De Basin Street à Saint-Germain-Des-Prés: suite originale sur l’histoire du jazz. épisode 9
THE MOON DRIVES ME LOON (J.A.T.P./Californie 1944)
Pourquoi donc Coleman Hawkins, gentleman à l’allure fière, hérita-t-il du surnom de « Bean » ? Grand seigneur à tendance despotique, musicien érudit et curieux, en permanente évolution artistique, tel est ce novateur qui a donné ses titres de noblesse au saxophone ténor. Très attaché à son indépendance, Hawkins aimait bouger, se remettre en cause. C’est sans doute pourquoi il changea si souvent de contexte musical. Seul Fletcher Henderson parvint à le retenir quelques années dans son orchestre. Le reste de sa vie fut consacré aux voyages et à de multiples partenariats musicaux souvent couronnés de succès mais toujours brefs. Difficile de suivre son parcours musical. Depuis les années 20 chez Fletcher, où il invente quasiment le saxophone, jusqu’aux années 50 où on le retrouve, parfaitement à son aise, aux côtés de Thelonious Monk ! Une telle faculté d’évolution est rare chez les jazzmen. Entre ces deux extrêmes se situe, en 1939, son chef-d’œuvre absolu « Body and soul » : négligeant la mélodie pourtant superbe de cette ballade, l’inspiration d’Hawkins n’est guidée que par la riche trame harmonique du thème. THE MOON DRIVES ME LOON est une évocation de cette pièce d’anthologie.
Enregistré « live » en 1996 à l’Automobile club de France, par Bruno Minisini.
Nicolas Montier (Saxe ténor)
Philippe Milanta (Piano)
Pierre Maingourd (Contrebasse)
Stan Laferrière (Batterie)
Composé et arrangé par Stan Laferrière
Pictogramme : Philippe Du Peuty
Cover graphic design : Béatrice Lambrechts