots que j’étais sur un nuage 🙂
Je n’ai pas vraiment de mauvais souvenirs ou peut-être que mon inconscient les envoie aux oubliettes. Comme le dirait l’ami contrebassiste Gilles Chevaucherie, globalement il y des bons moments et des fichus quarts d’heures, en revanche je peux mentionner une déception de jeunesse quand j’ai démarré comme musicien professionnel.
Je jouais essentiellement avec des musiciens plus âgés et expérimentés que moi. J’espérais secrètement un parrainage de ces aînés que j’admirais pour me guider musicalement et j’ai très vite compris qu’il faudrait tout apprendre sur le tas, par moi-même à quelques rares exceptions près qui ont su deviner mes attentes (Roger Guérin, Marc Fosset, Luigi Trussardi…) .
DJ : Un mot ou une phrase pour définir le jazz selon toi ?
CD : Terrain de jeu où l’esprit collectif prédomine.
DJ : Si tu étais un standard de jazz ?
CD : Goodbye (Gordon Jenkins 1935) la version la plus ancienne de Benny Goodman.
DJ : Quelle est ton actualité et quels sont tes projets ?
CD : j’ai créé il y a quelques années un groupe qui s’appelle Paris-Gadjo-Club , dans lequel je joue de la guitare aux côtés de Pierre-Louis Cas à la clarinette, un certain Stan Laferrière et Éric Fournier aux guitares, ainsi que Laurent Vanhée à la contrebasse.
Deux albums du groupe sont parus chez Frémeaux&Associés .
Le premier préfacé par Hamilton de Holanda en 2018 :
CAFÉ DU BRÉSIL “swinging the choro », et le deuxième qui vient de sortir en avril 2021, préfacé par João Donato :
CAFÉ DU BRÉSIL II “Sambou Sambou”
Le 31 mai prochain Paris Gadjo Club sera en direct Live sur TSFJAZZ dans l’émission DELI Express de Jean-Charles Doukhan de 12h00 a 13h00 pour présenter l’album.
Prochain concert à Paris le 4 juin prochain à 19h00 sur le parvis de la mairie du XIème arrondissement dans le cadre du festival Onze Bouge .
Je fais le vœux que tous les musiciens de jazz puissent reprendre très vite la route des concerts et de la musique vivante dans de bonnes conditions de travail…
DJ : Merci Christophe ! Alors on te souhaite, ainsi qu’à tous les musiciens, une très bonne reprise !…